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Pour un Noël plus écolo

Dina Darwich , Mercredi, 04 janvier 2023

Sapin artificiel, guirlandes, décorations en plastique, emballages, gaspillage … Noël ne rime pas toujours avec écologie. Et pourtant, il est tout à fait possible de garder le côté festif et magique de Noël tout en respectant l’environnement. Et certains s’y sont déjà mis. Focus.

Pour un Noël plus écolo
Recyclage et redirection, deux mots d’ordre pour célébrer nos fêtes tout en respectant l’environnement.

Le nouvel an, noël, sa déco et son ambiance si particulière. Dans beaucoup de foyers, c’est l’heure des plats chauds sur les tables des grands-mères, des châtaignes grillées sur les cheminées, des sons de cloches et de la musique festive, des couleurs des décorations, des guirlandes et des lumières sur le sapin de Noël. Et tandis qu’on s’adonne aux rituels de célébration, chacun à sa manière, il est impossible de ne pas penser à l’impact de cette période festive sur l’environnement. Certains groupes verts accusent les saisons de fêtes d’être « la plus grande catastrophe environnementale annuelle au monde ». Peu importe comment et pendant combien de temps elles sont célébrées, ces fêtes sont souvent étroitement liées à la consommation. Des recherches menées par l’Institut de l’environnement de Stockholm ont révélé que seuls trois jours de célébrations de Noël peuvent libérer jusqu’à 650 kg d’émissions de dioxyde de carbone par personne.

Mais pourquoi ce chiffre choquant ? D’où viennent ces émissions ? Des tonnes de déchets non recyclables, du papier d’emballage et des cartes de voeux gaspillées, des restes de nourriture, des sacs à provisions, des rubans, des guirlandes, des lumières et des arbres en plastique. Sans oublier les jouets, piles et cadeaux. De plus, il y a le carburant dépensé pour les déplacements, les voyages, les vacances ou pour livrer des cadeaux aux portes des consommateurs. C’est surtout le cas en Europe où Noël est la plus importante fête de l’année. Si en Egypte, il n’est célébré ni par tout le monde ni avec autant de faste, l’image n’est pas non plus reluisante. « Nous avons aussi nos fêtes et leur lot de surconsommation, et leur atteinte à l’environnement. Par exemple, le sacrifice de l’Aïd, dans les rues, est une infraction écologique majeure. Il est donc temps de sonner l’alarme et faire un arrêt afin de réviser nos attitudes concernant les festivités », assure Mohamed Talal, activiste dans le domaine de la protection de l’environnement.

Objectif : Zéro déchet

Mais pourquoi le côté écologique est-il quasiment absent dans nos traditions de célébrations, alors que la sensibilisation au vert est aujourd’hui une priorité ? Pourquoi ne pas consommer moins mais mieux et donner plus d’importance au recyclage et au DIY (Do It Yourself) ?

Et entre le marteau des effets écologiques néfastes et l’enclume de l’inflation, plusieurs initiatives ont été prises pour faire la fête d’une manière qui tienne compte des risques environnementaux, sans consommation excessive, en privilégiant le recyclage, la redirection et la recherche de solutions à faible empreinte carbone. C’est le cas de Rania Nassim, dont la maison se transforme en un petit atelier quelques jours avant la fête. Elle est dans une course contre la montre pour fabriquer les cadeaux et les guirlandes de Noël. Des bouteilles en plastique, des pièces d’étoffes et d’autres déchets ménagers sont les matières premières qu’elle utilise pour créer des cadeaux originaux à un prix abordable qui ne manquent pas de goût et d’originalité. C’est sa propre touche qui fait la différence entre ses articles et ceux que l’on retrouve sur le marché : flocons de neige, couronne de Noël, bannière de guirlande … L’objectif est d’atteindre zéro déchet. « J’utilise des matériaux disponibles dans la fabrication des cadeaux, notamment des bouteilles en plastique, du carton, des troncs d’arbres, des tasses, des épis de blé, de la toile de jute, ainsi que du tricot, etc. », explique Rania, pédagogue qui prépare une thèse de magistère sur l’apprentissage à travers l’art, surtout pour les enfants autistes. « J’ai fait le tour de 16 écoles publiques, plusieurs palais de culture et des universités pour transmettre mon savoir-faire gratuitement. J’ai choisi les écoles publiques car les activités artistiques sont quasiment absentes. Et lors de ma dernière tournée, c’était le Ramadan, j’ai appris aux élèves comment fabriquer les lanternes avec une tasse en plastique, ou la charrette de fèves à travers les boîtes de poissons », ajoute Rania, qui se vante du fait que son fils est le premier messaharati copte, alors qu’il est Papa Noël le 7 janvier.

Autre initiative. Celle de Marianne Akoury qui aspire à réduire le taux de la pollution résultant du débarras quotidien de grandes quantités de papier par le recyclage et la production des peintures, des décorations et des statues. « L’idée a germé dans mon esprit quand je passais mes études ailleurs. C’était Noël, je n’avais ni les moyens pour animer la soirée, ni de l’argent pour offrir des cadeaux à mes amies. J’avais seulement du papier. J’ai zappé sur le Net pour avoir des idées afin de fabriquer des objets par le recyclage. Surprise, les cadeaux que j’avais fabriqués ont eu du succès, plus que même ceux achetés à des prix exorbitants », affirme Marianne, diplômée de commerce en français et qui a passé sa thèse de magistère en Italie. De retour en Egypte, la pandémie avait ses répercussions sur les conditions économiques. « Je n’ai pas trouvé de travail, j’ai donc décidé de profiter de cette expérience acquise en attendant de trouver un emploi. Avec seulement 100 livres, j’ai lancé mon projet de recyclage de papiers usagés, et j’ai acheté des outils simples comme des ciseaux et des cordes », avance Marianne. « Nous jetons quotidiennement une grosse quantité de papiers, donc avoir recours au papier recyclé est important, d’autant plus que nous devons préserver les arbres », confie Marianne qui a fait la décoration de ses noces avec des produits recyclés pour réduire les frais.

Sensibilisation et initiatives

Les initiatives de Rania et Marianne sont certes individuelles, mais elles vont de pair avec une tendance générale encouragée par le ministère de l’Environnement. L’année dernière, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation, une équipe de jeunes a présenté un nouveau design pour un sapin de Noël 100 % vert, fabriqué de composants écologiques issus des déchets ménagers, tels que le papier, les journaux, les cartons à oeufs, les boîtes en aluminium, etc., et ce, en le décorant avec de la cellophane et de branches d’arbres. Le résultat est un beau sapin sans guirlandes jetables et beaucoup plus économique. Car le coût d’un sapin et de sa décoration peut aujourd’hui atteindre les 1 000 L.E., d’autant plus que les sapins et les guirlandes sont la plupart du temps importés.

Aussi, le ministère de l’Environnement a déclaré, dans un communiqué publié au quotidien Al-Youm Al-Sabie, que cela s’inscrit dans le cadre de la volonté des équipes de sensibilisation du ministère de sensibiliser toutes les tranches de la société à l’importance de recycler les déchets en papier, en carton et en plastique afin de maximiser leur utilisation.

Plus généralement, il s’agit de conscientiser quant au concept de recyclage comme l’un des moyens de préserver l’environnement. Il reste quelques simples conseils pour que Noël soit une occasion propice au retour à tout ce qui est naturel. « Le sapin de Noël artificiel est déconseillé. Ce sapin est produit avec du plastique, du pétrole et autres matières non renouvelables. On peut donc le cultiver chez soi dans un pot ou dans le jardin quelques jours avant la fête », conclut Bichoy, un activiste dans le domaine de la protection de l’environnement.

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