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L’université pensée autrement

Dina Bakr , Mercredi, 17 août 2022

Près de 500 000 nouveaux bacheliers s’attèlent actuellement à choisir l’université qu’ils vont intégrer. En plus des branches traditionnelles, de nouvelles filières prolifèrent avec la promesse d’une plus facile intégration au marché du travail. Focus.

L’université pensée autrement
La variété de choix entre les filières universitaires a conduit à la création de la Foire Edu Gate.

«  J’ai dû attendre une année sans m’inscrire à l’université car je voulais rejoindre la nouvelle filière de Fashion Design (mode) dans une des universités de la Nouvelle Capitale administrative », explique Shahd Ismaïl, 19 ans. Il lui a fallu du temps et beaucoup de recherches avant de choisir la spécialité qu’elle préfère. Elle a appris que l’université où elle s’est inscrite est classée parmi les 10 meilleures à travers le monde d’après une étude effectuée en 2019. La mode étant en plein essor, elle veut apprendre comment gérer les évènements, planifier un projet, photographier et dessiner n’importe quel modèle sur ordinateur. « L’université accorde un grand intérêt à cette branche car elle veut atteindre l’excellence. J’ai donc l’opportunité d’apprendre tous les outils nécessaires pour intégrer rapidement le marché du travail », ajoute Shahd.

Durant l’année sabbatique, elle s’est préparée à son entrée à l’université en suivant des stages de formation de 3 mois à Fashion Studio Cairo pour se perfectionner en dessin et apprendre à faire des ébauches de croquis mode et du coloriage. Résultat : Huduum by Shahd Ismaïl (huduum signifie vêtements) a fait son apparition sur Instagram depuis quelques jours. « J’ai commencé à créer du prêt-à-porter, des vêtements d’été, confortables et convenant aux filles non-voilées », dit-elle.

Avoir une formation compatible avec le marché du travail est devenu une tendance dans toutes les universités publiques, non-gouvernementales et privées. D’après Adel Abdel-Ghaffar, porte-parole du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l’Etat égyptien a ouvert plusieurs établissements d’enseignement supérieur prestigieux et créé de nouvelles filières dans les universités publiques, l’Université technologique et 6 branches d’études dans les universités étrangères qui existent dans la Nouvelle Capitale administrative. Il y a aussi des universités non-gouvernementales qui ont ouvert leurs portes à Al-Galala comme Al-Alamein Al-Dawliya, Salman et Al-Mansoura Al-Guédida. Il ajoute qu’actuellement, 12 universités non-gouvernementales sont issues des universités publiques. « Il s’agit de nouvelles filières adaptées aux besoins du marché du travail local, régional et international. En fait, la courbe des emplois traditionnels descend progressivement et les nouveaux métiers sont en augmentation. Plusieurs universités publiques ont renforcé leurs branches par des spécialités qui sont de plus en plus sollicités », commente Abdel-Ghaffar.

Plusieurs exemples sont à citer comme la santé générale dans le secteur médical, la mécatronique dans l’ingénierie, l’intelligence artificielle au niveau de l’informatique et la comptabilité et les médias numériques à la faculté de communication de masse. De nouvelles opportunités qui n’existaient pas avant pour les bacheliers des branches scientifiques ou littéraires.

Le nouveau système des filières ne demande pas d’avoir des notes élevées dans toutes les matières déjà étudiées pour le baccalauréat, surtout dans les universités non-gouvernementales ou privées. « Les étudiants doivent passer des examens d’admission dans les matières qui les intéressent. Nous cherchons un élève doué dans la spécialité qu’il a choisie pour qu’il puisse accomplir jusqu’au bout ses études. En plus, il existe un autre examen de pensée critique, analyse et vision des choses », déclare Yéhia Abou-Khatwa, directeur de marketing à l’Université Al-Galala.

Des plateformes pour faire son choix

La diversité des études a conduit à une concurrence accrue entre les universités. Alors, il a fallu avoir des références qui aident à connaître les caractéristiques de chaque université pour donner l’opportunité aux étudiants de choisir la branche d’étude qui les intéresse. Edu Gate (porte de l’éducation) est une société égyptienne qui travaille sous les auspices des ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur et qui joue un rôle important dans le processus de choix des milliers d’étudiants depuis 4 ans. Cette société organise sa foire 2 fois par an, une au mois de mars et une autre en août après les résultats du baccalauréat. « Il s’agit de réunir une soixantaine d’universités dans une foire, car il est impossible de se déplacer de l’est à l’ouest de la ville pour avoir une idée des caractéristiques de l’enseignement et faire la comparaison afin que l’étudiant puisse choisir la filière qui lui convient », explique Ahmad Tantawi, directeur exécutif à Edu Gate. Le nombre moyen des visiteurs de cette foire, qui dure 3 jours, s’élève à 15000 entre élèves et parents.

Autre moyen pour faire son choix, Le Guide des universités, un livret en papier et PDF. Il est publié par une école à Alexandrie. Les parents des bacheliers font circuler sur WhatsApp cette publication de 91 pages, car elle énumère toutes les filières des différentes universités en Egypte. « Je voulais devenir pharmacienne, j’ai choisi l’Université chinoise à Guesr Al-Soweiss. Son enseignement est basé sur les méthodes médicinales et à base de plantes. En plus, l’université offre des bourses », explique Elvira Atef, bachelière ayant obtenu un pourcentage de 79%. Elle pourra suivre des stages d’entraînement dans les pharmacies et les hôpitaux, alors le fait de maîtriser les règles du jeu est une bonne chose avant la fin des études. De nouvelles filières électroniques qui peuvent créer des emplois qualifiés et qui attirent de plus en plus d’étudiants étrangers. Edress Fi Masr (étudie en Egypte) est une initiative présidentielle qui encourage les étudiants étrangers à venir étudier en Egypte. Cette initiative est soutenue par la variété de filières qui existent déjà dans les différentes institutions éducatives du pays.


Le développement des branches d’études aide à choisir plus tôt l’offre d’emploi qui correspond.

Reda Darwich, Syrien, a choisi d’étudier l’informatique pour devenir créateur de jeux vidéo. « Je pense que ce domaine m’aidera à avoir un meilleur emploi à l’avenir, car plusieurs entreprises ont recours à la création d’un contenu sous forme de jeu électronique pour envoyer un tel message. Cela permet de recruter des développeurs de jeux qui sont nécessaires pour les produits à venir. Après avoir obtenu mon diplôme, je désire créer ma propre entreprise technologique et offrir des solutions aux problèmes éducatifs », souligne Reda.

Bien plus que des études universitaires

Dans ce contexte, Hadia Hamdi, vice-présidente d’une université privée, dit que les programmes des nouvelles filières de l’avenir sont adaptés et permettent aux étudiants de réaliser leur potentiel en créant des emplois pour eux-mêmes et pour les autres. « L’entrepreneuriat est devenu le principal facteur-clé de la réussite dans les différentes études et il ne faut pas en négliger l’importance », détermine-t-elle. Les nouvelles spécialités jouent un rôle quant au triage des choix et aident les étudiants à mieux travailler sur leurs rêves. « Je veux travailler dans une entreprise de voitures électriques comme Tesla », déclare Fahad Umaru, un Nigérien qui étudie l’ingénierie en énergie durable dans une université privée. Il ajoute que son intérêt pour l’énergie durable a toujours été l’objectif à atteindre, il sait que le monde doit faire évoluer ses besoins énergétiques et c’est la raison pour laquelle il s’est engagé dans ce domaine. Il souhaite créer des projets d’énergies propres et efficaces.

Récemment, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a créé un nouveau poste de vice-président d’université pour innovation et emploi. « Ce poste existe dans les universités non-gouvernementales pour adapter les programmes d’enseignement avec les offres d’emploi disponibles sur le marché du travail et faire des rencontres qui rassemblent les universités avec les usines et les entreprises pour l’entraînement des jeunes et le recrutement des étudiants promus », conclut Adel Abdel-Ghaffar.

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