Hamdi Zaqzouq, l’ancien ministre des Waqfs (biens religieux), était dérangé par les voix des muezzins qui se chevauchaient et qui n’étaient pas toujours à la hauteur de cette mission. Le ministère des Waqfs a voulu donc organiser l’adhan en lançant l’appel unifié à la prière. C’est-à-dire faire en sorte qu’une seule voix diffuse l’adhan dans toutes les mosquées en Egypte. Mais cette idée n’a pas été appliquée à cause de la Révolution de 2011.
Il y a 3 ans, le ministère des Waqfs a relancé cet ancien projet en installant 4 600 récepteurs au niveau des mosquées au Caire, à Guiza et à Qalioubiya. Ces récepteurs sont reliés à un studio radiophonique central permettant de diffuser l’appel à la prière d’un cheikh, choisi pour la qualité de sa voix. « L’appel unique est appliqué dans les mosquées d’Al-Hussein, d’Al-Azhar, d’Al-Nour, d’Al-Sayeda Nafissa et d’Al- Sayeda Zeinab. Cette nouvelle technique permet de répéter l’adhan avec la même voix aux moments des cinq prières quotidiennes », indique un responsable du ministère des Waqfs.
Dans ce contexte, le ministère des Waqfs cherche des muezzins doués. Et c’est à travers un comité de spécialistes qu’on choisit les plus belles voix. Ce comité se réunit lors des occasions religieuses comme le Mouled ou le Ramadan et a pour mission de désigner les récitateurs du Coran, les muezzins et les interprètes de chants religieux. « Ce comité envoie ensuite les cheikhs s’exercer à la radio afin d’obtenir l’autorisation de réciter le Coran, de chanter des hymnes religieux et de faire l’appel à la prière sur les ondes », souligne Hassan Soliman, ex-président de la station de radio d’Al-Qorän Al-Karim. Parmi les 300 muezzins, qui se sont présentés dernièrement, une dizaine a été choisie pour faire l’appel unifié à la prière à l’exemple de Abdel-Nasser Harak et Mahmoud Al- Toukhi. « J’ai été sélectionné pour lancer l’adhan unifié, car j’ai utilisé une échelle de maqam différente des autres cheikhs. Les cheikhs actuels sont habitués à faire l’appel à la prière en suivant l’échelle rasd et sika. Quant à moi, je me suis inspiré du cheikh Mahmoud Ramadan (1929-1980) qui utilisait le korde et le bayati », explique Abdel-Nasser Harak, cheikh et muezzin.
Il ajoute qu’il a appris des anciens comment passer d’une échelle à une autre avec facilité et comment prononcer correctement les lettres. « Le muezzin doit faire la distinction entre les différents appels à la prière. A l’aube, par exemple, la voix du muezzin doit inciter les gens à se réveiller tandis qu’à l’ichaa (prière du soir), qui est la dernière prière de la journée, la voix doit combiner détente et relaxation », souligne Harak. L’adhan unifié a révélé l’importance d’avoir recours à des spécialistes d’Al-Azhar qui sont conscients des objectifs de l’adhan, car il ne s’agit pas d’un simple appel à la prière, c’est aussi un rappel de l’unicité d’Allah. Le muezzin doit assimiler ces valeurs et les transmettre à travers sa voix.
Lien court: