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Les multiples visages de la femme africaine

Sabah Sabet , Mercredi, 03 août 2022

L’Afrique a célébré le 31 juillet la Journée internationale de la femme africaine. L’occasion pour mettre en avant les acquis et les défis de la gente féminine.

Les multiples visages de la femme africaine
Le Rwanda compte le plus grand nombre de femmes au parlement.

Cheffe d’état, parlementaire, militante, entrepreneuse, les femmes africaines ont pu réaliser des progrès significatifs dans de nombreux domaines. Pourtant, ce n’est pas le cas de la majorité d’entre elles. La 58e Journée Internationale de la Femme Africaine (JIFA), célébrée chaque année le 31 juillet, intervient cette année au moment où des organisations internationales tirent la sonnette d’alarme : les femmes sont les premières victimes de la crise climatique. Selon les Nations-Unies, 70 % des femmes africaines sont exposées aux effets néfastes des changements climatiques. La sécheresse, la désertification et les inondations dues au changement climatique ont privé des milliers de femmes de leurs emplois dans le domaine agricole, ce qui a grandement menacé leur sécurité alimentaire.

Selon les chiffres de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les femmes africaines représentent jusqu’à 52 % de la population totale dans le secteur agricole et elles sont responsables d’environ 50 % du travail dans les exploitations agricoles de l’Afrique subsaharienne. Selon les recherches des Nations-Unies, les femmes et les filles sont les plus touchées et meurent en plus grand nombre lors de catastrophes naturelles. En Ouganda, par exemple, et selon un article de l’agence de presse Inter Press Service, spécialisée dans le développement, la perte de bétail, les mauvaises récoltes et l’insécurité alimentaire dues à des sécheresses extrêmes et à l’invasion de criquets augmentaient le nombre d’abandons scolaires, renforçaient la pratique du travail forcé chez les filles et augmentaient le phénomène du « mariage denfants en échange de nourriture ».

Bien que les femmes rurales jouent un rôleclé dans le processus de conservation de l’agrobiodiversité, elles restent sous-représentées dans la prise de décision. Par exemple, elles ont un accès limité aux ressources nécessaires pour la production et la subsistance agricole, et sont souvent les dernières à manger quand il manque de la nourriture. Les hommes sont généralement les dirigeants des processus de prise de décision associés à l’action pour le climat. « Linégalité des sexes qui présente lun des grands défis affrontant la femme se voit bien claire dans le secteur agricole. La femme affronte tant de problèmes, surtout dans laffaire de possession des terres agricoles. Dans certains pays, elles nont pas le droit de posséder de terre agricole », explique Aamena Fayed, chercheuse au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, en assurant que même les fonds présentés par les organisations internationales au développement sont consacrés plus aux travaux liés à l’homme.


Les femmes africaines représentent jusqu’à 52 % de la population totale dans le secteur agricole.

En se trouvant seule sans source de revenus, sans mari ou père, la femme ou la fille africaines sont devenues une proie facile aux groupes armés, surtout dans la région du Sahel où les groupes terroristes pullulent. « Pour garantir la sécurité alimentaire à leurs enfants, plusieurs femmes ont porté les armes et rejoint les groupes armés comme Daech et Boko Haram », explique Aamena Fayed, soulignant « la nécessité de donner plus de priorité à l’éducation des filles et de fournir des programmes de formation pour les femmes, afin quelles puissent pénétrer dautres domaines de travail pour faire face à ce phénomène. Le soutien aux femmes dans les domaines de l’éducation et de la santé et leur engagement à tous les niveaux de laction pour le climat et la gouvernance sont indispensables pour réaliser un vrai développement, qui aura un impact positif sur toute la société africaine ».

Progrès réalisés

Dans l’autre sens, la femme africaine a prouvé ses compétences dans plusieurs domaines. « Bien quil reste encore beaucoup à faire pour atteindre l’égalité des sexes, les femmes africaines ont réalisé des progrès notables dans certains pays. Les femmes autonomisées sont les moins exposées aux conflits », explique Amira Shawki, professeure à la faculté des études supérieures africaines de l’Université du Caire. Et d’ajouter : « Selon des estimations, les pertes économiques causées par la marginalisation de la femme et linégalité des sexes en Afrique ont atteint 2,5 trillions de dollars ». Par contre, Amira Shawki pense que la femme africaine a réussi à pénétrer dans de nouveaux marchés du travail, notamment la transformation énergétique. Au Liberia, les femmes sont formées dans le domaine de l’énergie solaire et au Mali sur les nouvelles technologies agricoles, deux champs qui peuvent fournir des milliers d’emplois, surtout à la femme. « Selon lagenda de lUnion africaine 2030, la femme jouera un rôle essentiel dans le développement durable du continent ».

En ce qui concerne l’action politique et la prise de décision, les données de l’Onu pour 2021 montrent la croissance de la position de la femme : le Rwanda, par exemple, compte le plus grand nombre de femmes au parlement (61 %), l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe ont la plus forte représentation de femmes au parlement en Afrique subsaharienne, avec32 % en décembre 2020, contre une moyenne mondiale de 24,5 %. En outre, les présidentes de l’Ethiopie et de la Tanzanie, Sahle-Work Zewde et Samia Suluhu Hassan, la première ministre togolaise, Victoire Tomégah-Dogbé, la vice-présidente du Bénin, Mariam Chabi Talata, et son homologue ougandaise, Jessica Alupo, la patronne de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, figurent parmi les femmes politiques les plus connues sur le continent. « Aux Comores, la femme a obtenu 20 % des postes ministériels, en Egypte, le nombre de femmes accédant à des postes au gouvernement augmente de plus en plus. De nouveaux postes ont été ouverts pour la première fois à la femme comme celui de gouverneur, vice-président de la Banque Centrale et juge », conclut Amira Shawki .

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