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Des Cages vides, le roman de l’année

Lamiaa Alsadaty , Mercredi, 14 décembre 2022

Le prix littéraire Naguib Mahfouz, attribué depuis 25 ans par l’Université américaine du Caire, vient d’être décerné à l’écrivaine et poète égyptienne Fatma Qandil. Il récompense son premier roman Aqfas Farigha (Des Cages vides), un récit personnel et très poignant.

Des Cages vides, le roman de l’année
Remise du prix Mahfouz à l’écrivaine Fatma Qandil, dimanche dernier.

«  Je suis reconnaissante à Naguib Mahfouz qui a enfin donné suite à mon message, envoyé il y a longtemps. Je lui avais écrit une lettre, alors que j’avais seize ans. A l’époque, toutes les filles raffolaient de Hussein Fahmi, la star du film Fais attention à Zouzou, et moi, j’ai avoué à Mahfouz qu’il était mon prince charmant à moi. Il n’a pas répondu à l’adolescente que j’étais. Je suppose qu’il ait attendu pour s’assurer que j’étais suffisamment sérieuse, et maintenant il a finalement accepté que nos noms soient liés ». C’est par ces paroles touchantes que l’écrivaine et universitaire Fatma Qandil a fait part de sa grande joie de recevoir le prix Mahfouz, le Nobel égyptien qui a littéralement changé sa vie.

Qandil a par la suite expliqué que son premier roman Aqfas Farigha (Des Cages vides, éditions Kotob Khan) fait écho à plusieurs personnages de Mahfouz tels Nafissa dans Bidaya wa Nihaya (Vienne la nuit), Zohra dans Miramar et d’autres protagonistes de sa fameuse trilogie. « L’une des nombreuses leçons que j’ai apprises de Mahfouz est la capacité de voir les gens comme ils sont et non pas comme ils devraient être », a-t-elle souligné durant la cérémonie de remise du prix, dimanche dernier à l’ancien campus de l’Université américaine du Caire.

Fêter l’anniversaire du maître

Le prix lui a été attribué par le professeur Ahmad Dallal, président de l’université, ainsi que par les membres du jury pour l’année 2022 : Shereen Aboulnaga (professeure de littérature anglaise), Thaer Deeb (traducteur et critique), Adam Talib (professeur associé de littérature arabe classique à l’Université américaine), Hussein Hamouda (professeur au département d’arabe à l’Université du Caire) et Dina Heshmat (professeure adjointe au département des civilisations arabe et islamique, à l’AUC).

L’écrivaine a ainsi reçu une médaille d’argent, une somme de 5000 dollars, mais surtout son oeuvre sera traduite vers l’anglais, sous l’étiquette de fiction Hoopoe de l’AUC Press.

La remise du prix Mahfouz, créé en 1996, se déroule le 11 décembre, jour de l’anniversaire du Nobel égyptien né en 1911, et ce, pour récompenser le meilleur roman de l’année publié en langue arabe. L’oeuvre de Fatma Qandil a été donc choisie parmi 153 romans de par le monde arabe. Le jury l’a décrite comme « une représentation, honnête et sans faille des relations de violence, au sein d’une famille égyptienne de la classe moyenne ordinaire ». Et d’ajouter: « La frontière entre la fiction et la biographie des individus et des communautés se dissout aussi bien que les frontières entre la rhétorique et la représentation (…) L’auteure est poète après tout. A travers son écriture en prose, riche et dense, nous apercevons des vérités poignantes, allant de l’espoir à la déception (…) de la douleur au plaisir de la découverte ».

Fatma Qandil est écrivaine, poète, traductrice et universitaire, née en 1958. Elle est professeure émérite de critique contemporaine, au département d’arabe à l’Université de Hélouan et rédactrice en chef ajointe de la revue littéraire Fossoul. Elle a publié de nombreux recueils de poésie, des oeuvres de critique littéraire et des traductions en arabe. Ses oeuvres ont été traduites vers de nombreuses langues étrangères.

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