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Dr Abdel-Gawad Hashem : Les virus perdent de leur virulence avec le temps

May Atta , Mardi, 15 février 2022

Que signifie l’apparition de nouveaux variants du Covid-19? Est-ce plus dangereux ou, au contraire, une bonne nouvelle? Explications avec Dr Abdel-Gawad Hashem, ancien chef du service Microbiologie à la faculté de pharmacie de l’Université du Caire.

Dr Abdel-Gawad

Al-Ahram Hebdo : Début février, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est dit «  très inquiète » de l’augmentation des décès dus au coronavirus dans plusieurs régions du monde. Comment l’expliquer, alors que le variant actuellement dominant, l’Omicron, est moins létal que ses prédécesseurs ?

Dr Abdel-Gawad Hashem: Il est normal, avec 2 millions d’infections par jour, de voir le nombre de décès augmenter, même si le taux de décès reste inférieur par rapport aux variants précédents. Aussi faut-il noter que certaines maladies chroniques font augmenter les risques de complications, souvent fatales, même si le virus en question est faible. Notons aussi que des variants précédents, y compris Delta, demeurent présents dans certains foyers.

— Certains scientifiques prévoient la fin imminente du Covid-19, comme ce fut le cas avec le virus responsable de la grippe espagnole qui a sévi pendant deux ans avant de disparaître. Est-ce un fait ou une spéculation ?

— Les virus se multiplient à un rythme rapide, ce qui multiplie les opportunités de mutations génétiques et l’apparition de nouveaux variants qui peuvent être plus (ou moins) virulents ou transmissibles. En général, plus un virus est transmissible, moins il est virulent, parce qu’un virus qui provoque la mort de l’hôte a moins de chance de se multiplier, puisqu’un virus ne peut se répliquer lui-même en dehors d’une cellule humaine. Alors qu’un virus hautement transmissible finira par « déloger » les variants les moins transmissibles indépendamment de leur virulence. C’est ainsi que les virus perdent de leur virulence avec le temps. Si on revient sur l’évolution du Covid-19 durant les derniers mois, on verra que le dernier variant, Omicron, est plus faible que le Delta, lequel était moins transmissible.

— Cela exclut-il la possibilité de voir apparaître des formes plus graves du coronavirus ?

— A moins que de nouvelles souches apparaissent et dans ce cas, elles sont désignées par d’autres appellations. Prenons le coronavirus comme exemple. C’est un virus qui existe depuis fort longtemps ; il est d’origine animale et est passé à l’homme à cause de l’élevage de certains animaux, notamment les volailles. En 2003, une nouvelle souche du virus est apparue, le SARS, qui a contaminé 8 000 personnes, dont 800 sont décédées, soit un taux de mortalité de 10 %. Huit ans après, en 2011, le MERS est apparu, infectant 142 personnes dont 48 sont décédées; là le taux de mortalité était de 34%. Enfin, en 2019, le Covid-19 est apparu, entraînant des centaines de millions de cas d’infection avec un taux de mortalité de 2,5%. Là aussi, on remarque la relation entre la virulence et la transmissibilité des diverses souches.

— Faut-il y voir un signe de l’affaiblissement de la pandémie ou le présage de l’apparition de nouvelles souches du virus? A quoi faut-il s’attendre ?

— Les deux scénarios sont valides. La propagation rapide du virus permettra à un grand nombre de personnes, jusqu’à 70% de la population mondiale, à acquérir une immunité, mais en même temps, cette même propagation peut provoquer davantage de mutations. Cependant, compte tenu de l’histoire scientifique des virus, les variants sont de plus en plus faibles et, avec l’acquisition de l’immunité collective, l’organisme précédemment infecté par le virus, qui a formé des anticorps, peut faire face aux nouveaux variants, similaires aux variants précédents.

Mais, encore une fois, tout est relatif, il y aura toujours une très faible possibilité qu’un variant à la fois très virulent et très transmissible apparaisse. Mais ce qui se passe d’habitude, c’est qu’une nouvelle souche apparaît, comme nous l’avons mentionné précédemment, et cela se produit généralement tous les dix ans, comme c’était le cas avec le SARS, puis le MERS, puis le Covid. Par conséquent, je ne crois pas que nous témoignions d’une nouvelle poussée du coronavirus dans les années à venir.

 

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