Au cours de ma dernière visite en Tunisie pour assister aux rencontres de l’Organisation Reset à Carthage du 5 au 8 juillet courant, j’ai rencontré deux éditeurs et visité 3 librairies qui vendent des livres.
Pendant cette visite, j’ai tenu à chercher la réponse à deux questions. La première est de savoir la raison derrière l’essor relatif dans le domaine de la publication en Tunisie en comparaison avec d’autres pays arabes, malgré la hausse continue des prix du papier et des autres matériaux d’imprimerie. La réponse est que cela est dû à la subvention indirecte octroyée par le ministère de la Culture aux éditeurs à travers l’achat d’un nombre d’exemplaires des livres qu’ils publient. Mais le ministère de la Culture peut-il continuer dans sa politique de subvention dans le contexte de l’aggravation de la crise économique et financière et de la probabilité de supprimer les subventions d’un nombre de produits et services avec la conclusion prévue d’un accord entre la Tunisie et le FMI? Il n’y a pas de réponse tranchante ; les estimations divergent. Selon certains, il est difficile de poursuivre cette politique, tandis que d’autres estiment que la subvention du livre n’est pas moins importante que la subvention du pain. Dans le même temps, d’autres avis prévoient la diminution de la subvention au livre par le ministère de la Culture et non pas son annulation complète.
Quant à la seconde question, elle porte sur la faiblesse de la présence du livre égyptien en Tunisie. Ceci tient-il aux obstacles qui se dressent à la circulation du livre entre les pays arabes de façon générale? Ou bien y a-t-il une raison supplémentaire? Je me suis assuré que ceci réside dans la crise générale provenant de la difficulté d’établir une entente satisfaisante entre les éditeurs dans un pays et les distributeurs dans d’autres pays. Aujourd’hui, dans la plupart des pays, le distributeur ne peut plus payer en avance le prix des exemplaires des livres, ou même une partie considérable du prix. Alors que la plupart des éditeurs ne peuvent plus assumer le risque de publier des exemplaires des livres sans garanties. Auparavant, un accord oral ou écrit était suffisant.
C’est pour cela que les salons du livre sont devenus le principal moyen de mettre à la disposition du public des livres publiés par des maisons d’édition de différents pays arabes. Il est même possible de dire que quand les autorités organisant un salon du livre approuvent la présence d’un tel ou tel éditeur et lui accordent un espace pour exposer ses livres, c’est comme obtenir un « visa »pour le livre arabe et sa diffusion dans les différents pays. Et ce, dans un contexte où la circulation du livre à travers les frontières diminue de jour en jour.
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