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Le Soudan en quête de soutien économique

Mercredi, 13 avril 2022

Le soudan cherche activement des soutiens économiques à l’étranger pour faire face à une situation financière désastreuse. A cette fin, le président du Conseil de souveraineté, Abdel-Fattah Al-Burhan, s’est rendu du 21 au 22 mars en Arabie saoudite et du 11 au 13 mars aux Emirats Arabes Unis (EAU), deux riches pays du Golfe proches de Khartoum. La visite d’Al-Burhan à Abu-Dhabi était la première à l’étranger depuis le coup de force d’octobre dernier qui a évincé le premier ministre civil, Abdallah Hamdok. Le ministre des Affaires étrangères, Ali Al-Sadiq, qui accompagnait Al-Burhan aux EAU, a révélé que le prince héritier émirati, Mohamad bin Zayed, a accepté d’injecter d’importantes sommes d’argent dans les banques soudanaises, fragilisées par une forte pénurie de devises. Et d’ajouter que Khartoum et Abu-Dhabi se sont entendus pour établir un partenariat économique stratégique dans les domaines de l’agriculture, des routes, des chemins de fer et des ports, ainsi que pour accroître la coopération militaire. De son côté, Al-Burhan a indiqué, à l’issue de sa visite à Riyad, que le Royaume a promis d’importants investissements au Soudan.

La recherche de soutiens financiers extérieurs est devenue une priorité urgente en raison de la détérioration rapide de la situation économique. Des milliers de Soudanais manifestent régulièrement à Khartoum et dans les principales villes pour protester contre la dégradation des conditions de vie, notamment contre une forte hausse du prix du pain et des produits de première nécessité. Cette hausse est intervenue après une augmentation du coût de l’essence et de l’électricité, affectant toutes deux une gamme de biens et de services de base, tels que les produits agricoles et les frais de transport. Début mars, la Banque Centrale du Soudan a libéralisé les taux de change, ce qui, conjugué aux faibles réserves de change du pays, a conduit à une forte dévaluation de la livre soudanaise, ajouté des tensions sans précédent sur la monnaie nationale et laissé les banques dans une position plus vulnérable qu’elle ne l’était déjà. Les Soudanais manifestent également contre les fréquentes coupures de courant dans la plupart des villes, résultat d’une grave pénurie de produits dérivés du pétrole nécessaires au fonctionnement des centrales électriques. Le ministre de l’Energie et du Pétrole, Jaden Ali Obaid, a annoncé le 21 mars que le Soudan n’est en mesure de fournir que 42% de l’électricité nécessaire au pays. C’est pour cette raison qu’Al-Burhan a demandé à Riyad son aide pour obtenir les produits pétroliers nécessaires au fonctionnement des centrales électriques soudanaises.

Selon l’Onu, le nombre de Soudanais confrontés à la faim extrême doublera pour atteindre 18 millions, sur une population de 44 millions, d’ici septembre en raison des mauvaises récoltes, de l’impasse politique et de la détérioration de la sécurité. Elle estime que le pays se dirigerait vers «  l’effondrement économique et sécuritaire » et d’importantes souffrances humanitaires si la crise politique n’était pas rapidement résolue. En effet, la crise économique est indissociable du blocage politique depuis octobre dernier. Cela est évident à plus d’un niveau. Les mêmes manifestations, qui dénoncent les mauvaises conditions économiques, réclament la remise du pouvoir aux civils. En outre, le Soudan est fortement dépendant de l’aide et des investissements étrangers, qui ont été largement coupés après la rupture par les militaires du processus de transition dans lequel ces derniers se partageaient le pouvoir avec les civils. Par conséquent, les puissances occidentales ont suspendu, en guise de condamnation du coup de force d’Al-Burhan, l’aide financière au Soudan, dont 700 millions de dollars promis par les Etats-Unis. Elles ont également suspendu un programme d’annulation de la dette. D’autres institutions internationales leur ont emboîté le pas.

C’est pour sortir de cette impasse que le Conseil de souveraineté tente de trouver une solution politique répondant aux exigences des puissances occidentales. Mercredi 6 avril, des informations ont fait état de l’élaboration par des forces politiques pro-militaires d’un accord pour former un gouvernement de transition. Il comprend certaines mesures que l’armée avait déjà annoncées, telles que la nomination d’un gouvernement et d’un parlement technocratiques pour gouverner jusqu’aux élections prévues l’année prochaine, ainsi que la nomination d’organes judiciaires et d’une commission électorale.

Des sources au sein des formations ayant élaboré le projet d’accord, appuyé par l’armée, ont indiqué que cette dernière cherchait à élargir le soutien au projet en courtisant les deux plus grands partis traditionnels du Soudan, le Parti unioniste démocratique et le Parti Al-Oumma, ou des factions en leur sein. Cet effort vise à répondre aux demandes de la Troïka occidentale sur le Soudan, composée des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la Norvège, ainsi que de l’Union européenne, sur la nécessité de former un gouvernement exprimant la participation d’un large éventail d’acteurs civils. Cette demande a été réitérée le 5 avril par les ambassadeurs de la Troïka à Khartoum qui ont rappelé, à l’issue d’une rencontre avec Al-Burhan, la nécessité de former un « gouvernement civil de transition crédible ».

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