Avec la mise en vigueur de l’accalmie entre le secteur de Gaza et Israël, une révision des répercussions de cette décision s’impose. Certaines déductions ne sont pas officiellement annoncées. Ce qui a été annoncé se résume dans le côté brillant dans la vision de chaque partie, comme nous l’avons vu dans les déclarations des dirigeants du Hamas, qui a annoncé la victoire face aux forces d’occupation grâce à la résistance des habitants de Gaza, tout en assurant que les habitants ont encore la main sur la gâchette. De l’autre côté de la barre, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a parlé d’un « grand changement » imposé aux dirigeants et aux combattants du Hamas et autres organisations, dont les dépôts et les usines d’armes ont été visés. Selon Netanyahu, ce changement obligera le Hamas à faire marche arrière. Il est évident que de telles déclarations sont adressées avant tout à l’opinion publique interne.
Le discours des deux parties portant sur leurs victoires respectives est clair. Mais sans pour autant nier ce qui peut se passer dans les prochains jours.
Selon la médiation égyptienne, 3 étapes sont nécessaires: la première consiste à maintenir le cessez-le-feu et à faire pression pour que les aides humanitaires arrivent aux habitants de Gaza. Cette étape a effectivement commencé, puisque les camions égyptiens portant les aides sont déjà arrivés à Gaza. En plus de 2 délégations égyptiennes qui se sont rendues à Gaza et à Tel-Aviv, afin d’empêcher le dérapage vers des opérations militaires non calculées.
La seconde étape consiste à discuter avec les parties concernées l’idée d’une trêve à long terme, en particulier les parties influentes sur le terrain à Gaza avec la participation de l’Autorité palestinienne.
Quant à la 3e étape, elle consistera à profiter de la dynamique internationale favorable au droit du peuple palestinien à la liberté et à l’indépendance et dénonçant l’agression israélienne ainsi que le racisme et la discrimination pratiqués contre les Palestiniens sur les territoires occupés ou à l’intérieur même d’Israël. Cette dynamique internationale insiste sur la nécessité de parvenir à un règlement historique basé sur la solution des 2 Etats à travers des négociations sérieuses sous le parrainage du quartette et de l’Onu.
La diplomatie égyptienne qui parraine le cessez-le-feu et oeuvre en vue de réaliser une longue trêve qui permettrait d’entamer les opérations de reconstruction à Gaza auxquelles participerait activement la communauté internationale avec des garanties israéliennes de ne pas entraver ce processus de reconstruction.
L’agression israélienne sur Gaza, la colonisation et la judaïsation des territoires palestiniens occupés et la discrimination judiciaire, toutes ces politiques ont échoué à garantir à Israël la sécurité dont il rêve, et ne peuvent pas non plus lui garantir la survie. Ces politiques Israéliennes ne peuvent lui garantir la stabilité intérieure désormais menacée par une guerre civile contre laquelle le président israélien lui-même a mis en garde.
L’élite israélienne au pouvoir, qu’elle soit militaire ou politique, doit comprendre que se vanter du bombardement des immeubles résidentiels où habitent des civils est une preuve de l’échec israélien total aux niveaux des appareils de renseignements et des principes militaires. De même, le fait d’inventer des histoires imaginaires qui prétendent la démolition d’une ville entière de tunnels souterrains sous Gaza et où se cachaient les dirigeants du Hamas et des factions palestiniennes prouve l’état anormal de cette élite. Tout ceci n’empêchera pas l’explosion politique qui sera inéluctable.
En contrepartie, l’appel à l’instauration de l’unité palestinienne dans lequel l’Egypte s’est beaucoup investi est la condition la plus importante au cours de cette étape. La réalisation d’une unité nationale interpalestinienne nécessite des concessions de la part de toutes les parties. Il s’agit de profiter du climat de soutien de l’opinion publique européenne et américaine et la hausse des voix de la gauche aux Etats-Unis qui domine le Congrès et la présidence. Ce qui permet d’aboutir à des positions américaines qui soutiennent moins l’occupation israélienne et pencheraient plus en faveur du droit palestinien de fonder un Etat indépendant. Un pas indispensable pour instaurer une stabilité régionale durable.
En même temps, il faut prendre en considération le fait que la vision du président Biden n’est pas exemplaire, puisqu’il a assuré que la paix ne serait pas instaurée dans la région sans une reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif.
Avoir le sentiment d’être victorieux sans prendre en considération le prix matériel et humain de cette victoire est un échec en soi. C’est ce que les factions palestiniennes à Gaza doivent comprendre. Le conseil le plus important est de ne pas exagérer les déductions, et de les mettre dans leur juste contexte. Quant au Fatah, il est appelé à revoir son état d’isolement auprès d’un large secteur de Palestiniens en Cisjordanie occupée, ce qui peut entraver la formation d’une union nationale réelle et solide, nécessaire pour faire face aux défis de la prochaine phase.
Enfin, les deux parties en conflit ont profondément besoin de réflexion sage et d’alléger le poids idéologique .
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