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La patience a des limites

Tuesday 13 août 2013

Nombreux sont ceux qui ont cru à tort qu’envahir les rues par dizaines de millions pour mandater l’armée et la police contre la violence et le terrorisme allait restaurer rapidement la discipline, réaliser la sécurité et la stabilité du peuple ou encore préparer la relance économique et politique du pays. Cependant, rien ne fut. Un sentiment de désespoir et de déprime a commencé à se propager en raison de l’expansion des manifestations des Frères musulmans qui coupent les routes, entravent la circulation et propagent le chaos. Il est vrai que certains changements importants ont accompagné l’exécution du plan d’avenir de l’Egypte déclaré par le ministre de la Défense, le général Abdel-Fattah Al-Sissi, avec en tête la formation d’un gouvernement de technocrates jouissant de la confiance de nombreuses personnes. Cependant, le processus de développement et de relance demeure la proie de la situation détériorée de la rue et de l’incertitude de la position internationale envers les évolutions de la scène égyptienne.

Avec les pressions étrangères indéniables, un système médiatique international qui tente de mélanger les cartes et de déformer la réalité, la situation se complique de plus en plus et s’enchevêtre. Si les manifestants armés étaient des ennemis étrangers, les choses auraient été beaucoup plus faciles pour la police et l’armée. Elles auraient pu anéantir leurs forteresses, incarcérer leurs symboles et dissiper leurs regroupements. Mais nous ne combattons ni Israël, ni un peuple ennemi, mais des Egyptiens qui se sont écartés du droit chemin. Si le front interne était solide, unifié et cohérent, il aurait été plus facile de négliger les avertissements et les ingérences étrangers. Tout cela nécessite des comptes précis ainsi qu’une grande patience pour surmonter la crise sans verser davantage de sang pour réaliser la sécurité et la stabilité avec le minimum de pertes et de sacrifices. La mission n’est pas facile, la bataille demeure longue car ses tenants sont nombreux.

Les dirigeants de la confrérie des Frères musulmans ont tort de croire que le temps peut revenir en arrière ou que le versement du sang durant le mois sacré peut leur restituer le président déchu. J’aimerais leur adresser un message : Ne jouez pas le rôle de la victime qui a subi une injustice. Reconnaissez que vous n’étiez pas encore prêts pour la présidence. Reconnaissez que vous avez échoué à unir les Egyptiens. Vous vous êtes empressés de vous emparer du pays avant vos réalisations. Ne remédiez pas à vos erreurs par des erreurs plus grandes en coupant les routes, en attaquant les établissements et en bloquant la circulation. Refaites vos comptes et changez vos positions. Une dernière chose, vous ne devez pas miser longtemps sur la patience d’Al-Sissi. En effet, la patience des forces armées, de la police et du peuple ont des limites qu’il ne faut pas dépasser.

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