Il était évident pour tous ceux qui ont suivi l’annonce du plan de paix de Trump que cette annonce n’était rien autre qu’une cérémonie au cours de laquelle Trump et Netanyahu tiraient la langue à leurs adversaires. Il s’agissait d’une célébration pour ancrer la falsification des réalités et la violation des droits et non pas une célébration pour faire l’annonce d’un véritable projet de paix. Les deux hommes ont choisi l’assistance avec une grande précision. Figuraient en tête les supporters de Trump dans son conflit politique contre les démocrates aux Congrès qui soutiennent également l’entité sioniste. Il s’agit des juifs et des partisans du groupe sioniste-chrétien aux Etats-Unis auquel appartient Trump. Ces derniers sont convaincus du plein droit des juifs sur toute la Palestine et de la reconstruction du temple de Salomon à la place de la Mosquée d’Al-Aqsa qu’ils considèrent comme une violation arabe des terres juives qu’il incombe donc de détruire. Bien plus, ils sont persuadés qu’Israël doit vaincre tous ses ennemis arabes et que cette victoire ne sera possible que par une grande guerre qui sera la condition sine qua none au retour de Jésus-Christ, selon leurs convictions.
Tout cela s’est révélé de la célébration de l’annonce du plan. Quant au deal lui-même, il est pire comme l’a dévoilé le président Mahmoud Abbas dans son allocution le 1er février devant la réunion extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères à la Ligue arabe, selon les papiers et les détails du plan qui lui sont parvenus. Car il est en contradiction totale avec la légitimité et les résolutions internationales. Le plan comprend trois principaux piliers du conflit palestino-israélien: Jérusalem, les territoires (soit les frontières) et le droit de retour des réfugiés palestiniens en plus de la nécessité de la reconnaissance du caractère juif de l’Etat d’Israël, soit le caractère juif de la terre. Une reconnaissance qui comprend implicitement une approbation que ce sont les Palestiniens qui ont violé les droits des juifs et non pas le contraire.
Selon ce plan, Jérusalem (ouest occupé en 1948 et est occupé en 1967) devient la capitale unie et éternelle d’Israël, alors que les Palestiniens se verront octroyer une capitale alternative dans le village d’Abou Dis, proche de Jérusalem, à laquelle ils pourront donner le nom qu’ils veulent, même si c’est le Jérusalem palestinien. Quant à la Mosquée d’Al-Aqsa, elle sera soumise à un partage de lieu et de temps. Ce qui signifie que le destin d’Al-Aqsa, qui se trouvera sur des territoires soumis à la souveraineté israélienne, deviendra similaire au destin de la mosquée d’Ibrahim à Hébron dans les territoires occupés de la Cisjordanie. Par ailleurs, toutes les colonies de la Cisjordanie qui recouvrent près de 30% de sa surface seront soumises à la souveraineté israélienne. Vu que la Cisjordanie représente 25% de la superficie de la Palestine, il ne restera plus aux Palestiniens que 70% des 25% de la Cisjordanie ajoutés à la bande de Gaza, de sorte qu’ils soient compensés par d’autres dans le triangle d’Al-Nabq. Ce qui signifie que les territoires du prétendu Etat palestinien seront composés d’îlots isolés les uns des autres et transpercés par des colonies israéliennes. Quant à la vallée du Jourdain, ces terres fertiles qui longent le fleuve du Jourdain, elle sera aussi soumise à la souveraineté israélienne. Par conséquent, c’est Israël qui bénéficiera des eaux du fleuve et l’Etat ou l’entité palestinienne perdra non seulement l’une des plus importantes parties de ses terres, mais aussi sa principale source d’eau. Bien plus, le futur état palestinien sera complètement isolé de la Jordanie dont les frontières seront désormais avec Israël. Ce qui empêchera tout lien entre l’Etat palestinien et son prolongement arabe.
Le plan de Trump n’est pas né du vide. Il a été élaboré via des ententes avec certaines parties arabes. C’est un résultat naturel de la division entre le Fatah et Hamas et de l’absence d’un projet palestinien uni pour la restitution des territoires occupés. C’est aussi le résultat naturel de l’abandon relatif de la cause palestinienne par les Arabes, préoccupés par d’autres crises. Certains gouvernements arabes considèrent même la cause palestinienne et les droits du peuple palestinien comme un fardeau dans leurs relations avec les Etats-Unis. Partant, toute position palestinienne et arabe sérieuse visant à avorter le plan de Trump doit commencer par répondre à une question importante: comment et pourquoi le président américain a eu l’audace de présenter ce projet qui suppose une entière soumission palestinienne et arabe au projet de l’Etat juif? Ensuite, il faudra répondre à une autre question: quelle est l’alternative capable de restituer les droits palestiniens? Et ce, à condition de reconnaître que la méthode précédente de négociations qui n’est liée ni à un calendrier déterminé ni aux principes de la légitimité internationale est à l’origine de la catastrophe que va entraîner le plan de Trump
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