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Al-Zaafarane retrouve sa splendeur

Doaa Elhami , Samedi, 27 mai 2023

Le ministère du Tourisme a inauguré le musée du Palais d’Al-Zaafarane. Situé dans le campus de l’Université de Aïn-Chams, ce joyau architectural renferme des pièces de différentes époques.

Al-Zaafarane retrouve sa splendeur
(Photo : Doaa Elhami)

Après une longue attente, un musée est enfin installé à l’Université de Aïn-Chams, dans le quartier de Abbassiya. Malgré la modestie de sa superficie, le musée couvre, grâce à ses 167 pièces, toutes les époques historiques de l’Egypte et adopte également les technologies les plus sophistiquées. Ce nouveau musée se trouve au sous-sol du Palais d’Al-Zaafarane après son nettoyage et sa restauration. Inauguré la semaine dernière par le ministre du Tourisme et des Antiquités, Ahmed Issa, et le président de l’université, Mahmoud Al-Météni, le musée est désormais ouvert au public. « Ce musée est plutôt un centre culturel qui présente le patrimoine pour répandre et élever la conscience culturelle et archéologique dans les universités égyptiennes », souligne Walaa Eddine Badawi, directeur général du musée du Palais d’Al-Zaafarane, soulignant que c’est le premier musée pédagogique qui expose de réelles pièces archéologiques.

L’idée d’exploiter le palais et d’y installer un musée remonte à 2019, quand Mahmoud Al-Météni a demandé à l’égyptologue Mamdouh Al-Damati, ancien ministre du Tourisme et des Antiquités et fondateur de la faculté des antiquités à l’Université de Aïn-Chams, de documenter ce joyau architectural et archéologique. Un an plus tard, un catalogue sur le « Palais d’Al-Zaafarane » voit le jour retraçant son importance architecturale et historique. Et depuis, les responsables ont décidé de soumettre le sous-sol, le 1er et le 2e étages du palais à des travaux de restauration. Restauré et nettoyé, le sous-sol a été alors préparé pour devenir le musée de l’université.

Carrefour des époques

La première démarche a été la signature d’un protocole entre l’université et le ministère du Tourisme et des Antiquités pour emprunter à de divers sites et musées des pièces couvrant des époques variées. Aujourd’hui, le visiteur trouve dans une pièce rectangulaire du sous-sol deux sarcophages en calcaire et, dans une pièce circulaire, un troisième anthropoïde en bois peint appartenant à un certain Weser-Hat-Set. Dans cette même salle, le visiteur découvre des vases canopes et des oucheptis de l’époque tardive de l’Egypte Ancienne, ainsi que des pancartes explicatives des étapes de la momification. Parmi les pièces exposées, certaines proviennent de la cachette de Karnak. Il s’agit de deux statues en granit noir qui ont été mises au jour en 1905 par l’égyptologue Georges Legrain de l’IFAO, ainsi qu’un disque solaire en calcaire daté du règne de Ramsès II. « Le disque solaire est surmonté d’un cobra qui, à son tour, est coiffé par un autre plus petit », explique l’égyptologue Mamdouh Al-Damati, superviseur général du musée.

Le visiteur retrouve également une statuette en bronze d’Imhotep, empruntée au Musée égyptien de Tahrir. « Malgré la modestie de sa taille, elle est d’une grande valeur. Imhotep était médecin, chef des astronomes et architecte de la pyramide à degrés », souligne Badawi.


(Photo : Doaa Elhami)

Outre les pièces de l’Egypte Ancienne, le visiteur pourra admirer des papyrus et des manuscrits de l’époque islamique, comme le Coran orné de motifs botaniques et géométriques colorés et le manuscrit culinaire qui décrit la gastronomie pendant l’époque islamique. « Ce manuscrit, qui appartient au Centre de papyrus de l’Université de Aïn-Chams, renferme les recettes de plusieurs plats qui sont à l’origine de la cuisine égyptienne », reprend Badawi. Et ce, sans oublier les monnaies datées des époques variées qui sont présentées dans des vitrines. Le musée abrite également des pièces de l’époque alide, comme des médailles d’honneur et des aquarelles représentatives des souverains de toute la famille depuis son fondateur Mohamad Ali jusqu’au roi Farouq, dont une photo prise par le photographe Riyad Chéhata qui y est exposée.

Oun, l’antique Héliopolis

Lors de sa tournée, le visiteur découvre des pièces provenant de la région Arab Al-Hisne dans le quartier historique de Matariya, l’ancienne ville du soleil « Oun ». Ces pièces sont les résultats des fouilles de l’Université de Aïn-Chams entamées entre les années 2017 et 2022 sur le site Arab Al-Hisne. Ces pièces constituent presque la moitié des pièces du musée, dont la plupart datent de l’époque des Ramessides. Elles varient entre poteries, amulettes en forme de scarabées et des blocs de calcaire représentatifs de scènes variées. « Nous avons découvert ces blocs près de la muraille du site grâce à l’un des habitants de Arab Al-Hisne qui nous a guidés », souligne Al-Damati, directeur des fouilles effectuées à Arab Al-Hisne, expliquant que l’un de ces joyaux est la façade de la chapelle en calcaire coloré du prince Neb-Maet-Râ, fils aîné du roi Ramsès IX (1125-1107 av. J.-C.) de la XXe dynastie. Vu la beauté de la façade, raffinement restaurée et exposée sous un éclairage distingué, elle attire un nombre considérable de visiteurs. L’une des rares pièces présentées est celle d’une stèle représentant une divinité à la tête de bélier, qui pourrait représenter la divinité Atoum. La muséologie de ces pièces est complétée par des photos prises du site pendant les travaux de fouilles et lors de la découverte des pièces exposées.

« Afin d’accomplir la mission pédagogique du musée, nous l’avons équipé de la réalité virtuelle enrichie des lunettes VR et avons également installé la technologie de l’hologramme », souligne Mohamed Ismaïl, professeur des technologies des expositions à la faculté des antiquités de l’Université de Aïn-Chams. « Cette technologie permet au visiteur de voir différents sites comme la tombe du roi Toutankhamon et la mosquée du sultan Hassan, joyau de l’architecture islamique. Il peut même à travers la réalité virtuelle voir des temples et des monuments qui sont déjà détruits. Les experts ont installé également une technologie permettant au visiteur de lire les textes des papyrus et d’étudier attentivement le plafond du temple de Dendara, dont la réplique est exposée au musée », reprend Ismaïl. Il explique que cette nouvelle technologie permet de voir les pièces et les sites dans leur état d’origine lors de leur construction avec tous leurs détails et leurs couleurs. Présentant gratuitement ces pièces archéologiques d’une manière attirante, l’inauguration du musée d’Al-Zaafarane n’est qu’une première étape pour restaurer et inaugurer le reste du palais et pour qu’il retrouve sa beauté et sa splendeur d’antan.

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