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Le Musée de la momification fête ses 25 ans

Dalia Farouq , Mercredi, 25 mai 2022

Situé sur la rive est de Louqsor, le Musée de la momification fête cette semaine son jubilé d’argent. Inauguré en 1997, l’établissement conserve sa splendeur et son charme.

Le Musée de la momification fête ses 25 ans

Surplombant le Nil au nord du temple de Louqsor, le Musée de la momification fête cette semaine son jubilé d’argent. « Inauguré en 1997, ce musée est unique au monde puisqu’il est le seul à expliquer en détail le processus de momification et les techniques utilisées par l’Ancien Egyptien pour préserver les corps des défunts, un processus qui nécessitait 70 jours », explique Mansour Al-Noubi, doyen de la faculté d’archéologie à Louqsor. En fait, la momification est une science singulière de la civilisation égyptienne dont beaucoup de secrets sont encore inconnus. Selon Al-Noubi, la préservation des dépouilles des défunts dans l’Egypte Ancienne était un moyen de les préparer à passer éternellement dans l’au-delà. « Les Anciens Egyptiens croyaient en la résurrection et l’immortalité dans l’autre monde. Ils ont accordé une grande importance à l’embaumement et ont excellé dans les techniques de momification qui n’existaient presque pas dans les autres civilisations », indique Al-Noubi.

Pour sa part, Ahmed Chéhata, directeur du Musée de la momification, raconte qu’au moment de la construction du musée, il était encore un jeune inspecteur archéologique travaillant à Louqsor. « Je me souviens que le plus grand défi que nous avons dû affronter à cette époque était le choix des pièces qui devaient répondre au scénario muséologique et au thème du musée. Ces pièces ont été collectées à la vallée des Rois, à Kom Ombou et au Musée égyptien du Caire », se rappelle Chéhata. Il ajoute que toutes les pièces ont été soigneusement choisies pour ce musée bâti selon les normes muséologiques internationales modernes. « L’emplacement même du musée a été choisi avec soin sur la rive est du Nil, juste en face des montagnes de la rive ouest, afin d’incarner le voyage des dépouilles de l’est à l’ouest à travers le Nil après leur momification. En outre, le musée est construit sous la forme d’une chambre funéraire de l’antiquité. La statue d’Anubis, dieu de la momification dans l’Egypte Ancienne, reçoit les visiteurs à l’entrée du musée et les pièces sont exposées dans une ambiance mystique grâce aux effets de lumière. Chaque pièce a une signification », se félicite le directeur du musée.


Maquette d’une barque funéraire.

Le musée, qui s’étale sur une superficie de plus de 2000 m2, expose 73 pièces décrivant les étapes de la momification dans la civilisation pharaonique, ainsi que le matériel d’embaumement utilisé par les Anciens Egyptiens. Le musée se compose d’une seule grande salle d’exposition avec un long couloir légèrement descendant contenant des peintures datant de 1200 ans av. J.-C. et expliquant les rituels adoptés par les Anciens Egyptiens après la mort et jusqu’à l’enterrement, ainsi que les procédures funéraires et les étapes de momification.

La salle renferme plusieurs divisions qui révèlent les secrets de la momification. Parmi ces divisions se trouve celle consacrée aux dieux dans l’Egypte Ancienne où l’on trouve les statues des déesses Isis et Nephtis, cette dernière est la déesse de la protection du défunt dans sa deuxième vie après la mort.

Pinces, ciseaux et scalpels

Toujours dans la même salle sont exposés les outils et les matériaux utilisés par les momificateurs dans le processus d’embaumement du corps comme le lit sur lequel on couchait le corps du défunt, la spatule, une cuillère médicale pour le nettoyage interne des intestins, les pinces qui servaient à épiler, les ciseaux utilisés dans les autopsies médicales, le scalpel pour séparer et enlever les viscères du corps décédé et l’aiguille pour coudre la peau. On y trouve exposés aussi des échantillons des matières organiques utilisées dans le processus d’embaumement comme le sel de tarentule et la sciure de bois qui servaient à rembourrer temporairement la cavité thoracique et abdominale, ainsi que les résidus de graisse parfumée et les résidus de résine sur des bobines de lin que l’on plaçait dans le cercueil après y avoir déposé la momie. Il y a également des ouchebtis, qui étaient placés avec la momie dans le cercueil, des vases canopes dans lesquels les viscères des morts étaient conservés, ainsi que des amulettes pharaoniques qui étaient placées dans le cercueil.


Momie d’un chat remontant au Nouvel Empire.

Une troisième division où est exposée la seule momie qui existe au musée, celle de Masaharta, fils du roi Pinedjem I (-1054 à -1032) de la XXIe dynastie. « En fait, c’est sous cette dynastie que la momification a atteint son apogée avec l’apparition de nouvelles techniques qui permettaient de protéger la peau contre la sécheresse et les rides en gardant les joues gonflées en les rembourrant avec des matières résineuses qui ressemblent au filler utilisé aujourd’hui par les esthéticiens », explique Ahmed Chéhata. A côté de la momie se trouve le cercueil en bois de Paddy Amon, l’un des grands prêtres d’Amon de la XXIe dynastie. La maquette de la barque funéraire spéciale, qui a transporté le cercueil du défunt à travers le Nil, est aussi exposée dans cette division.

Quant à la division consacrée aux momies des animaux, elle est d’une grande importance puisqu’elle montre que la momification ne se limitait pas aux êtres humains, mais englobait aussi les animaux. Ainsi, on trouve au musée les momies d’un chat, d’un crocodile, d’un ibis, d’un singe, et celle d’un canard qui remonte au Nouvel Empire.

Selon le directeur du musée, un plan complet pour le réaménagement du musée sera bientôt établi par le ministère du Tourisme et des Antiquités. « Le Musée de la momification, qui a remporté le prix Agha Khan pour l’architecture en 2001, conserve toujours sa splendeur et son charme », conclut le directeur du musée.

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