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L’après-COP27 et l’arrêt de la corruption

Mercredi, 07 décembre 2022

Lors d’un entretien avec Ahmed Al-Masry, fondateur du cabinet d’avocats Al-Masry, Dr Ghada Moussa, professeure assistante à l’Université du Caire et experte dans les politiques de gouvernance, s’est exprimée sur l’après-COP27. « Il faut encourager les initiatives communautaires des jeunes pour trouver des solutions »

L’après-COP27 et l’arrêt de la corruption

Le monde célèbre, le 9 décembre de chaque année, la Journée de la lutte contre la corruption. Cette année, la célébration intervient deux semaines après la tenue de la Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP27) à la ville de Charm Al-Cheikh, qui fut un événement de taille non seulement pour l’Egypte, mais également pour le monde entier.

A l’heure de la COP27, l’Egypte s’était engagée à appliquer un certain nombre de politiques visant à préserver l’environnement et à faire face aux menaces qu’elle affronte en adaptant ses politiques aux changements climatiques et à la transition verte. Tous ces engagements sont louables et reflètent une conscience politique quant au danger de la cause climatique aux niveaux local et international. Pour que l’Egypte soit en mesure de satisfaire ses engagements, il lui incombe d’effectuer certaines tâches ayant trait à la planification, à l’évaluation et au suivi, que ce soit au niveau exécutif, organisationnel ou sociétal. Parmi les plans qu’il faut mettre en vigueur figure celui de la lutte contre les pratiques de corruption dans les cercles environnementaux qui se rapportent aux activités économiques, agricoles, commerciales et industrielles. Il incombe aussi à l’Egypte de raffermir les cadres législatifs.

Si nous commençons à parler de la planification, de l’évaluation et du suivi, il faut se focaliser sur l’accord de financement vert. Cet accord peut être considéré comme une feuille de route multiforme qui détermine les effets du changement climatique sur la sécurité alimentaire, l’eau et le transport vert. La feuille de route comprend des projets spécifiques comme le projet de soutien à la sécurité alimentaire et au développement rural, l’installation des stations de dessalement et les projets mesurant l’impact du changement climatique sur le Delta du Nil. Pour exécuter de tels projets, techniquement parlant, il faut détenir un mécanisme mesurant les progrès dans chaque projet et la performance environnementale, ce qui nécessite une équipe de travail qui ne se limite pas à des spécialistes gouvernementaux ou dépendant d’une institution définie. En ce qui concerne la lutte contre la corruption, cet accord doit garantir le contrôle des dépenses et l’évaluation des résultats en fonction des objectifs. Ceci ne se ferait pas en l’absence d’un système de révision, de contrôle, d’évaluation. Toutes ces mesures relèvent en effet de l’intégrité de la gestion des ressources financières.

Au niveau de l’organisation, il est indispensable de revoir la position du ministère de l’Environnement. Les questions environnementales sont devenues une priorité et elles sont étroitement liées à l’économie, à l’investissement, à l’agriculture, à l’industrie, au commerce et à la sécurité nationale. La prise de conscience par l’Etat égyptien quant à l’importance et à la gravité des questions environnementales doit se refléter sur le plan des institutions concernées par ce dossier et la nature de la relation entre elles. Au premier rang de ces institutions figurent le ministère de l’Environnement et les ministères qui lui sont associés, comme les ministères de l’Agriculture, de l’Industrie et du Développement local.

Ce qui nécessite un statut spécial afin de coordonner la planification, les dépenses et la gestion des ressources financières et matérielles limitées compte tenu de l’ampleur du dossier environnemental. Ces efforts visent à réduire la corruption et à améliorer l’élaboration des politiques comme l’exige l’article V du chapitre sur les mesures préventives de la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la corruption, entrée en vigueur en 2005 et que l’Egypte a approuvée et ratifiée.

Au niveau sociétal, il s’avère indispensable de commencer à encourager la création d’organisations de la société civile qui se soucient de défendre les questions environnementales et de partis politiques qui s’intéressent aux questions environnementales. Nous avons déjà le Parti vert, mais il manque de cadres politiques et de financement. Les partis verts jouent un rôle important dans la réalisation des équilibres politiques et la formation des gouvernements dans les pays développés. Les initiatives communautaires des jeunes ou des spécialistes doivent également être encouragées pour trouver une solution aux problèmes environnementaux. Il faut aussi faciliter ces initiatives en les reliant aux projets susmentionnés et en les considérant comme une source de revenus individuels et nationaux. Il est indispensable d’investir la COP et de lancer de véritables politiques environnementales.

Le président Sissi a lancé la deuxième phase de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption 2019-2022 lors du Forum africain en 2018 à Charm Al-Cheikh. Cette stratégie s’inscrit dans la continuité de la première stratégie lancée par le président en 2014 et coïncide avec la Journée mondiale de lutte contre la corruption, le 9 décembre.

Les objectifs principaux de la nouvelle stratégie sont de soutenir la lutte contre la corruption pour répondre aux besoins du changement climatique. Il est question également d’activer la coopération internationale et régionale, ainsi que la participation de la société civile aux causes climatiques. La stratégie met en outre l’accent sur la nécessité de faciliter l’accès des organisations de la société civile à l’information afin qu’elles puissent jouer leur rôle dans la préservation de l’environnement sans porter atteinte à la sécurité nationale ou à l’intérêt public. Nous pensons que c’est une bonne occasion pour encourager les initiatives de la société civile et une chance pour les individus d’être armés de l’innovation nécessaire pour protéger le climat et améliorer les services fournis dans ce domaine. Il est question également de soutenir la loi de la propriété intellectuelle et d’ajouter des clauses se rapportant aux litiges de la propriété intellectuelle dans les questions de l’environnement. Tout ce qui précède nécessite des indicateurs de mesure de la performance. En effet, ce qui ne peut pas être mesuré ne peut pas être géré. Au cours de la prochaine Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques, l’Egypte passera en revue les efforts qui se sont concrétisés sur le terrain, qu’il s’agisse de plans, de politiques ou d’initiatives collectives ou individuelles.

Il est indispensable de mettre en application les bilans de la COP27 et de mettre en vigueur les demandes de la Stratégie nationale de la lutte contre la corruption dans tous les domaines, y compris ceux relatifs à l’environnement.

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