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Israël-Palestine : Une rencontre pour rien ?

Ines Eissa , (avec Agences) , Mercredi, 01 mars 2023

Dans un contexte de tension croissante qui perdure depuis plus de deux mois, Israéliens et Palestiniens, réunis à Aqaba, se sont accordés à observer une trêve de six mois. Dans les territoires occupés, la situation reste pourtant explosive.

Israël-Palestine : Une rencontre pour rien ?
Alors que se tenaient les discussions à Aqaba, la situation était explosive à Huwara en Cisjordanie, où des colons ont brûlé des maisons palestiniennes après la mort de deux Israéliens. (Photo : AFP)

C’est la première rencontre entre Palestiniens et Israéliens depuis des années. A défaut d’espérer relancer les négociations, l’objectif est simplement de tenter de mettre un terme à la spirale de violences dans les territoires palestiniens occupés. Réunis à Aqaba, en Jordanie, des responsables israéliens et palestiniens se sont engagés à prévenir toute nouvelle violence et à oeuvrer en vue d’une désescalade, selon un communiqué conjoint publié à l’issue de la rencontre qui a eu lieu dimanche 26 février. De hauts responsables jordaniens, égyptiens, israéliens, palestiniens et américains ont participé à cette réunion et, après des discussions approfondies et franches, ont réaffirmé la nécessité de s’engager dans la désescalade sur le terrain et de prévenir toute nouvelle violence, selon le communiqué final en huit points. Le gouvernement israélien et l’Autorité nationale palestinienne ont « confirmé leur volonté et leur engagement conjoints » d’agir immédiatement pour arrêter les mesures unilatérales pendant une période de trois à six mois.

Cela inclut un engagement israélien à « cesser de discuter de l’établissement de nouvelles unités de colonisation pendant une période de quatre mois et à ne pas légaliser les colonies sauvages » pendant une période de six mois, selon le texte. Dans ce communiqué, les participants ont également convenu d’aider les deux parties à établir une confiance mutuelle pour un dialogue direct. Les parties palestinienne et israélienne « travailleront de bonne foi pour assumer leurs responsabilités à cet égard », selon le texte. Les participants ont décidé de se réunir de nouveau dans la ville de Charm Al-Cheikh, en Egypte, en mars.

Violence persistante

Mais les deux parties ont vraisemblablement encore à faire de considérables efforts pour ramener le calme sur le terrain. Ces pourparlers surviennent sur fond de craintes d’un déchaînement de violences incontrôlable alors que le conflit connaît une nette escalade. Alors que la réunion était en cours, deux Israéliens ont été tués dans un « attentat » palestinien dans le nord de la Cisjordanie. Aussitôt après, un Palestinien a été tué par balles près de Naplouse, la ville cible d’un raid de l’armée israélienne qui a fait, mercredi 22 février, 11 morts palestiniens, selon le ministère palestinien de la Santé. Et, alors même que se tenait la rencontre d’Aqaba, des colons juifs se sont déchaînés en brûlant des maisons, des voitures et des magasins palestiniens. Un « acte de vengeance », disent-ils.

Un acte que Tel-Aviv ne décrit pas. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a appelé au calme dans une vidéo diffusée par son bureau. « Je vous demande, même si le sang est encore chaud et les esprits échauffés, de ne pas faire justice soi-même, mais de laisser les forces de sécurité accomplir leur mission », a-t-il dit. En réponse, le bureau du président palestinien, Mahmoud Abbas, a publié un communiqué accusant Israël de « protéger les actes terroristes perpétrés par des colons » dans cette zone de Cisjordanie. Aussi, dans un communiqué, Benyamin Netanyahu et son ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, annoncent qu’un comité ministériel a voté en faveur d’une « proposition de loi ouvrant la possibilité pour un tribunal d’infliger la peine de mort aux terroristes ».

Autant d’éléments qui ne promettent rien de bon. « La mise en application de l’accord ne serait pas sans difficulté, soit du côté palestinien ou bien du côté israélien », estime un diplomate qui a requis l’anonymat. Car, selon lui, « la coalition au pouvoir en Israël est basée sur des politiques extrémistes, alors que l’Autorité palestinienne semble perdre le contrôle de sa population, surtout parmi les jeunes ».

En effet, la participation à cette réunion n’a pas fait l’unanimité en Palestine. Le parti Fatah, du président palestinien Mahmoud Abbas, a assisté à la réunion « malgré la douleur et les massacres que le peuple palestinien subit » afin de « mettre un terme à l’effusion de sang », a-t-il expliqué sur Twitter.

Mais d’autres factions palestiniennes sont en désaccord avec cette décision. Le Hamas a ainsi condamné, dans un communiqué, la participation de l’Autorité palestinienne, jugeant « la rencontre avec les sionistes comme une rupture avec le consensus national palestinien, un mépris pour le sang des martyrs, une tentative ouverte de dissimuler les crimes de l’occupation et un feu vert pour commettre d’autres violations contre notre peuple, notre terre et nos lieux saints ».

Tout cela dans un contexte de montée des violences, notamment dans le nord de la Cisjordanie, où l’armée israélienne multiplie depuis près d’un an ses opérations. Depuis le début de l’année, plus de 60 Palestiniens sont morts.

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