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Ali Atef : Malgré le blocage actuel, une solution est possible dans les jours à venir

Sabah Sabet , Mercredi, 21 septembre 2022

Ali Atef, spécialiste des affaires iraniennes, revient sur les causes du blocage des négociations sur le nucléaire iranien, ainsi que sur les chances de parvenir ou pas à un accord.

Ali Atef

Al-Ahram Hebdo : Alors qu’on se disait proche d’un consensus sur le nucléaire iranien, l’Iran est à nouveau accusé d’être à l’origine du blocage. Qu’en est-il ?

Ali Atef: Téhéran a refusé le texte final présenté par les Européens. L’Iran est accusé de posséder trois sites nucléaires non déclarés, à proximité desquels ont été retrouvées de mystérieuses traces d’uranium. Une accusation lancée suite aux enquêtes du conseil des gouverneurs de l’AIEA. L’agence a demandé des explications à l’Iran, ce que Téhéran n’a pas fait, tout en dénonçant une affaire « sans fondement » et en demandant la clôture de l’enquête de l’AIEA. Il s’agit de l’ultime concession demandée par Téhéran avant d’accepter le texte. Bien que le président iranien, Ebrahim Raïssi, ait publiquement estimé que l’accord nucléaire n’aurait aucun sens sans la clôture de cette enquête, il paraît pourtant difficile d’imaginer que l’AIEA accepte d’abandonner l’une de ses missions essentielles. Pour les Européens, le manque de coopération récurrent de l’Iran avec l’AIEA signe un manque d’engagement et de transparence. Autre affaire qui a inquiété les négociateurs, l’annonce par l’Iran qu’il ne va pas baisser l’enrichissement de l’uranium, dont le niveau a dépassé celui déterminé par l’accord de 2015. A mon avis, Téhéran utilise l’arme de l’enrichissement de l’uranium comme carte de pression.

— L’approche des élections américaines de mi-mandat, prévues en novembre, ne constituent-elles pas aussi un facteur de ce blocage ?

— Certainement. Ce qui se passe aux Etats-Unis influence la voie des négociations et la relation avec l’Iran en général. Tous les acteurs de ce dossier attendent les élections américaines, car elles peuvent aboutir à la victoire des Républicains, plus sévères à l’égard de l’Iran et des négociations en cours, alors que les Démocrates sont plus flexibles et veulent parvenir à un consensus. Si les Républicains gagnent, les chances d’un accord seront bien minces. Pour les Iraniens donc, c’est une période hautement sensible et risquée. Ils veulent obtenir gain de cause dans les conditions qu’ils exigent, en même temps, il n’est pas dans leur intérêt de perdre du temps et de se trouver face à une victoire des Républicains qui signifierait un retour à la case départ. D’un autre côté, il y a un enjeu important: avec la guerre en Ukraine et la crise énergétique, les Européens ont besoin des hydrocarbures de l’Iran, ils espèrent donc un accord avant novembre. Donc, malgré le blocage actuel, je pense que l’Iran et tous les autres acteurs vont chercher une solution dans les jours à venir.

— Et qu’en est-il des pressions qu’exerce Israël pour empêcher un accord et qui se dit menaçant ?

— Ni Israël, ni quiconque dans la région, ne peut supporter le fardeau d’un conflit. Israël préfère plutôt mener des opérations spécifiques à l’intérieur de l’Iran, par exemple les assassinats ciblés, comme celui du scientifique Mohsen Fakhri Zada, ou le général Qassem Soleimani. Ces opérations ont un effet beaucoup plus grand que les affrontements directs. Israël ne s’engagera pas dans un conflit avec l’Iran que si l’Iran a la bombe atomique.

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