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Le statu quo maintenu au nord de la Syrie

Ines Eissa , (avec Agences) , Mercredi, 27 juillet 2022

Un sommet sur la Syrie a réuni, cette semaine à Téhéran, la Russie, la Turquie et l’Iran. Décryptage.

Le statu quo maintenu au nord de la Syrie

Vladimir Poutine est arrivé mardi à Téhéran pour des discussions avec ses homologues iranien et turc sur le conflit en Syrie, mais aussi sur la guerre en Ukraine. Le président turc était arrivé dans la capitale iranienne lundi soir et a eu des entretiens avec les dirigeants iraniens qui se sont dits opposés à une offensive turque au nord de la Syrie. Le sommet intervient quelques jours après la tournée du président américain, Joe Biden, au Moyen-Orient, où il s’est rendu en Israël et en Arabie saoudite. « Alors que le président turc voulait convaincre les Russes et les Iraniens du bien-fondé d’une attaque contre les Kurdes au nord de la Syrie, il a préféré au bout du compte négocier un accord avec la Russie permettant la libre circulation des exportations de blé et de gaz à travers la mer Noire. En procédant ainsi, Erdogan mise sur un exploit de dimension internationale », explique Dr Mona Soliman, chercheuse au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Erdogan a été reçu mardi matin par son homologue iranien, Ebrahim Raïssi, avant une rencontre avec le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. M. Khamenei a réitéré l’opposition de son pays à une éventuelle opération militaire turque en Syrie, la jugeant « préjudiciable » pour la région, selon un communiqué officiel.

Pas de feu vert pour Erdogan

La Turquie cherche à créer une zone de sécurité de 30 kilomètres à la frontière avec la Syrie et espérait obtenir le feu vert de l’Iran et de la Russie pour une nouvelle intervention armée dans le nord-ouest du pays. « Mais la persistance du statu quo en Syrie arrange Moscou et Téhéran », ajoute Soliman.

L’armée turque, présente au nord du territoire syrien limitrophe de la Turquie, a lancé entre 2016 et 2019, avec l’aide de supplétifs syriens, trois opérations d’envergure en Syrie. Elle veut lancer une nouvelle opération contre deux localités sous contrôle des Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde accusée par la Turquie d’être affiliée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme terroriste par Ankara. « Ces groupes sont un gros problème pour l’Iran et la Turquie et nous devons lutter contre ces organisations terroristes dans la solidarité et l’alliance », a indiqué, pour sa part, M. Erdogan lors d’une conférence de presse à Téhéran. « Je pense que le président turc a renoncé au feu vert qu’il voulait obtenir pour lancer cette attaque au nord de la Syrie », dit la chercheuse.

Le sommet tripartite a été l’occasion pour M. Erdogan de se réunir avec M. Poutine pour la première fois depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La Turquie, membre de l’Otan, a essayé de maintenir le contact avec les deux pays, proposant sa médiation à plusieurs reprises. Les deux dirigeants ont conclu un accord portant sur des mécanismes permettant les exportations via des couloirs maritimes sûrs de céréales d’Ukraine, bloquées dans ce pays par l’offensive militaire russe au risque de provoquer une crise alimentaire mondiale. L’accord, qui a été signé en fin de semaine entre la Russie, l’Ukraine, la Turquie et les Nations-Unies, vise à faire sortir par la mer Noire quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens à cause de l’offensive russe.

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