
Après l’échec des discussions de Doha, l’Onu a exhorté les Etats-Unis et l’Iran à collaborer à nouveau. (Photo : AP)
« Les perspectives d’un accord après Doha sont pires qu’avant Doha, et elles vont empirer de jour en jour ». C’est ce qu’a déclaré un haut responsable américain jeudi 30 juin, au lendemain des pourparlers indirects avec les Etats-Unis sur le nucléaire iranien tenus deux jours durant à Doha, capitale du Qatar, et qui n’ont abouti à aucun accord pour régler les différends restants dans le cadre des efforts internationaux visant à rétablir l’accord sur le nucléaire de 2015. Le responsable américain a exprimé la déception des Etats-Unis suite à l’échec des discussions.
Tentant de remuer l’eau stagnante, l’Union européenne, poussée par les répercussions de la guerre russe, a appelé aux pourparlers de Doha pour régler les différends restants dans le cadre des efforts internationaux visant à rétablir l’accord, officiellement connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (JCPOA), en vertu duquel l’Iran avait limité son programme nucléaire en échange d’un allègement des sanctions économiques imposées par Washington, mais malheureusement, l’échec de cette tentative a rejeté toute chance d’arriver à une issue.
La balle dans le camp iranien ?
Lançant la balle dans le camp de l’Iran, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, signataires du JCPOA, ont appelé Téhéran à la désescalade et « à revenir à une pleine coopération » avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). « Nous demandons à l’Iran de saisir sans plus tarder l’offre sur la table, qui profiterait au peuple et à la nation iraniens », a déclaré, jeudi dernier, à des médias l’ambassadeur français à l’Onu, Nicolas de Rivière, flanqué de représentants britannique et allemand, en ajoutant que le programme nucléaire iranien est maintenant plus avancé qu’à n’importe quel moment dans le passé. « Malheureusement, à notre connaissance, l’Iran a une fois de plus refusé de saisir l’occasion et, au lieu de cela, a formulé de nouvelles demandes étranges et irréalistes », a dénoncé l’ambassadeur français dans sa déclaration conjointe, alors que le Conseil de sécurité de l’Onu devait tenir dans la foulée une réunion régulière sur le dossier nucléaire iranien. Côté iranien, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a affirmé vendredi 29 juin que les négociations peuvent aboutir « si les Etats-Unis fournissent des garanties durables pour les avantages économiques de Téhéran ». Les Iraniens en ont fortement besoin, et même s’ils se montrent patients et que le conflit russe joue en leur faveur, l’Iran a fortement besoin de la levée des sanctions, surtout avec le mouvement de contestation à l’intérieur du pays dû à la crise économique. « Nous poursuivons nos efforts avec force et logique pour la levée des sanctions », a signalé Amir-Abdollahian.
« Le facteur temps est l’une des principales causes de l’échec de ces discussions. C’est un timing qui ne convient pas aux deux parties, même si toutes les circonstances poussent aux négociations », estime Dalal Mahmoud, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire et spécialiste des affaires iraniennes, en expliquant que l’Administration du président américain, Joe Biden, est confuse, surtout avec l’approche des élections sénatoriales américaines, qui auront lieu le 8 novembre prochain. Et ce, alors qu’il fait face au refus catégorique des Républicains de tout accord avec l’Iran, mais aussi d’une partie des démocrates. « Les Iraniens ne sont pas pressés, au contraire, ils gagnent du temps, d’autant plus que Téhéran a pu créer de nouvelles alliances avec l’Inde et le Venezuela, et actuellement, il tente de mener un rapprochement avec les Arabes à travers une médiation iraqienne », explique l’experte, qui ajoute que la tenue de ces discussions à l’approche de la visite de Biden dans la région n’est pas opportune.
Mais quel sera donc le sort des discussions après cet échec? Si la voie diplomatique est bloquée, l’option d’une escalade militaire est-elle possible, surtout avec les propos israéliens qui incitent les Etats-Unis à utiliser la force avec l’Iran? Non, répond l’analyste. « Aucune partie n’a envie d’entrer dans une guerre qui va troubler toute la région, au contraire, le recours à la guerre est une solution écartée », estime-t-elle. Et de conclure: « Je pense que le dossier nucléaire connaîtra une période de stagnation sans progrès, ni recul, au moins jusqu’à novembre prochain, date des élections sénatoriales américaines ».
Lien court: