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France : Réélection de Macron et boom de l’extrême droite

Elza Goffaux , (avec Agences) , Mercredi, 27 avril 2022

En France, alors qu’Emmanuel Macron a été réélu président dimanche 24 avril au terme du second tour des élections, l’extrême droite dépasse, pour la première fois, la barre des 40 % des suffrages.

France : Réélection de Macron et boom de l’extrême droite
Les législatives de juin constitueront un nouveau défi pour Macron, malgré sa victoire. (Photo : AFP)

Au pied de la Tour Eiffel, le président français, Emmanuel Macron, célèbre la victoire. Avec 58,2 % des voix contre 41,8 % pour sa concurrente, c’est la première fois sous la Ve République qu’un président est réélu hors cohabitation. Donné avec quatre points d’avance seulement à l’issue du premier tour, le président sortant a creusé l’écart avec Marine Le Pen, bénéficiant notamment du vote « barrage » face à l’extrême droite.

Dans son discours dimanche 24 avril, date du second tour de la présidentielle française, il s’est adressé à ses « compatriotes » qui ne l’ont pas élu en soutien à ses idées « mais pour faire barrage à l’extrême droite ». Il avait déjà mentionné ces électeurs lors de sa victoire en 2017, devant la pyramide du Louvre, où il promettait aussi que les Français n’auraient « plus aucune raison de voter pour les extrêmes » au terme de son mandat. A tort. Le parti du Rassemblement National de Marine Le Pen a enregistré dimanche son meilleur score à la présidentielle, avec près de huit points de plus qu’en 2017. Pour Marine Le Pen, c’est une « victoire éclatante », a-t-elle annoncé à la sortie des premiers résultats.

Le Rassemblement National, majeur parti d’opposition ?

Le 21 avril 2002, Jean-Marie Le Pen se qualifie pour le second tour de l’élection présidentielle française aux côtés de Jacques Chirac. Pour la première fois, l’extrême droite arrive aux portes du pouvoir et de nombreux Français se mobilisent pour faire barrage. Depuis, l’extrême droite gagne du terrain dans les urnes.

En oeuvrant à une dédiabolisation du Rassemblement National, Marine Le Pen renforce progressivement l’influence de son parti. Après l’échec de la campagne présidentielle de 2017, elle a fait campagne cette année sur la question du pouvoir d’achat dissimulant les positions d’extrême droite défendues par le parti, telle que la « préférence nationale », mesure remettant en question les fondements de l’Etat de droit. Lors de cette campagne présidentielle, elle a aussi souhaité adopter un rôle fédérateur et a promis dimanche soir qu’elle poursuivrait son « engagement pour la France et les Français » malgré son échec électoral.

L’incontournable débat de l’entre-deux-tours a été l’occasion de prouver cette nouvelle stratégie politique. Contrairement au débat d’il y a cinq ans, Marine Le Pen est apparue apaisée. Cependant, lors du débat, elle n’a pas été capable de s’imposer et de confronter Emmanuel Macron à son bilan présidentiel. Le président sortant s’est attaqué aux décisions politiques prises par Marine Le Pen en tant que députée, mais n’a pas abordé l’héritage historique et politique du parti. Il s’est adressé à Marine Le Pen comme à toute autre candidate, confrontant programmes et bilans, et ainsi contribuant à la progressive normalisation du parti d’extrême droite.

Lorsque les résultats du second tour tombent dimanche soir, Marine Le Pen voit la preuve que son parti s’est imposé comme force politique majeure une fois de plus. « Les Français manifestent ce soir le souhait d’un contre-pouvoir fort à celui d’Emmanuel Macron », a-t-elle expliqué, se qualifiant comme « opposition » au pouvoir présidentiel.

Marine Le Pen se dit prête à se lancer dans « la grande bataille électorale des législatives », à l’image de Jean-Luc Mélenchon, candidat de gauche radicale, qui appelle à un « troisième tour » qui le porterait au rang de premier ministre. Les élections législatives, qui se tiendront en juin prochain, héritent des enjeux de cette élection présidentielle. Trois pôles se font face : Emmanuel Macron cherchera à obtenir la majorité, la gauche devra déterminer s’il est l’heure de l’union et l’extrême droite souhaitera s’affirmer, au détriment des partis traditionnels socialiste et de droite républicaine.

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