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Abdel-Alim Mohamed : Préserver la mémoire est en soi une forme de résistance

Hanaa Al-Mekkawi , Jeudi, 11 mai 2023

Trois questions à Abdel-Alim Mohamed, consultant au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, sur le travail de mémoire que font les Palestiniens.

Préserver la mémoire est en soi une forme de résistance

Al-Ahram Hebdo : Comment les Palestiniens ont-ils pu, durant quatre générations, conserver la mémoire de la Nakba ?

Abdel-Alim Mohamed : Pour les Palestiniens, garder vivants les détails des événements de la Nakba est en soi l’un des moyens de faire face au projet sioniste. Préserver la mémoire est en soi une forme de résistance. Plusieurs générations de Palestiniens préservent les clés de leurs maisons qu’ils ont été forcés de quitter, que ce soit en 1948 ou en 1967. Ces événements incarnent la cause palestinienne sous tous ses aspects, tels que l’exil, la terre et le retour, Jérusalem et l’Etat. La Nakba est la clé pour comprendre la ténacité et la détermination des Palestiniens. Et cela remonte à plus de 100 ans, depuis la Déclaration Balfour en 1917, l’émergence du projet sioniste et l’arrivée successive de juifs en Palestine, etc. Et les actes de violence continuent d’être perpétrés jusqu’à aujourd’hui parce que l’intention de l’extrême-droite en Israël est d’enrayer la cause palestinienne, de s’emparer de tous les territoires palestiniens et de bloquer toute tentative de solution politique.

— Les récits des aïeux sont-ils suffisants pour rester déterminer à défendre ses droits ?

— Le pouvoir ne crée pas un droit, et le droit ici est lié à la terre, à l’histoire et à l’identité. Car le peuple palestinien vit sur cette terre depuis des centaines d’années, preuves à l’appui. Il suffit que le Palestinien croie qu’il s’agit d’un droit pour pouvoir le défendre, résister par tous les moyens et consolider son histoire dans les esprits, car elle découle d’une expérience vivante. Les Palestiniens ont été capables de construire leur récit national, de le transmettre oralement et par écrit, de l’enregistrer dans des centres d’étude et de le publier par tous les moyens de publication et la littérature palestinienne est devenue une forme de résistance.

— Qu’est-ce qui distingue la quatrième génération des précédentes ?

— La quatrième génération est celle qui façonnera l’avenir, et c’est une génération qui se distingue avec ses outils technologiques, ses médias sociaux, ses espaces ouverts, son service de transmission directe et sa transmission des nouvelles dès qu’elles se produisent sur terrain. Par conséquent, cette génération a combiné les expériences militantes héritées de la génération des parents et des grands-parents avec des experts qualitatifs et de nouvelles compétences modernes. Cela représente un défi majeur pour Israël. En plus de sa capacité à prendre l’initiative à tout moment, c’est aussi une génération qui est différente politiquement, car elle n’appartient ni au Fatah ni au Hamas et s’éloigne des luttes entre factions.

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