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Actions égyptiennes tous azimuts

Racha Darwich , Jeudi, 27 avril 2023

L’Egypte s’active sur tous les fronts pour assurer le rapatriement des Egyptiens du Soudan et tenter de désamorcer la crise.

Actions égyptiennes tous azimuts

Dès ce dimanche 23 avril, des dizaines de bus ont commencé à transporter les Egyptiens à travers le point de passage d’Arkin aux frontières entre l’Egypte et le Soudan. Cette action intervient à la suite de la formation d’une cellule de crise regroupant les ministères de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires étrangères, ainsi que des services de sécurité pour organiser le retour des Egyptiens du Soudan. Des sources égyptiennes ont confirmé qu’une étroite coordination est entreprise avec la partie soudanaise pour assurer des corridors sûrs et aider les pays amis à évacuer leurs ressortissants.

Dès le début de la crise, le ministère des Affaires étrangères a créé une salle d’opération et affecté des lignes rouges pour recevoir les appels téléphoniques des Egyptiens résidant au Soudan. Le ministère de l’Emigration, quant à lui, a posté sur sa page électronique un formulaire pour les 5 000 Egyptiens étudiant dans les différentes universités soudanaises, soit près de la moitié des Egyptiens résidant au Soudan. 3 000 seulement ont enregistré leurs données vu qu’une grande partie parmi eux était en vacances en Egypte en raison des congés du Ramadan et de l’Aïd Al-Fitr. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, l’ambassadeur Ahmed Abou-Zeid, les pays qui ont un grand nombre de ressortissants comme l’Egypte, dont 10 000 se trouvent au Soudan, ont besoin d’un plan précis, organisé et sûr pour assurer le processus d’évacuation vu la montée des dangers.

Dans ce contexte, les autorités égyptiennes ont établi une coordination avec les organisations civiles. C’est ainsi que dès leur arrivée à Arkin, les ressortissants sont accueillis par un centre de secours humanitaire où les groupes de secours du Croissant-Rouge égyptien présentent des services de soutien moral, des repas, des médicaments, des premiers soins, ainsi que des services de communication téléphonique. Un autre centre a été installé à Assouan dans le bureau du Croissant-Rouge pour accueillir les expatriés. Dans ce cadre, le Croissant-Rouge égyptien a établi une coordination avec les organisations de la Croix-Rouge au Soudan du Sud et au Tchad au cas où des Egyptiens auraient besoin de rentrer en Egypte. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié lundi soir, le nombre de ressortissants égyptiens évacués du Soudan est passé à 904. « Ce lundi, 134 ressortissants égyptiens ont été évacués du Soudan par avion et 334 autres par route, en coordination avec les autorités soudanaises », a déclaré Ahmed Abou-Zeid. D’autre part, le ministère a déploré la mort de M. Mohamed Al-Gharawi, attaché administratif adjoint à l’ambassade de la République arabe d’Egypte à Khartoum, qui a trouvé la mort lundi 24 avril, alors qu’il se rendait de son domicile au siège de l’ambassade pour suivre les procédures d’évacuation des citoyens égyptiens au Soudan. En effet, le corps diplomatique au Soudan ne quittera le pays qu’après le rapatriement de tous les expatriés, vu que l’ambassade et les consulats à Khartoum et au Port-Soudan, ainsi que le bureau consulaire à Wadi Halfa poursuivent leur action en vue du rapatriement des Egyptiens.

Plus tôt dans la semaine, les soldats égyptiens qui étaient présents au Soudan dans le cadre d’exercices militaires conjoints avec les forces armées soudanaises ont été rapatriés par trois avions militaires égyptiens qui ont atterri dans une base militaire soudanaise. Selon un communiqué militaire, l’évacuation des soldats a été effectuée grâce à une coordination entre les forces armées et les appareils sécuritaires égyptiens, des responsables soudanais, ainsi que des partenaires internationaux, selon les procédures sécuritaires prescrites par la Croix-Rouge internationale afin de respecter la souveraineté du Soudan et le principe de non-ingérence dans ses affaires internes. Selon ces mêmes procédures, d’autres éléments des forces armées égyptiennes sont arrivés au siège de l’ambassade égyptienne à Khartoum, dans l’attente de leur rapatriement quand les conditions le permettront. Dans ce cadre, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a présidé la réunion du Conseil suprême des forces armées qui a confirmé que la position de l’Egypte est de ne pas s’ingérer dans les affaires internes des autres pays et que l’Egypte est entièrement disposée à jouer un rôle de médiation en vue de parvenir à une solution rapide pour préserver le sang des Soudanais.

Initiatives multiples

Sur un autre volet, l’Egypte multiplie les initiatives depuis le début de la crise pour aider le Soudan à y mettre un terme. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi s’est entretenu avec le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, pour proposer une médiation entre les parties soudanaises. Le Caire a appelé les parties soudanaises à opter pour le dialogue afin de préserver le sang du peuple soudanais, ainsi que la stabilité et la sécurité du pays. L’Egypte et l’Arabie saoudite ont également appelé à une réunion extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe qui a confirmé être entièrement disposé à aider le Soudan à mettre un terme à sa crise. « Dès le début de la crise, l’Egypte s’est rapidement mise en action et sur tous les fronts pour un règlement pacifique », explique Ahmed Eleiba, expert des affaires militaires.

D’autre part, le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, s’est mis en contact avec des pays et des organisations européens, arabes et africains. C’est ainsi qu’il a reçu un appel téléphonique de son homologue des îles des Comores, Zahir Zou Al-Kamal, dans le cadre de sa présidence de l’Union Africaine (UA) pour discuter des évolutions de la crise et des moyens d’y mettre un terme. Il s’est également entretenu avec Moussa Fakih, président de la Commission de l’UA, Josep Borrell, Haut Représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le prince Faisal bin Farhan, ministre saoudien des Affaires étrangères, Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères, et Mahmoud Ali Youssef, ministre des Affaires étrangères djiboutien, dont le pays fait partie de la délégation présidentielle de médiation qui sera envoyée au Soudan par l’IGAD. Ces appels ont abordé les dernières évolutions de la crise et ont mis l’accent sur la nécessité de déployer tous les efforts possibles pour préserver la stabilité et la sécurité du Soudan. « Ces efforts reflètent le rôle de l’Egypte et ses priorités en matière de sécurité nationale. Car notre objectif est de préserver notre sécurité et nos relations avec un pays frère et voisin », conclut Ahmed Eleiba.

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