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Alexandrie, ville durable

Amira Samir , Mercredi, 30 novembre 2022

Le gouvernorat d’Alexandrie fait l’objet d’un vaste plan de développement urbain. L’objectif, entre autres, est de limiter l’impact des changements climatiques sur la ville, ses plages et son patrimoine. Explications.

Alexandrie, ville durable
(Photo : Karim Moustapha)

L’hiver alexandrin est à la porte. C’est en hiver que le charme d’Alexandrie est le plus fort. Nommée la «  perle de la Méditerranée », Alexandrie est non seulement une station balnéaire, mais aussi une station hivernale. Elle est la deuxième plus grande ville d’Egypte avec une population d’environ 4 millions d’habitants. Fondée par Alexandre le Grand vers 332 av. J.-C., Alexandrie est restée la capitale de l’Egypte pendant près de 1000 ans et était immensément prospère en raison de sa position commerciale stratégique entre la Méditerranée et la mer Rouge. L’ancienne ville a presque entièrement disparu. Ses quartiers royaux qui ne furent pas réduits en cendres par les guerres basculèrent dans la mer à cause des catastrophes naturelles. La cité connut une renaissance au XIXe siècle. Elle brilla de nouveau de mille feux et redevint l’un des ports les plus actifs et les plus cosmopolites de la Méditerranée.

Une stratégie à plusieurs volets

Malgré cette extraordinaire vitalité, Alexandrie est l’une des villes côtières les plus menacées par la montée de l’eau des mers. C’est pourquoi le gouvernorat est aujourd’hui sur tous les fronts pour limiter l’impact des changements climatiques et conserver le patrimoine et le caractère exceptionnel de la ville. En fait, la ville côtière connaît aujourd’hui une dynamique de développement sans précédent dans plusieurs domaines. Il s’agit d’un vaste plan de développement à plusieurs volets qui vise notamment à moderniser et à protéger les infrastructures et les installations sociales, historiques et culturelles, et à construire de nouvelles zones urbaines à la place des zones informelles. Ce plan comprend, entre autres, le lancement de projets d’investissement économiques et touristiques, ainsi que la restauration des plages d’Alexandrie en leur donnant un aspect esthétique.

Protection des côtes

Pour limiter l’impact des changements climatiques, le gouvernement a lancé des projets titanesques afin de protéger les plages, la corniche et le patrimoine alexandrin. Le plan de développement prévoit aussi le réaménagement de plages, surtout celles qui ont disparu à cause de l’agrandissement de la corniche ou en raison des changements climatiques. Mohamed Ghanem, porte-parole du ministère de l’Irrigation et des Ressources hydriques, explique qu’il est nécessaire de prendre des mesures proactives pour éviter les pertes humaines et les investissements. « L’élévation du niveau de la mer va se poursuivre jusqu’en 2100. Un tiers de la région du delta est exposé à d’importantes inondations. Ainsi, des milliers de blocs de béton ont été installés autour de la citadelle de Qaïtbay afin de briser les vagues et soutenir l’édifice. Dans le même but, d’autres blocs ont été placés tout le long de la corniche pour résister à la montée de l’eau et aux noyaux marins. Les travaux de protection de la plage ont pour objectif de protéger également les citoyens », souligne Ghanem.

Le gouvernorat d’Alexandrie avait lancé en 2003 un projet de protection des plages en coordination avec l’Autorité générale égyptienne pour la protection du littoral et le ministère de l’Irrigation et des Ressources hydriques, c’est ce qu’explique le général Mohamad Al-Chérif, gouverneur d’Alexandrie, dans son entretien à Al-Ahram Hebdo (voir page 4). « Un plan a été mis en place pour sécuriser les plages de la ville. Huit projets sont actuellement en cours d’exécution le long de la côte d’Alexandrie, avec un coût de 1,680 milliard de L.E. Ces projets visent à protéger la corniche des tempêtes et aussi à protéger les infrastructures et les installations historiques et culturelles telles que la forteresse de Qaïtbay et la Bibliothèque d’Alexandrie », explique le général Mohamad Al-Chérif, en soulignant que le gouvernement s’est bien préparé pour accueillir la saison des pluies. « Nous avons mis en place des solutions, dont certaines sont temporaires et d’autres permanentes. La stratégie intégrale de gestion des eaux pluviales a été lancée. C’est l’une des solutions les plus importantes qui devrait contribuer de manière significative à réduire l’impact des pluies dont témoigne Alexandrie chaque année en raison des changements climatiques. L’objectif est de profiter des eaux des pluies sans gaspiller une seule goutte d’eau pour dévier cette eau vers le nouveau delta », ajoute le gouverneur.


(Photo : Ibrahim Mahmoud)

Projets d’aménagement pour une ville durable

Ce développement vise non seulement à limiter l’impact des changements climatiques, mais aussi à assurer le développement durable d’Alexandrie. Le gouvernorat s’apprête ces jours-ci à inaugurer des projets d’axes routiers et de développement urbain. D’autres projets qui visent à préserver l’identité culturelle de la ville sont actuellement en cours, comme celui de « l’identité visuelle », un projet innovant visant à donner à la ville d’Alexandrie un nouvel aspect qui lie la noblesse du passé à l’originalité du présent. Halaqet Al-Samak ou le marché au poisson d’Anfouchi, le plus ancien de la ville, est aussi en cours de réaménagement (voir page 5).

Injecter de nouveaux investissements se trouve également au coeur de ce plan de développement. Ahmed Al-Wakil, directeur de la Chambre de commerce d’Alexandrie, explique que l’Etat a lancé un plan intégral pour le développement des zones industrielles. « Le gouvernorat d’Alexandrie est le centre de l’industrie, du commerce et des services. Il représente plus de 40% de l’industrie égyptienne et transporte plus de 60% du commerce extérieur de l’Egypte via son port international », indique-t-il.

Sur un autre volet et dans le cadre du plan de modernisation du gouvernorat, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a ordonné « d’accélérer les efforts pour finaliser les projets de développement de l’Est d’Alexandrie conformément aux normes mondiales », notamment la création de la nouvelle ville de 5e génération d’Abou-Qir. Ce sera la première ville égyptienne à être entièrement construite sur une île artificielle pour devenir une cité commerciale et d’investissement.

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