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L’Afrique face au stress hydrique

Amira Samir , Mercredi, 19 octobre 2022

Un rapport publié récemment par l’Organisation météorologique mondiale met en garde contre les risques liés à l’eau en Afrique, en raison des changements climatiques.

L’Afrique face au stress hydrique

«  Le stress hydrique qui sévit en Afrique touche actuellement environ 250 millions de personnes et pourrait entraîner le déplacement de 700 millions de personnes, d’ici 2030 ». C’est ce que vient de dévoiler le nouveau rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) sur l’état du climat en Afrique publié en septembre dernier. Il met l’accent sur les risques liés à l’eau et alimentés par les changements climatiques, tels que les sécheresses persistantes et les inondations dévastatrices. Les chiffres sont choquants: quatre pays africains sur cinq ne disposeront pas de ressources en eau gérées de manière durable d’ici à 2030. Les données exposées dans le rapport ont montré qu’au cours des 50 dernières années, les risques liés à la sécheresse en Afrique ont coûté la vie à plus d’un demi-million de personnes et entraîné des pertes économiques de plus de 70 milliards de dollars dans la région. « L’Afrique porte le poids du changement climatique et souffre de manière disproportionnée des résultats, bien qu’elle soit responsable d’environ 2 à 3% des émissions de gaz à effet de serre. L’impact du réchauffement climatique a perturbé les régimes de précipitations, diminué l’approvisionnement en eau et augmenté la fréquence des sécheresses et des inondations catastrophiques dans les pays du continent, qui ont connu l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées en 2021 », relève Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM.

Sécheresses, inondations et famines

En 2021, outre l’impact de la pandémie du Covid-19, l’Afrique a été frappée par un certain nombre d’événements à fort impact. Selon le rapport, le niveau de la mer avait augmenté le long des côtes africaines plus rapidement que la moyenne mondiale, exposant entre 108 et 116 millions de personnes aux risques d’inondations et de diminution de l’approvisionnement en eau en raison de la salinité, d’ici 2030. Plus de 1000 inondations et des catastrophes connexes ont été signalées en 2020 et 2021, faisant plus de 20000 morts. Ces graves inondations ont touché plusieurs pays africains, dont le Nigeria, la République du Congo, le Burkina Faso, la République Démocratique du Congo (RDC), le Burundi et le Soudan du Sud, qui ont enregistré pour la troisième année consécutive des inondations extrêmes après des pluies intenses au cours de la même période.

Par ailleurs, le changement climatique diminue les ressources d’eau douce sur le continent. La superficie totale du lac Tchad qui borde le Tchad, le Cameroun, le Nigeria et le Niger étant passée de 25000 km² dans les années 1960 à 1350 km² dans les années 2000.

Les graves sécheresses prolongées combinées à la hausse des températures et aux conflits qui durent ont aussi réduit la disponibilité et l’accès à la nourriture, plongeant des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire. La Corne de l’Afrique connaît actuellement sa pire sécheresse en 40 ans. « L’aggravation de la crise et la famine imminente dans la Corne de l’Afrique frappée par la sécheresse montrent comment le changement climatique peut exacerber les chocs hydriques, menaçant la vie de centaines de milliers de personnes et déstabilisant des communautés, des pays et des régions entières°», a averti Taalas. Et d’ajouter: « Les inondations et les sécheresses chroniques, ainsi que les autres risques liés au climat, tels que l’élévation du niveau de la mer et les phénomènes météorologiques extrêmes, continuent également de provoquer des déplacements à la fois à l’intérieur des pays et au-delà des frontières. Environ 14,1 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de l’Afrique subsaharienne en 2021, dont 11,5 millions en raison de conflits et de violences et 2,5 millions en raison de catastrophes°».

Recommandations

Dans son dernier chapitre, le rapport sur l’état du climat en Afrique a formulé plusieurs recommandations, notamment pour accroître la coopération transfrontalière, l’échange de données et le partage des connaissances. Mais le rapport de l’OMM a notamment mis l’accent sur la nécessité d’accélérer les efforts africains pour installer des systèmes d’alerte précoce qui prévoient l’approche de conditions météorologiques dangereuses, comme les crues, les sécheresses, les vagues de chaleur et les tempêtes.

Actuellement, seuls 40 % de la population africaine ont accès à de tels systèmes pour se protéger contre les conditions météorologiques extrêmes et les impacts du changement climatique. « Il est impératif que le continent accélère ses efforts pour mettre en place des systèmes d’alerte précoce et des services climatiques régionaux et nationaux solides pour les secteurs sensibles au climat afin de renforcer la résilience climatique et les capacités d’adaptation. La nécessité d’investir davantage dans l’adaptation est cruciale, tout comme l’est un effort concerté vers une gestion plus intégrée des ressources en eau°», conclut le rapport.

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