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Hicham Al-Halabi : On est sur la bonne direction après des épreuves difficiles

Ola Hamdi , Mercredi, 29 juin 2022

Le général Dr Hicham Al-Halabi, conseiller à l’Académie militaire Nasser, revient sur le concept de force globale de l’Etat au niveau militaire et les efforts de modernisation de l’armée au cours des 8 dernières années.

Hicham Al-Halabi

Al-Ahram Hebdo : L’armée égyptienne est la plus puissante du Moyen-Orient et d’Afrique, elle se classe au 12e rang mondial, selon le Global Firepower Index 2022 qui vient de paraître. Qu’est-ce que cela signifie ?

Hicham Al-Halabi: Le site Global Firepower classe les pays en fonction de leur arsenaux militaires uniquement et ne tient compte ni du niveau d’entraînement des armées, ni de l’expérience antérieure, ni d’ailleurs du type d’armement. Le site ne fait pas la différence par exemple entre un avion de troisième génération et un avion de cinquième génération. Par conséquent, les académies militaires ne comptent pas sur ce classement. Si l’on prend en compte le niveau d’entraînement de l’armée égyptienne, les nombreux exercices conjoints avec les grandes puissances militaires et l’expérience des guerres, le classement de l’armée égyptienne pourrait bien être supérieur. L’Etat accorde un intérêt à la modernisation globale des forces armées: toutes les armes ont été développées de manière à permettre à nos forces de se rendre à l’étranger et de parcourir de longues distances. Nous avons également des équipements importants comme les porte-hélicoptères Mistral et Rafale, considérés comme des armes stratégiques. L’Egypte a également réussi à fabriquer des pièces d’armement de haute technologie en coordination avec les fabricants mondiaux. Trois frégates Gowind ont été fabriquées en Egypte et elles comptent parmi les pièces navales les plus modernes. L’Egypte a organisé la première et la deuxième édition de l’exposition EDEX, qui a réuni un grand nombre d’invités, notamment des ministres de la Défense, ce qui a bien sûr donné du poids à la commercialisation des armes égyptiennes.

— Que pensez-vous de la stratégie de l’Egypte visant à renforcer la capacité globale de l’Etat ?

— Les capacités globales de l’Etat englobent les capacités économiques et politiques, mais aussi les capacités militaires qui protègent la stratégie de développement. Etre bien préparé militairement et posséder des systèmes militaires de pointe permettent de faire face aux hostilités, garantissent la survie de l’Etat et protègent les richesses et les ressources. On ne possède pas de politique étrangère efficace sans un fort soutien militaire. La politique étrangère est l’une des forces globales de l’Egypte. En outre, les réformes économiques sont l’un des acquis du 30 Juin. Notre économie a réussi à absorber les chocs du coronavirus et de la guerre en Ukraine. Je pense donc qu’on est dans la bonne direction après avoir connu des épreuves difficiles.

— Quel est l’impact de cette stratégie globale sur le plan militaire ?

— Certains considèrent les forces armées comme une arme uniquement. Il s’agit d’une grave erreur. L’arme est certes un élément principal, mais le combattant est l’élément le plus important. C’est pourquoi il faut multiplier les exercices militaires conjoints. Les armes modernes ont besoin d’une structure moderne qui permet au combattant de s’entraîner. C’est pourquoi un grand nombre de bases militaires ont été construites, comme la base Mohamad Naguib et la base de Bernice, toutes deux équipées de manière professionnelle. Nous avons une compréhension profonde de la stratégie militaire intégrale. C’est ce qui a conduit à notre réussite dans la lutte contre le terrorisme.

— Justement, comment les forces armées ont-elles réussi à éliminer le terrorisme ?

— Les forces armées ont présenté un modèle professionnel dans la lutte contre le terrorisme. Ses aspects les plus importants étaient l’opération globale Sinaï 2018, qui a eu lieu au niveau de l’Etat dans son ensemble en coopération avec la police, mais aussi avec les civils qui nous ont fourni des informations. L’opération globale s’est déroulée sur l’ensemble du territoire égyptien. Nous avons réussi à contrôler les quatre frontières de l’Etat, de sorte qu’aucun élément terroriste et aucun soutien, qu’il s’agisse d’armes ou de tout autre support, ne puisse entrer. L’un des signes de cette réussite est que le terrorisme systématique a complètement été éradiqué en Egypte et que le citoyen se sent en sécurité partout.

— Les forces armées participent également à des projets de développement. Cela affecte-t-il leur rôle principal qui est de défendre le pays ?

— Les forces armées ont supervisé certains grands projets et ont confié les travaux à des entreprises civiles, comme le projet de creusement du Nouveau Canal de Suez. La présence des forces armées a permis d’obtenir deux résultats: une grande qualité dans la mise en oeuvre des projets et une rapidité d’exécution des travaux. Ce rôle des forces armées n’a jamais affecté leur mission qui consiste à protéger l’Etat ou à protéger le potentiel économique au-delà des frontières, comme les champs de pétrole et de gaz. La réussite des forces armées dans la lutte contre le terrorisme est la preuve la plus frappante que ce rôle n’a pas été affecté. Elles ont réussi à éliminer le terrorisme et à contrôler les frontières tout en participant aux grands projets nationaux.

— Selon vous, quels sont les futurs défis militaires pour l’Egypte ?

— Le premier défi est que le terrorisme existe toujours, qu’il est toujours transfrontalier et qu’il y a encore des pays qui le parrainent. Bien que nous l’ayons vaincu, il est présent dans la région. C’est un défi futur, mais nous en sommes conscients et nous sommes prêts à l’affronter. Le deuxième défi est de protéger nos frontières maritimes et les champs de pétrole et de gaz, d’autant plus qu’il y a un conflit énergétique en Méditerranée orientale. Malgré cela, les forces armées sont fortes et capables de protéger les frontières sur de longues distances et pendant de longues périodes grâce au nouveau système d’armement.

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