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Sinaï : Le rendez-vous du développement global

Mohamed Mansour* , Mercredi, 20 avril 2022

L’Egypte célèbre, le 25 avril, le 40e anniversaire de la libération intégrale du Sinaï. La péninsule est aujourd’hui au seuil d’une nouvelle étape grâce à une politique globale combinant solutions sécuritaires et efforts de développement.

Sinaï : Le rendez-vous du développement global

Les célébrations de la libération du Sinaï rappellent chaque année aux Egyptiens l’exploit de l’armée égyptienne, qui a réalisé un véritable miracle. L’exploit revient aussi à la diplomatie égyptienne, qui a joué un rôle-clé dans la bataille politique suivant la guerre et qui a été couronnée par le départ du dernier soldat israélien de la péninsule du Sinaï le 25 avril 1982. Mais après la libération, le Sinaï a été confronté à de nombreux défis, dont le plus important était l’absence totale de plan de développement et la non-exploitation de ses richesses naturelles. Les raisons de cette omission sont multiples, allant des facteurs politico-économiques au climat régional et international. La forte détérioration sécuritaire qui a suivi a davantage retardé le développement et l’urbanisation de la péninsule.

Cette détérioration sécuritaire a suivi trois phases. La première a commencé lorsque le Hamas a imposé son contrôle sur la bande de Gaza en 2007. De nombreux tunnels ont alors été creusés le long de la frontière avec l’Egypte, ce qui a conduit à une hausse de la contrebande des produits alimentaires, des biens, des armes et des munitions, et favorisé le passage des individus.

La deuxième phase a commencé après la Révolution de Janvier 2011, qui a donné lieu à un grand effondrement du système égyptien de sécurité, en particulier dans la région du Nord-Sinaï, où le creusement des tunnels s’est intensifié permettant aux éléments terroristes de s’infiltrer à l’intérieur du pays. Cette détérioration sécuritaire s’est accrue après l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans qui ont apporté un vaste soutien aux groupes terroristes dans le Sinaï. Il s’agit alors de la troisième phase.

Mais après la chute des Frères musulmans, l’Etat égyptien s’est employé à faire face au défi sécuritaire dans le Sinaï. Il a envoyé dans la péninsule un grand nombre de troupes afin d’y mener une série d’opérations militaires et sécuritaires et de trouver une solution radicale aux 4 000 tunnels frontaliers. C’est ainsi que les autorités égyptiennes ont évacué les maisons situées à 1 km de la bande frontalière dans la ville de Rafah sur une longueur de 14 km, pour imposer leur contrôle sur cette zone et mettre fin aux dangers sécuritaires et économiques posés par ces tunnels.

Un plan de développement global

L’Etat égyptien a lancé parallèlement à la campagne sécuritaire un plan de développement global. Un budget record d’un demi-milliard de dollars a été alloué au développement du Sinaï, grâce auquel une série de projets de développement a été lancée avec l’objectif de créer des emplois pour les jeunes Sinaouis, d’ancrer l’idée que le Sinaï fait partie intégrante de l’Etat égyptien et d’effacer certaines convictions adoptées par la population du Sinaï en raison de décennies de négligence.

Le plan de développement global du Sinaï reposait principalement sur l’exploitation des atouts de la péninsule, surtout son emplacement géographique privilégié et ses ressources minérales. Le plan couvrait tous les aspects de la vie dans le Sinaï. Il s’agissait en premier lieu de relier la péninsule à toutes les autres régions du pays. Dans le passé, il n’y avait qu’un seul tunnel pour arriver au Sinaï (le tunnel du martyr Ahmad Hamdi), mais aujourd’hui, il y en a 5, à savoir les tunnels Tahya Misr (vive l’Egypte) à Ismaïliya, le tunnel du 3 Juillet au sud de Port-Saïd et le tunnel du martyr Ahmad Hamdi II, en plus d’un large réseau routier comprenant 26 nouvelles routes. Et ce, parallèlement au développement des ports et aéroports de la péninsule.

L’Etat égyptien a également tenu à ce que les habitants du Sinaï restent dans leurs régions, leur fournissant un logement décent et sûr. C’est ainsi qu’il a construit des villes entières, telles la nouvelle ville de Rafah, la nouvelle ville de Bir Al-Abd et la ville de Salam Misr. Des établissements éducatifs de haut niveau ont été créés au service des habitants du Sinaï, telles l’Université du Roi Salman avec ses trois branches et l’Université d’Al-Arich, ainsi que de nombreuses nouvelles écoles et de nouveaux instituts relevant d’Al-Azhar. Au niveau de la santé, plusieurs hôpitaux et centres médicaux ont été modernisés, alors que de nouveaux sont sous construction.

Dans le domaine de l’agriculture, l’Etat a pour objectif de cultiver près de 400 000 feddans au Sinaï. Pour y parvenir, il a lancé de nombreux projets hydriques, telles les stations de dessalement des eaux de mer au nombre de 20 dans le Sinaï, ainsi que des stations pour le traitement des eaux du drainage sanitaire et agricole (8 stations).

Grâce aux efforts de développement déployés au Sinaï, les citoyens vivant dans la péninsule se sentent désormais égaux aux autres citoyens égyptiens. Aujourd’hui, le Sinaï est enfin libéré, que ce soit par l’évacuation des forces d’occupation, par l’extermination du terrorisme ou par le lancement d’un véritable projet de développement global sur ses terres.

*Expert au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS)

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