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L’Egypte au cœur de la diplomatie régionale

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mercredi, 22 juin 2022

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu tour à tour cette semaine les rois de Bahreïn et de Jordanie et le prince héritier d’Arabie saoudite. Objectif : intensifier la coopération interarabe face aux défis régionaux.

L’Egypte au cœur de la diplomatie régionale
Le président Al-Sissi recevant le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamad bin Salman, à l’aéroport du Caire. (Photo : AFP)

Pour la première étape de sa tournée régionale, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamad bin Salman, est arrivé au Caire lundi 20 juin où il a été reçu par le président Abdel- Fattah Al-Sissi. « Les entretiens entre les deux dirigeants ont abordé les dossiers régionaux et internationaux d’intérêt commun, dans le cadre du profond partenariat stratégique entre Le Caire et Riyad », a déclaré le porte-parole de la présidence, Bassem Rady, soulignant que ce partenariat a pour objectif de « réaliser la sécurité, la stabilité, le développement et la paix conformément à une vision qui sert l’intérêt des deux pays, de leurs deux peuples et des deux nations arabe et islamique ». Outre l’Egypte, la tournée du prince héritier comprend aussi la Jordanie et la Turquie.

Dimanche, un sommet trilatéral avait rassemblé à Charm Al- Cheikh le président Abdel-Fattah Al-Sissi, le roi de Bahreïn, Hamad bin Issa Al Khalifa, et le roi Abdallah II de Jordanie. Au cours de cette rencontre, les trois dirigeants ont souligné la « nécessité » de développer la coopération trilatérale dans tous les secteurs afin de « répondre aux aspirations des peuples » et « renforcer la sécurité et la stabilité régionales ».

Il fut notamment question du prochain sommet régional qui se tiendra en juillet dans la ville saoudienne de Djeddah et auquel participera le président américain, Joe Biden. La cause palestinienne s’est également imposée aux pourparlers. Les trois dirigeants ont souligné l’importance de soutenir la solution des deux Etats conduisant à la création d’un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale. Ils ont également évoqué la lutte contre le terrorisme dans un contexte où la menace terroriste ne cesse de croître, notamment dans la région du Sahel.

Préparer le Sommet de Djeddah


Les dirigeants égyptien, jordanien et bahreïni ont souligné la nécessité de développer la coopération trilatérale dans tous les secteurs.​

Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, explique qu’un même objectif réunit ces visites, à savoir s’accorder entre dirigeants arabes sur les principales priorités et les principaux objectifs du Sommet de Djeddah, prévu le mois prochain. Cette rencontre, qui réunira le président Joe Biden, les 15 et 16 juillet, et un certain nombre de dirigeants arabes portera sur trois principaux dossiers, à savoir la crise énergétique, le dossier nucléaire iranien et la politique des pays du Golfe envers l’Iran et enfin les relations des pays arabes avec la Russie et la Chine. Selon Fahmy, « les pays arabes veulent former une position commune sur ces dossiers face aux propositions de Biden en insistant sur la sécurité régionale. Les pays arabes essaient maintenant d’adopter une politique commune ».

Fahmy rappelle que les pays arabes avaient auparavant rejeté une proposition américaine de créer un Otan arabe, où le premier ennemi serait l’Iran. Mais l’Egypte ne perçoit pas Téhéran comme une menace contrairement aux pays du Golfe. D’où la nécessité d’unir les visions sur ces dossiers stratégiques, explique Fahmy.

Elargir la coopération arabe

Avis partagé par le professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire, Hassan Salama, qui affirme que l’élargissement de la coopération arabe dans tous les secteurs est l’un des objectifs des deux sommets du Caire, afin de répondre aux aspirations des peuples arabes et renforcer la sécurité et la stabilité régionales. « Les deux réunions ont mis l’accent sur l’importance d’intensifier l’action arabe commune afin de faire face aux défis de la sécurité alimentaire, de la hausse des prix et des coûts de l’énergie », affirme Salama. Et d’ajouter : « La scène mondiale change. Nous sommes au début de la fin de l’hégémonie américaine et l’on se dirige vers un monde multipolaire. Les pays arabes sont aujourd’hui conscients qu’il est temps pour eux de créer de nouveaux équilibres internationaux face à ces changements. Il s’agit de ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier. C’est-à-dire qu’ils doivent absolument mener des relations équilibrées et garder le même espace de neutralité vis-à-vis des acteurs mondiaux influents, notamment les Etats- Unis, la Russie et la Chine. Plus important encore, ils doivent commencer à former leur propre force unie », conclut Salama.

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