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Omar Kamel : Tenace et touche-à-tout

May Sélim, Mardi, 19 octobre 2021

Musicien, vidéaste, photographe, écrivain, l’Egyptien Omar Kamel est un artiste multidisciplinaire. A la 9e édition du festival D-CAF, il est le curateur de l’installation de VR Oculus Quest.

Omar Kamel

Il est designer, vidéaste, photographe, musicien, écrivain de bande dessinée, joueur et critique des jeux de VR (Réalité virtuelle) … L’artiste versatile égyptien Omar Kamel n’est pas de ceux qui limitent leurs compétences. Au contraire, il jongle entre les différents domaines artistiques, fait simplement ce qu’il aime et est toujours à la page. Durant la 9e édition du festival D-CAF pour les arts contemporains au centre-ville, qui se déroule jusqu’au 22 octobre, Omar Kamel est le curateur de l’installation Oculus Quest (un casque de réalité virtuelle entièrement autonome et sans fil lancé par la société américaine Oculus VR). « Ma relation avec le festival D-CAF date de plusieurs années. L’installation que j’ai offerte au public cette année repose sur les derniers dispositifs et versions d’Oculus. Cette nouvelle version très répandue après le coronavirus permet à tout joueur de vivre dans un monde virtuel et d’y agir. L’installation comprend des jeux, des expériences interactives et des vidéos », lance l’expert en VR Omar Kamel. Il y a quelques années, il a créé la plateforme 6DOF (6 Degrees of Freedom, 6 degrés de liberté). Une plateforme avec une équipe de critiques et joueurs de VR. « Je suis un homme très attiré par les nouveaux médias. Je suis tombé amoureux du monde des jeux VR en jouant Saber Beat. Désormais, je m’intéresse aux nouvelles mises à jour et créations de VR. Mon fils Gabriel, âgé de sept ans, vit aux Etats-Unis. Je passe parfois quelque temps avec lui en faisant du minigolf en VR. Cela nous permet d’exercer quelques activités ensemble et d’en jouir », explique-t-il.

Omar Kamel pratique les jeux vidéo depuis les premiers jours de la ZX-81. Il était là pour le ZX-Spectrum, l’Atari ST, la Xbox 360, la PS4, et passe désormais son temps de jeu entre la PS4 et l’Oculus Quest. « Aujourd’hui, j’aime présenter au public les récentes mises à jour des jeux de VR et les différents logiciels et dispositifs parus dans le monde ».

Lorsqu’il était étudiant à l’Université américaine du Caire, Kamel aimait participer aux activités universitaires comme les ateliers de jeu et de théâtre organisés par Ahmed Al-Attar. « Al-Attar et moi, nous sommes des amis de longue date. J’ai collaboré avec lui dans différents projets artistiques. Dès le départ, je m’intéressais aux entraînements de jeu et de théâtre faits par Al-Attar à l’université. Je n’avais pas la passion des planches. Mais les répétitions, la position du comédien sur scène et les techniques d’improvisation stimulent mon imaginaire. J’aime plutôt l’ensemble des compétences que le comédien doit maîtriser. C’est dans ce sens que le théâtre et les arts de performance m’intéressaient », souligne-t-il.

Pourtant, ses études en psychologie ne le vouaient pas à un tel avenir. « A l’école, j’étais le type de l’élève paresseux. Mais, intéressé par l’Homme, j’aimais lire en psychologie. A l’université, la psychologie me paraissait une branche simple et facile ». Avant d’achever ses études, le métier du psychologue l’intéressait. Mais il a constaté que les psychiatres l’emportent de loin sur les psychologues en Egypte …

Les études finies, les arts et la vidéo l’attirent de plus en plus. « La troupe théâtrale fondée par Al-Attar à l’université s’est dissociée. Avec Amr Waked, Sally Al-Naggar, Maya Al-Qalioubi et d’autres, nous avons fondé une troupe. Plus tard, Waked et moi, nous avons fondé une société de production. Nous avons produit plusieurs vidéos et des campagnes de sensibilisation à l’enseignement pour des sociétés privées. De plus en plus le monde des chaînes satellites foisonnait. Et j’ai eu la chance d’être embauché à ART (Arab Radio & Television) en Italie », raconte-t-il.

Mais après deux ans, il choisit de retourner en Egypte. « L’Italie est belle. Et j’ai d’abord été superviseur de transmission, puis éditeur de vidéo et finalement développeur du site web de la chaîne. Mais parfois, j’étais choqué de voir que la programmation n’était pas respectée parce qu’une certaine personne influente voulait un film particulier et que la chaîne devait absolument le diffuser. Cette sorte d’intervention me bloquait ».

De retour en Egypte, Kamel produit quelques petites vidéos et retrouve sa passion pour la musique. Il jouait la guitare depuis son adolescence, mais se contentait de faire quelques bandes sonores. Avec son ami d’université Yanni Giovanos, il s’est lancé dans la composition, et tous les deux ont contribué à la sortie de Shabaka, un album de musique électronique. D’autres albums s’ensuivent : Sundance et Angel See. En même temps, Kamel écrit pour des revues artistiques des articles sur la musique.

La revue Carnival Arabia le charge de faire une enquête sur les styles écoutés par les Egyptiens à cette époque. Pour quelqu’un davantage accoutumé à la musique occidentale, vu qu’il a passé son enfance à l’étranger, il a fallu faire une longue recherche. Il a été surpris par les chansons égyptiennes. « A cette époque, j’ai eu l’impression que tous les albums suivaient une même tendance. Comme s’il y avait par exemple un groupe de paroliers et de musiciens déterminés qui font une dizaine de chansons chaque année et allaient les distribuer aux différentes stars. Ce qui fait que tous les albums se ressemblaient. J’ai voulu faire ma musique qui me ressemble ».

Kamel se met alors à écrire ses propres textes. 16 chansons étaient prêtes à sortir dans son album Mamnoue Al-Intizar (pas d’attente). Mais quelques semaines après, la révolution éclate. Entre 2011 et 2014, Omar Kamel est complètement absorbé par les bouleversements que vit le pays. « Trois ans de ma vie étaient à la place Tahrir. La révolution a eu de bons et de mauvais résultats. Nos espérances étaient plus grandes », lance-t-il. Puis il ajoute : « Mais, il faut savoir vivre et s’adapter ».

Son parcours comprend aussi l’écriture de bandes dessinées avec des illustrateurs professionnels et talentueux. « C’est un grand privilège d’avoir toujours des choses à faire et des projets à réaliser. A n’importe quel moment, je peux me mettre devant l’écran de l’ordinateur et écrire des articles, des nouvelles, etc., faire de la musique à travers les différents logiciels ou encore de la photographie. Il y a tant de choses dans ma tête et cela me donne une grande satisfaction. Je vis seul et mes occupations ne gênent personne », souligne Omar Kamel.

Depuis quelques mois, Kamel s’est mis à relancer son album que la révolution a freiné. Il a donc composé, écrit et chanté une sélection de dix chansons. L’album sera bientôt diffusé sur les plateformes musicales. « L’album s’intitule paradoxalement Mamnoue Al-Intizar, alors que moi-même, j’ai dû attendre dix ans pour l’achever. C’est ridicule ! Mais peu importe, moi-même je m’en moque », dit-il en éclatant de rire. « Je ne peux pas me définir en tant que chanteur professionnel. Certains critiques peuvent me définir comme chanteur de rap, d’autres comme chanteur de rock. Ce n’est plus mon affaire cette classification. Je fais simplement ce que j’aime », estime-t-il.

D’autres projets sont en cours : une série de bandes dessinées, des scénarios d’un film et d’un feuilleton destinés aux plateformes. Décidemment, Omar Kamel a plusieurs cordes à son arc.

Omar Kamel

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