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Annick Girardin : L’Afrique peut être le leader mondial de l’électricité verte.

Dalia Abdel-Salam, Lundi, 02 mars 2015

Annick Girardin, secrétaire d’Etat au Développement et à la Francophonie auprès du ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, s’exprime sur l’importance de la réunion de l’AMCEN.

Annick Girardin
Annick Girardin

Al-Ahram Hebdo : Quelle est l’importance de votre participation à la 15e session de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (AMCEN) et quel est le message que vous comptez transmettre aux ministres ?

Annick Girardin : 2015 est une année essentielle pour l’environnement en Afrique. Avec les objectifs du développement durable qui seront adoptés à New York, en septembre 2015, et la grande conférence de Paris sur le climat en décembre, nous avons deux rendez-vous essentiels. Notre objectif doit être « zéro carbone, zéro pauvreté ». C’est ce que je suis venu dire aux ministres africains. Nous avons 300 jours pour inverser la tendance sur le dérèglement climatique et trouver à Paris un accord sur le climat, pour limiter le réchauffement de la planète à 2°C. C’est une question de survie pour de nombreux Africains qui font déjà face aux impacts du changement climatique. Je pense au Sahel, où c’est la sécurité alimentaire qui est en jeu, mais aussi aux pays qui sont menacés par la montée des eaux. L’Egypte avec le Delta du Nil est un très bon exemple : des millions de personnes et une économie toute entière sont menacées, si nous n’inversons pas la tendance.

A Paris, il faudra que chaque pays s’engage, fasse son maximum pour réduire ses émissions, sans perdre de vue que si nous ne luttons pas en même temps contre la pauvreté, nous ne réussirons pas. L’Afrique est le continent qui est le moins pollué, et il est, pourtant, en première ligne. C’est pour cela que je me battrai pour qu’à Paris, l’Afrique trouve aussi des réponses concrètes pour tous ceux qui, sur le terrain, souffrent déjà des conséquences du dérèglement climatique.

— Selon vous, quelle est le plus grand défi environnemental qu’affronte l’Afrique et comment le surmonter ?

— Réussir l’accès à l’énergie pour tous avec des énergies renouvelables, c’est le plus grand défi pour le continent africain. Je suis aussi ministre du Développement, et dans chacun de mes déplacements en Afrique, je constate que si on veut la santé pour tous, si on veut l’éducation pour tous, il faut l’énergie pour tous. Le potentiel africain en énergies renouvelables est immense. Le solaire peut se développer presque partout, il y a aussi l’énergie hydraulique, avec un potentiel sous-exploité. L’Afrique peut être le leader mondial de l’électricité verte. C’est un défi qui me passionne, parce qu’il s’agit bien de démontrer qu’on peut en même temps sortir de la pauvreté et préserver la planète. Bien sûr, il y a d’autres grands chantiers : j’ai parlé de l’adaptation, mais il y a aussi la protection des forêts africaines et la lutte contre la désertification qui est un fléau pour le développement.

— Les pays développés jouent-ils le rôle attendu pour aider les pays en développement à s’adapter aux changements climatiques ?

— Notre première obligation, en tant que pays riche, c’est la solidarité. Cette solidarité, elle passe d’abord par des financements. La France a pris toute sa part en donnant 1 milliard de dollars au Fonds Vert pour le climat, dont la moitié ira pour l’adaptation des pays vulnérables. Cette solidarité, nous devrons aussi la renforcer. Nous en discuterons à Addis-Abeba, en juillet lors de la grande conférence sur le financement du développement. La France y soutiendra la création de financements innovants pour lutter contre la pauvreté et préserver la planète. Mais nous devons aussi mobiliser les entreprises. Car lutter contre le dérèglement climatique, s’adapter à ses impacts, c’est aussi la responsabilité des entreprises. Nous devons encourager les investisseurs à financer les énergies renouvelables, le transport propre. Ce sont de nouveaux marchés, avec derrière des millions d’emplois à l’échelle de la planète.

En matière d’adaptation, nous devons aussi faire avancer des choses très concrètes. Je souhaite notamment que toutes les populations vivant dans des zones exposées aux catastrophes naturelles, comme les tempêtes, les inondations, puissent disposer d’un système d’alerte. J’étais aux Philippines avec François Hollande il y a quelques jours. En 2013, le typhon Hayan a fait plus de 6 000 morts. Nous devons tout faire pour éviter que cela se reproduise, en Asie, en Afrique, et partout sur la planète.

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