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Mohamad Chaker : La crise de l’électricité ne sera pas résolue avant trois ans

Magda Barsoum, Mardi, 13 mai 2014

Le ministre de l'Electricité, Mohamad Chaker, revient sur la pénurie d'électricité. Selon lui, la solution nécessite la convergence des efforts des Egyptiens et des secteurs concernés.

Mohamad Chaker
Mohamad Chaker, ministre de l'Electricité.

Al-Ahram Hebdo : L’Egypte souffre depuis plusieurs années d’une grave pénurie d’énergie. Les coupures de courant sont de plus en plus fréquentes ... Comment entendez-vous résoudre ce problème, surtout à l’approche de l’été ?

Mohamad Chaker: C’est une véritable crise à laquelle nous faisons face et dont nous devons connaître les vraies dimensions sans rien exagérer ou minimiser. Ce que nous essayons de faire en ce moment, c’est réduire au maximum les coupures de courant. Nous avons certes un déficit, mais ce déficit ne dépasse pas les 1500 mégawatts, et peut même descendre sous la barre des 1 000 mégawatts si nous disposons de quantités suffisantes de carburant et si nous mettons en service les nouvelles centrales électriques. Celles-ci élèveront les capacités du réseau à 31000 mégawatts, pour une consommation de 27000 à 28000 mégawatts en plein été.

— Mais avons-nous les moyens de sortir de la crise? Quelle est la solution ?

— La stabilité du courant électrique durant les prochains mois dépendra de trois facteurs: les efforts consentis par le secteur de l’électricité, ceux consentis par le secteur du pétrole, et enfin les efforts des citoyens. Le gouvernement s’est engagé à fournir le carburant nécessaire pour produire l’électricité en important du carburant et du gaz liquéfié. Des mesures ont été prises pour importer du gaz et assurer les besoins des centrales électriques grâce à une coopération entre les ministères concernés, c’est-à-dire les ministères de l’Electricité, du Pétrole et des Finances.

— Quels sont les plans du ministère pour affronter les charges supplémentaires qui se répètent chaque été ?

— Notre plan cette année est basé sur l’augmentation des capacités du réseau. Nous allons augmenter de 3 000 mégawatts supplémentaires la capacité de la centrale du nord de Guiza, de 500 celle de Banha, de 650 celle de Aïn Al-Sokhna et de 650 la seconde unité de la centrale d’Abou-Qir, pour un coût total de près de 34 milliards de L.E. par an. Nous avons une coordination permanente avec le ministère du Pétrole, car l’objectif est le même: servir le citoyen. Le secteur du pétrole oeuvre à assurer ses besoins par l’intermédiaire de la production locale ou l’importation.

— Quel peut être le rôle des citoyens pour résoudre la crise ?

— La rationalisation de la consommation peut faire économiser près de 2000 mégawatts, ce qui permettrait de combler le déficit. Je conseille à qui veut acheter un climatiseur de ne pas s’en priver avec la chaleur torride de l’été. Cependant, je lui conseille de régler la température à 23 ou à 25°C et de n’allumer qu’un seul climatiseur pendant les heures de pointe. De nombreuses familles possèdent plus d’un appareil. Si nous n’en allumons que la moitié, nous économiserons 2000 mégawatts. Si chaque consommateur parmi les 29 millions du réseau électrique en Egypte éteint une lampe de 40 watts seulement, nous économiserons 1 200 mégawatts. C’est de cette manière que nous pourrons sortir de la crise.

— Pensez-vous donc que la crise soit résolue prochainement ?

— La crise ne sera pas résolue avant trois ans. Cependant, on peut l’atténuer pour que les citoyens ne souffrent pas, et ce, en reliant les nouvelles centrales au réseau avant l’été. Celles-ci devront assurer 3 000 mégawatts. Un fait qui permettra d’affronter le problème cet été. Nous aurons encore besoin de 1000 à 1200 mégawatts pour combler le déficit et répondre aux besoins, notamment durant les périodes de grande chaleur qui réduisent les capacités de générations des turbines.

— Quelles sont les solutions à long terme ?

— Il est indispensable d’encourager le secteur privé national ou étranger à participer à la construction des centrales électriques durant les prochaines années. Nous devons trouver des alternatives au gaz naturel en tant que carburant pour les centrales. C’est pourquoi nous devons aller de l’avant dans l’installation des centrales nucléaires. Nous devons également nous orienter vers l’utilisation du charbon dans les centrales.

— Certains prétendent que le manque de maintenance des centrales est à l’origine des coupures de courant électrique et de l’augmentation de la consommation de carburant. Qu’en dites-vous ?

— Ceci n’est pas vrai. Nous possédons 55 centrales et 225 générateurs. L’Etat a versé 700 millions de L.E. pour payer des entreprises internationales spécialisées dans la maintenance. C’est ainsi qu’a été effectuée une maintenance totale de toutes les stations, ce qui a largement contribué à une diminution de la consommation du carburant.

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