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Atef Helmy : J’ai réclamé que la Constitution renferme un article garantissant le droit de communications »

Osman Fekri, Mardi, 19 novembre 2013

Le ministre des Télécommunications et des Technologies de l'information, Atef Helmy, évoque les efforts déployés pour promouvoir ce secteur et affiche sa détermination à le défendre contre toute ingérence politique.

J’ai réclamé
Le ministre des Télécommunications et des Technologies de l'information, Atef Helmy

Al-Ahram hebdo : Commençons par les questions politiques. Avez-vous reçu une demande des autorités, sous le régime de l’ex-président, Mohamad Morsi, ou le régime actuel de transition, de couper ou de surveiller certaines communications?

Atef Helmy : Sous le régime du président Morsi, j’ai reçu à plusieurs reprises des demandes de couper certaines messageries instantanées de téléphone portable qui dérangeaient. Je les ai refusées fermement, insistant sur le fait que de telles mesures nécessitent une décision de la justice. Après le 30 juin, je n’ai eu aucune demande de surveillance ou d’interdiction que ce soit au niveau des téléphones fixes, portables ou Internet. Et ma position serait la même au cas où de telles demandes me parviendraient.

De telles craintes sont justifiées dans la mesure où pendant les 18 jours de manifestations, du 25 janvier au 11 février 2011, les communications des portables et via Internet ont été coupées. Pouvez-vous nous parler des circonstances dans lesquelles cette décision a été prise?

Ce qui m’intéresse c’est d’empêcher que cela se reproduise. Je crois que les responsables ont bien appris la leçon. De mon côté, j’ai réclamé que la nouvelle Constitution renferme un article garantissant le droit de communications. C’est très important au niveau individuel, social, national et international. Ceux qui accusent Internet et les sites de socialisation d’avoir « provoqué » la révolution, doivent aussi savoir que c’est la technologie de l’information qui garantira la prospérité des sociétés.

Le poste de ministre des Télécommunications a-t-il jamais été synonyme de surveillance, notamment en ce qui concerne Internet?

Jamais. J’ai toujours dit et répété que les télécommunications et Internet sont des lignes rouges. Le jour où cette ligne est franchie, je quitterai mon poste.

Cela dit, aujourd’hui on parle de lois permettant la surveillance des sites de socialisation et des peines de prison contre les internautes qui en font un « mauvais usage» …

Je n’ai pas été consulté à propos d’un tel usage des lois, et si c’est le cas ce serait très inquiétant. Je pense qu’il faut bien réfléchir et évaluer l’impact de telles mesures.

Pensez-vous que l’activation de ces lois soit préjudiciable au secteur des télécommunications en Egypte?

Je n’en suis pas encore informé, mais oui tout à fait. En tant que responsable d’importants investissements dans ce secteur qui représente un espoir pour l’Egypte de demain, je dois résister à cette tendance. Les responsables politiques doivent être conscients du contexte global et équilibrer les exigences sécuritaires avec les libertés personnelles.

Un scandale a touché les services de renseignements américains suite à des informations sur la mise sur écoute des communications de responsables européens. Est-ce que nous possédons la technologie qu’il faut pour contrer de telles incursions qui nous visent certainement nous aussi?

Il y a sûrement des mesures de protection des réseaux des téléphones fixes et portables, mais dans les limites de la technologie qui nous est disponible. Concernant Internet, nous avons le Centre de la sécurité de l’information, qui est très professionnel et que nous soutenons au niveau de l’expertise et des technologies pour développer son efficacité dans la lutte contre les incursions, dont aussi celles des hackers et des virus.

A quel point le secteur des télécommunications et des technologies de l’information a-t-il été affecté par les événements durant les 3 dernières années?

Il en a naturellement souffert, mais dans une moindre mesure par rapport à d’autres secteurs. Par exemple, les taux de développement étaient entre 17 % et 18 % avant la révolution du 25 janvier 2011. L’an dernier, nous avons réalisé un taux de 6 %. C’est relativement bien, même si c’est en dessous de nos ambitions. Cette année, on aspire à atteindre les 10 %. La régression est notamment due au fait que beaucoup d’entreprises étrangères opérant en Egypte ont réduit leurs investissements durant cette période. Nous essayons de le compenser en encourageant les entreprises égyptiennes à se tourner vers les marchés régionaux, notamment en Afrique et dans les pays du Golfe. Nous avons réalisé un certain succès dans ces efforts d’exportation.

Dans quelle mesure le développement de votre secteur influence-t-il l’économie en général?

Cela se traduit premièrement par la création d’emplois, en plus bien entendu de la contribution du secteur de communications dans le PNB qui était de 3,2 % l’an dernier et qui se situe aujourd’hui à 4,1 %. En outre, le développement de notre secteur dépend du développement de tout l’appareil bureaucratique de l’Etat et de la société toute entière. Des études suggèrent qu’une augmentation de 10 % des utilisateurs d’Internet entraîne 1,4 % d’augmentation du PNB et 10 000 emplois directs.

Le débit Internet à temps réel, c’est pour quand en Egypte?

Nous y travaillons suivant un plan précis. Aujourd’hui, seulement 2,5 millions d’Egyptiens utilisent la connexion Internet haut débit ADSL, ce n’est pas beaucoup. Il faut d’abord généraliser l’utilisation du haut débit pour les citoyens, mais surtout au niveau des institutions, notamment les écoles, les centres de recherches, les centres de jeunesse, les hôpitaux, etc. C’est l’objectif immédiat que nous souhaitons atteindre dans les deux années à venir et pour lequel nous consacrons des investissements à hauteur de 17 milliards de L.E.

Pour le service gratuit de navigation par GPS, sera-t-il bientôt disponible aux citoyens?

Bien sûr, mais il existe actuellement de nombreuses demandes de la part d’entreprises. L’élargissement de ce service nécessite une planification, parce que l’Etat doit garantir la qualité du service.

Ce service est-il déjà disponible ? Quelles sont les entreprises qui s’y intéressent?

Il y a 3 mois qu’il est disponible. Les entreprises sont notamment les firmes pétrolières, les banques, les services d’ambulance, les agences touristiques. C’est un outil important à un moment où les vols, le trafic, les agressions contre les touristes sont devenus fréquents

Quelle est la place de l’Egypte dans le domaine de la technologie de communications par rapport à d’autres pays, notamment asiatiques?

Les pays comme l’Inde, les Philippines, la Malaisie, le Brésil ou la Chine ont commencé à envahir ce domaine bien avant nous. Mais l’Egypte a une bonne réputation en Europe et dans le Moyen-Orient, grâce à son emplacement géographique, sa main-d’oeuvre qualifiée et son importante infrastructure comme le Village intelligent au 6 Octobre ou le Village technologique à Maadi. De son côté, le gouvernement fait de son mieux pour attirer davantage d’investisseurs.

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