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Abdel-Azim Hammad : La vraie garantie de la réussite du dialogue est que le pays en a besoin

Samar Al-Gamal , Mercredi, 31 août 2022

Abdel-Azim Hammad, membre du Conseil du dialogue national, revient sur l’organisation et les résultats attendus de cet événement.

Abdel-Azim Hammad

Al-Ahram Hebdo : Après l’appel du président Abdel-Fattah Al-Sissi à un dialogue national, un conseil d’administration de 19 membres a été formé. Quel est le rôle de ce Conseil ?

Abdel-Azim Hammad: Le conseil a été formé par accord entre les représentants du Mouvement démocratique civil (opposition) composé de 12 partis, dont notamment le parti Démocratique égyptien, le parti d’Al-Karama, l’Alliance populaire et l’Alliance socialiste, ainsi que des personnalités publiques.

Les négociations ont lieu principalement entre des représentants de l’Etat et ceux de ce mouvement, notamment l’ancien candidat présidentiel, Hamdine Sabahi, et Farid Zahran, président du parti démocratique. Les responsables de l’Etat, dont Diaa Rashwan, sont entrés en contact avec Sabahi et Zahran et il a été convenu de former ce conseil d’administration. Dans un communiqué officiel au nom du Mouvement civil, celui-ci a exigé un ensemble de garanties en prélude au dialogue, dont la nomination d’un secrétaire général du dialogue, qui doit être une figure appréciée de toutes les parties, jouissant du respect de l’opinion publique et qui soit en même temps indépendant. Nous avons alors proposé le nom du professeur et médecin Mohammed Ghoneim, qui a opposé une fin de non-recevoir et il a été décidé de nommer un coordinateur et un conseil d’administration.

L’une des exigences était qu’il y ait égalité dans le nombre de participants entre les deux parties du dialogue. Le pouvoir a rejeté cette répartition et a proposé une autre répartition, à savoir les partisans, les opposants et le centre. Le centre comprend des personnalités indépendantes, dont certaines sont plus proches de l’opposition et d’autres plus proches du pouvoir. L’idée est de créer une sorte d’équilibre.

— Quelle sera donc la prochaine étape ?

— Les principaux axes du dialogue, politiques, sociaux et économiques, ont été identifiés. Des commissions seront formées et des rapporteurs et des assistants seront nommés pour chaque axe. Les commissions seront également réparties entre l’opposition et le pouvoir. C’est-à-dire que si le chef d’une commission vient du pouvoir, l’assistant doit être de l’opposition et vice-versa.

— Comment ces 3 axes sont-ils discutés en détail ?

— Nous avons décidé de former 3 commissions pour discuter du dossier politique, 5 pour le dossier économique et 7 pour le dossier social.

L’axe politique comprend la participation politique, la représentation parlementaire, les partis politiques, les municipalités, les droits de l’homme et les libertés publiques.

L’axe économique examine l’inflation et la hausse des prix, la dette publique, le déficit budgétaire, les investissements publics, la politique relative aux propriétés de l’Etat, l’investissement national privé et étranger, l’industrie et l’agriculture, la sécurité alimentaire et la justice sociale.

Quant à l’axe social, il comprend l’éducation, la santé, les questions démographiques, la famille, la culture et l’identité nationale.

Les 19 membres du Conseil seront-ils eux-mêmes les présidents des commissions ?

— Non, nous choisirons les présidents des commissions en fonction des nominations qui nous sont présentées par les partis politiques. Celle-ci devaient avoir lieu samedi dernier, le 25 août, mais la réunion a été reportée au 5 septembre en raison de la maladie de Diaa Rashwan.

— Outre l’équilibre que vous avez évoqué, y a-t-il d’autres garanties qui ont été requises pour le dialogue ?

— La garantie la plus importante est celle qui concerne les politiciens condamnés à la prison et ceux en détention provisoire. Une amnistie doit être accordée par le président de la République au premier groupe. Le chef de l’Etat a créé un précédent en amnistiant l’activiste et membre du parti d’Al-Karama, Hossam Moénis, le jour même de sa rencontre avec Hamdine Sabahi. Le sort du deuxième groupe relève du procureur général, qui doit les renvoyer devant un tribunal pour proclamer leur libération.

— Ce dossier a-t-il été discuté au sein du conseil d’administration du dialogue ?

— Nous l’abordons à chaque session et personne ne s’y oppose. Cela se répétait constamment dans les points de presse du Coordinateur général et une liste de noms a été présentée au pouvoir depuis les négociations préliminaires du dialogue, par Hamdine Sabahi et Farid Zahran, et ils ont reçu des promesses d’une percée imminente et de la libération d’un nombre important de prisonniers. Mais ceux qui ont été libérés jusqu’à présent ne dépassent pas les 15 personnes. En tout cas, il y a une décision au sein du mouvement civil selon laquelle l’opposition ne participera pas au dialogue proprement dit tant que la garantie de la libération des condamnés politiques n’est pas respectée.

— Ce dossier peut-il, selon vous, faire échouer le dialogue ?

— Oui. Et nous rappelons à chaque réunion qu’il s’agit d’une garantie convenue au préalable et la décision de poursuivre ou non le dialogue en dépend.

— Ceci concerne le coup d’envoi du dialogue, mais quelle est la garantie que les résultats du dialogue seront mis en oeuvre ?

— Si tout se passe bien, il y aura des propositions d’amendements législatifs et de nouvelles lois, mais l’unique garantie est que le dialogue se tienne conformément à la volonté du président lui-même, que des recommandations lui seront soumises et qu’il assistera à la dernière séance du dialogue. Mais de manière réaliste, la vraie garantie est que le pays a besoin de ce dialogue et que, selon les déclarations du président, les priorités étaient différentes au cours de la période passée, et il n’y avait pas de temps pour un dialogue, mais à présent, il est temps de créer des espaces communs, et cela signifie qu’il est impossible pour le pays de continuer au même rythme. Il faut mettre fin à l’exclusion et aux poursuites policières et essayer de normaliser la vie politique. La vérité est qu’il y avait des attentes immenses au début que le dialogue règle tous les problèmes au moyen d’amendements constitutionnels ou d’un gouvernement de coalition, mais on n’en est pas là.

En fait, le maximum que nous puissions espérer est de parvenir à des mécanismes pour mettre fin à l’exclusion, notamment la levée des restrictions imposées aux partis politiques et à la société civile et garantir la liberté de la presse et la liberté d’expression.

Si on y parvient, peut-être que, dans un climat relativement différent et plus calme, nous pourrons organiser de vraies élections dans certains gouvernorats ou dans des secteurs limités au sein des gouvernorats, et cela nécessite le changement de la loi électorale et un retour au scrutin proportionnel ou au scrutin mixte.

— C’est ce que vous voulez atteindre en politique, qu’en est-il du dossier économique ?

— Nous espérons trouver des solutions pour parvenir à un certain degré d’équité fiscale, avec l’imposition d’un impôt sur la fortune et des impôts progressifs sur les revenus et la réduction de la taxe sur les ventes, ce qui amènerait à une baisse des prix. Rationaliser les ressources et ajuster légèrement le marché peut améliorer la situation économique. Ceci sera un grand exploit, mais je ne pense pas que le dialogue puisse résoudre les problèmes de la dette, des prêts et de la vente des biens de l’Etat.

— Y a-t-il des dossiers qui, d’emblée, ont été écartés des discussions ?

— Il n’y a que l’amendement de la Constitution et la présence des Frères musulmans en tant que groupe terroriste, mais à part cela, tous les dossiers sont sur la table, y compris celui de la sécurité nationale qui sera discuté lors d’une séance close.

— Quand le dialogue commencera-t-il ? Et quand prendra-t-il fin ?

— Nous commencerons immédiatement après la formation des commissions, ce sera la semaine prochaine et nous nous attendons à ce que tout se termine d’ici la fin du mois de septembre.

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