Al-Ahram Hebdo : Comment expliquez-vous l’insistance américaine sur le fait de reprendre les négociations de paix ?
Barakat Al-Fara : Les Etats-Unis sont l’auteur de la solution des deux Etats, qui date de plus de dix ans. Cependant, rien n’a abouti à cause de l’intransigeance israélienne et de l’absence de pression américaine. Aujourd’hui, ils tentent d’ouvrir une voie à une reprise du processus, mais les difficultés sont colossales.
Israël continue à refuser le processus de paix juste et global, qui assure la paix et la sécurité et qui ne peut se réaliser que par le retrait israélien de tous les territoires palestiniens occupés en 1967. Nous n’accepterons de revenir à la table des négociations que selon nos conditions, c’est-à-dire mettre un terme à la colonisation, instaurer l’Etat palestinien selon les frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem comme capitale, résoudre le problème des réfugiés conformément à la résolution 194 du Conseil de sécurité et libérer tous les prisonniers politiques des geôles de la force d’occupation.
— Que pensez-vous de la proposition arabe consistant en un échange de terres occupées de Jérusalem et de Cisjordanie, contre des terres agricoles de Gaza ou ailleurs ?
— Je suis complètement contre. Aucun échange de terres ne sera effectué avant la résolution finale. Cette proposition a été présentée lorsqu’Ehoud Olmert se trouvait à la tête du gouvernement israélien de sorte que les terres échangées ne dépassent pas 1,5 % à 1,9 % de la superficie de la Cisjordanie. De plus, la résolution finale sera soumise à un référendum.
— Où en est la réconciliation palestinienne ?
— Malheureusement, elle n’avance pas. Nous attendons toujours que le Hamas réalise que la réconciliation est dans l’intérêt majeur du peuple palestinien. Nous devons mettre un terme à la division et placer l’intérêt du peuple palestinien au-dessus des intérêts partisans. La réconciliation a besoin d’une volonté que le Hamas n’a toujours pas démontrée.
— Le Hamas accuse Abou-Mazen de se soumettre aux pressions américaines ...
— Le Hamas a perdu de son crédit et a renoncé à la résistance, mais il veut dire qu’il est encore là, et émet des accusations erronées. Le président Abou-Mazen ne s’est pas plié aux pressions américaines et israéliennes, sinon il ne serait pas allé aux Nations-Unies pour arracher de 138 pays la reconnaissance de l’Etat palestinien, ni au Conseil de sécurité pour mettre un terme à la colonisation et la considérer comme illégale. Il n’aurait pas non plus suspendu les négociations avec la partie israélienne pendant de longues années. C’est le Hamas qui s’est plié aux pressions américaines et israéliennes par son dernier accord avec Israël et son acceptation de placer sur un pied d’égalité la résistance légitime et les agressions israéliennes contre le peuple palestinien.
— Pensez-vous que le Printemps arabe ait eu un effet positif ou négatif sur la cause palestinienne ?
— De quel printemps parlez-vous ? Jusque-là, on n’a vu aucun printemps et nous attendons toujours qu’il arrive, avec son soleil et ses fleurs !
— Quelles conséquences les dernières évolutions en Egypte auront-elles sur les relations égypto-palestiniennes ?
— Les relations égypto-palestiniennes demeureront à jamais de fortes relations stratégiques. Il s’agit d’une relation entre deux peuples frères réunis par des objectifs et des espoirs communs. La visite du président Mahmoud Abbas au Caire confirme la solidité et la profondeur des relations entre les deux pays. L’Egypte a toujours parrainé la réconciliation palestinienne et les négociations avec la partie israélienne.
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