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Magued Georges : L’Egypte a le potentiel de produire un médicament de A à Z

May Atta, Mardi, 22 octobre 2019

Magued Georges, président du Conseil des exportations pharmaceutiques, revient sur les moyens de développer l’industrie des médicaments en Egypte.

Magued Georges

Al-Ahram Hebdo : Où se situe l’Egypte sur la carte de l’industrie pharmaceutique ?

Magued Georges : Selon les chiffres, le marché pharmaceutique représente environ 60 milliards de L.E. alors que les exportations de médicaments égyptiens ne dépassent pas les 850 millions de L.E., c’est-à-dire 1,4 % du marché pharmaceutique. Pour promouvoir les exportations pharmaceutiques, le conseil élabore un plan stratégique destiné à augmenter les exportations à 5 % d’ici 2030. Il s’agit notamment d’ouvrir de nouveaux marchés en Afrique en installant des bureaux dans les pays africains qui ont pour rôle de promouvoir les médicaments égyptiens.

— Pourquoi l’industrie pharmaceutique locale importe toujours 95 % des composants médicamenteux ?

— La production des matières premières nécessite un budget colossal pour faire des essais cliniques et avoir les moyens de le faire. Pour le moment, l’Egypte ne dispose pas de ces moyens. Or, il existe 154 usines pharmaceutiques, dont 146 sont privées et les 8 autres sont publiques. L’industrie des médicaments ne dépend pas seulement des matières premières et des composants chimiques. Il faut aussi voir la recette du médicament qui correspond à l’ensemble des substances qui entrent dans sa composition. Les experts pharmaceutiques égyptiens déploient beaucoup d’efforts afin d’achever une formulation parfaite. L’Egypte a le potentiel de produire un médicament de A à Z, mais il faut que l’Etat soutienne davantage ce secteur.

— Que peut donc faire le gouvernement ?

— La consommation des médicaments en Egypte ne représente que 0,2 % du marché mondial, ce qui n’encourage pas à développer l’industrie pharmaceutique en Egypte. Pour encourager cette industrie, l’Etat doit arrêter de déterminer les prix des médicaments. Le fait de déterminer les prix des médicaments n’encourage pas les compagnies privées, qui représentent la majorité de cette industrie, à augmenter le budget des recherches. Les 146 compagnies privées ont besoin de réaliser des bénéfices pour se développer et avancer. D’ailleurs, il faut accélérer la promulgation de la loi sur les essais cliniques pour encourager les innovations pharmaceutiques. Les compagnies pharmaceutiques internationales qui vont participer aux essais cliniques en Egypte formeront les nouveaux cadres égyptiens, ce qui pousse l’industrie pharmaceutique vers l’avant.

— Mais la classe pauvre et moyenne ne peut pas supporter les prix des médicaments sur un marché libre, quelle est, selon vous, la solution ?

— C’est le rôle de l’Etat de protéger les classes moyennes et pauvres. L’Etat possède 8 compagnies publiques et il a le devoir de fournir aux citoyens incapables et à revenus limités les médicaments à bas prix. Ce genre de compagnies ne doit pas avoir pour but de réaliser des bénéfices, mais de fournir aux gens incapables les médicaments. L’Etat peut utiliser les taxes comme dans les cigarettes et autres pour financer la production des médicaments destinés à la classe pauvre et moyenne. L’Etat doit protéger ces compagnies de la privatisation pour qu’elles soient au service des classes pauvres et moyennes.

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