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Rene Awambeng : Les entreprises égyptiennes ont réussi dans les projets transfrontaliers en Afrique

Marwa Hussein, Mardi, 22 mai 2018

Rene Awambeng, directeur des relations avec les clients auprès de la banque africaine d’import-export (Afreximbank), évoque le support que la banque offre aux Etats membres à l’occasion du 25e anniversaire de la banque. Entretien.

Rene Awambeng
(Photo : Ahmad Aref)

Al-Ahram Hebdo : Quel est le mandat de la banque et quelle est sa stratégie future ?

Rene Awambeng : La banque a été créée afin de soutenir le commerce et l’infrastructure dans le continent africain. La banque opérait au Caire avec succès depuis 25 ans. Le 12 mai, nous avons célébré le jour où les pères fondateurs ont signé l’accord d’établissement de la banque. En 2017, le conseil d’administration de la banque a approuvé une stratégie qu’on appelle « Impact 2021 ». C’est une stratégie de cinq ans qui comprend quatre piliers. Le premier vise à promouvoir le commerce interafricain, nous supportons les entreprises égyptiennes qui exportent vers l’Afrique subsaharienne ou l’Afrique du Nord ou l’Afrique de l’Est. C’est une initiative stratégique de la banque. Le deuxième pilier est de développer l’exportation et l’industrialisation parce que beaucoup de pays africains produisent des matières premières et nous les supportons afin qu’ils les transforment en produits manufacturés pour créer une valeur ajoutée et pouvoir les exporter et réduire leur dépendance sur l’importation ainsi que sur des devises étrangères. Le troisième est le « Trade Finance », nous soutenons des banques et des entreprises dans le business d’importation et d’exportation. Finalement, nous soutenons des projets dans le domaine d’énergie vu son importance pour l’industrialisation du continent.

— Quel est le niveau de coopération entre la banque et l’Egypte et quels sont les domaines qui bénéficient de l’aide de la banque en Egypte ?

— La contribution de la banque à l’économie égyptienne a été significative durant ses 25 ans et nous avons également reçu un fort soutien financier du gouvernement égyptien depuis la création de la banque. Au total, la banque a offert à l’Egypte un financement cumulatif de 14,1 milliards de dollars et elle a déboursé plus de 9 milliards de dollars. La contribution de la banque à l’Egypte est actuellement d’environ 1,5 milliard de dollars offerts à la Banque Centrale, aux institutions financières et aux entreprises nationales, ainsi qu’aux entreprises privées dans le domaine du commerce et de l’infrastructure. Nous avons aidé des entreprises égyptiennes à développer leurs activités dans le continent africain, nous les avons introduites aux gouvernements africains et elles ont pu décrocher des contrats. Nous continuons à avoir des engagements avec des entreprises égyptiennes dans des projets de transport, d’énergie, dans les chemins de fer, la pétrochimie, l’importation et l’exportation. Nous travaillons également avec des petites et moyennes entreprises et d’autres entreprises pour explorer d’autres moyens de coopération.

— En 2016, l’Egypte bénéficiait d’environ 40 % du portefeuille de crédit de la banque, quels sont les domaines que la banque finance en Egypte et pourquoi avez-vous accordé à l’Egypte ce ratio important ?

— Durant la crise financière en 2015-2016 marquée par la volatilité des prix des matières premières, beaucoup de pays africains ont souffert à cause de la baisse des prix des matières premières ou les revenus du tourisme, la banque a mis en place des programmes de soutien à ces pays. L’Egypte a largement bénéficié de ces programmes, ce qui a augmenté les contributions de la banque à l’Egypte. Notre support a été offert à différents secteurs comme celui des services financiers, des banques, des entreprises qui exportent des produits manufacturés, des produits agricoles, des produits électroniques et des équipements. On a aussi financé de grands projets de construction en Egypte comme celui du Canal de Suez. En 2017, avec l’amélioration de la situation économique dans le monde, l’Egypte a remboursé une grande partie de ces prêts et l’exposition de la banque à l’Egypte a baissé à 18 %.

— Les échanges commerciaux entre l’Egypte et les pays africains sont sous-développés, que peut-on faire pour les renforcer?

— Si nous jetons un coup d’oeil sur le commerce interafricain, nous trouverons que les entreprises égyptiennes ont particulièrement réussi dans le secteur de la construction et les projets transfrontaliers en Afrique. Les entreprises égyptiennes sont remarquables dans la construction, le génie civil et les projets électriques. Elles ont mené des travaux en Afrique de l’Est, l’Afrique centrale et l’Afrique du Sud entre autres. Le volume du commerce interafricain est d’environ 16 %, accroître ce volume est parmi nos priorités. Certainement, nous pouvons travailler avec l’Egypte et c’est la raison pour laquelle nous travaillons avec des agences égyptiennes qui opèrent dans le domaine de l’exportation pour améliorer le niveau du commerce avec les autres pays africains et créer de nouveaux marchés. C’est pourquoi nous allons lancer en décembre prochain la première Foire commerciale interafricaine au Caire.

— En quoi consiste cette foire ?

— Plus de 1 000 exposants viendront en Egypte des 51 pays africains membres de la banque pour participer à la foire avec le soutien du gouvernement égyptien et de l’Union africaine. Plus de 70 000 invités arriveront au Caire. Nous prévoyons des affaires à hauteur de 25 milliards de dollars à être négociées pendant cet événement purement africain. C’est la première fois que nous aurons les pays africains en Egypte pour discuter de l’investissement étranger direct, le commerce, la manufacturation et les échanges avec les pays africains. Toutes les Chambres de commerce et différents autres groupes d’intérêt en Afrique ainsi que des entreprises seront invités pour assurer la réussite de cet événement. La foire se tiendra tous les deux ans dans un pays africain.

— Quels sont les domaines dans lesquels l’Egypte et d’autres pays africains peuvent renforcer leur coopération ?

— L’Egypte produit une variété de marchandises comme des produits en bois et des meubles, des produits en coton, des produits pétroliers, des produits électriques, tous ces produits sont acheminés vers l’Afrique. Nous possédons aussi un programme intitulé « Programme de promotion du commerce entre l’Egypte et l’Afrique » pour soutenir les entreprises égyptiennes à exporter leurs biens et services vers des pays africains. Il comprend des entreprises comme El-Swedy, Arab Contractors, Wadi Degla entre autres. Nous travaillons aussi sur un plan d’exportation avec la Banque égyptienne de développement des exportations. Nous travaillons aussi avec les associations d’exportation égyptiennes et les associations des affaires, y compris les associations des femmes d’affaires.

— Comment augmenter la dépendance interafricaine dans le domaine du commerce et de l’investissement ?

— La première chose est d’avoir des informations pour la promotion du commerce, les entreprises égyptiennes ont besoin de connaître les opportunités en Afrique. Nous fournissons des services de conseil pour promouvoir le commerce et fournir des informations commerciales. La deuxième chose serait d’offrir des facilités financières. La banque a participé à la finalisation de l’accord (Continental Fair Trade Agreement) ratifié par les pays africains pour permettre et faciliter le libre mouvement des personnes et de produits et services à travers le continent. Cette initiative est en accord avec notre stratégie pour promouvoir le commerce interafricain et les échanges de produits et services.

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