Jeudi, 28 mars 2024
Al-Ahram Hebdo > L'invité >

Mahmoud Al-Qayssi : Notre but est d’accroître les investissements directs français et les échanges commerciaux

Dahlia Réda, Lundi, 20 juillet 2015

Mahmoud Al-Qayssi, co-président de la Chambre de Commerce Française d'Egypte (CCFE), salue les réformes engagées par le gouvernement pour promouvoir l'investissement. Il exige, cependant, des mesures pour lutter contre la corruption.

Mahmoud Al-Qayssi
Mahmoud Al-Qayssi

Al-Ahram Hebdo : Comment voyez-vous le climat d’investissement en Egypte, après la conférence économique de Charm Al-Cheikh ?

Mahmoud Al-Qayssi : Je pense que les prémices du redressement économique commencent à être ressenties. Durant la période qui a suivi la conférence, j’ai reçu un grand nombre d’investisseurs français qui s’adressaient à la Chambre de commerce française en Egypte pour connaître les opportunités d’investissement en Egypte. Il y a une reprise de l’investissement. La conférence de Charm Al-Cheikh a réussi à transmettre un message très important, à savoir que l’Egypte est de retour.

— Comment voyez-vous les réformes engagées par le gouvernement égyptien ?

— Les réformes engagées en août 2014 étaient vraiment très bonnes. Il y a eu de nombreuses législations, dont la plus importante se rapportait aux tarifs de l’énergie. Elle vise à encourager le secteur privé à se lancer de nouveau dans la production et à recourir à l’énergie mixte, en associant à l’énergie traditionnelle l’énergie renouvelable et en utilisant du charbon comme source d’énergie dans les usines. De cette manière, l’Etat a présenté aux investisseurs étrangers un véritable guide qui leur permet de bien calculer les risques et les coûts, avant de s’implanter dans le pays.

— Quel modèle économique égyptien est, selon vous, le plus adapté aux investisseurs ?

Le gouvernement adopte le modèle de l’économie de marché. Avant d’investir, l’investisseur a besoin de s’assurer que les politiques, les stratégies et les législations en place sont stables pour qu’il puisse faire son étude de faisabilité et calculer les risques. La Chambre de commerce française déploie un grand effort pour clarifier aux investisseurs étrangers les nouvelles stratégies, les visions sur le moyen et le long termes, et les réformes que le gouvernement a récemment engagées dans le but d’attirer les investisseurs étrangers, notamment français.

— Comment voyez-vous le climat d’investissement après l’arrivée du président Abdel-Fattah Al-Sissi ?

— Je pense que la vision de la révolution du 30 juin 2013 vise en premier lieu à attirer les investissements étrangers vers de grands projets, afin de créer des emplois et de générer de la croissance. Soulignons aussi la stabilité des lois en place ayant trait à l’investissement, aux impôts, à l’allocation des terrains, au code du travail et aux incitations accordées à l’investissement. Tout ceci donne confiance aux investisseurs quant à l’engagement du gouvernement à donner un aspect procédural stable en ce qui a trait à l’investissement.

— Comment la Chambre de commerce française a-t-elle contribué à accroître le volume des échanges commerciaux ainsi que les investissements étrangers directs ?

— En fait, l’Egypte occupe la troisième place en ce qui a trait au volume des investissements français au Moyen-Orient et en Afrique du Nord après le Maroc et la Turquie. La France occupe la cinquième place en ce qui a trait aux investissements étrangers directs en Egypte, qui ont atteint, en juin 2015, 3 milliards d’euros. Notre but est de doubler le montant de ces investissements étrangers directs, ceci grâce à la grande volonté des nouvelles sociétés françaises de s’implanter en Egypte. Déjà, le nombre de compagnies françaises opérant en Egypte est de 140 sociétés qui emploient 33 000 salariés. Quant au montant des échanges commerciaux, il a atteint environ 2,6 milliards d’euros, et favorise les Français, mais nous espérons augmenter le volume des exportations égyptiennes dans le but d’équilibrer la balance commerciale entre les deux pays.

— Quel est donc le rôle de la Chambre de commerce française en Egypte pour promouvoir les opportunités d’investissement sur le marché égyptien ?

— La Chambre de commerce française effectue des visites de prospection en France pour promouvoir des secteurs précis qui ont besoin d’investissements et dans lesquels la France possède un avantage concurrentiel, comme celui des infrastructures (travaux de construction du métro, installations électriques, etc.). Il y a aussi des domaines comme l’énergie renouvelable, l’industrie du verre plat et le domaine nucléaire à des fins pacifiques. La Chambre de commerce fait aussi la promotion du secteur industriel et cherche des investisseurs français voulant s’implanter en Egypte. Et donc, la Chambre de commerce française d’Egypte agit comme un réseau autour duquel les entreprises peuvent s’informer, prospecter le marché et créer des relations commerciales, en vue d’une implantation efficace. Par exemple en 2010, nous avons réussi suite à une visite de prospection en France, et avec l’aide de la Chambre de commerce à Paris, à attirer la compagnie de verre plat française Saint-Gobain qui est venue s’implanter en Egypte. Elle a construit la plus grande usine de verre plat au Moyen-Orient injectant 300 millions de dollars sur le marché égyptien. Deux ans après, Saint-Gobain a opéré une expansion sur le marché égyptien en construisant trois autres usines de plaques de plâtre (gypsum board). C’est un exemple de notre mission pour promouvoir le marché égyptien.

Quels sont les services d’appui présentés par la CCFE pour faciliter aux nouveaux investisseurs les longues procédures administratives auprès de l’Autorité générale de l’investissement (GAFI) ?

— Notre service d’appui aux entreprises possède une équipe très spécialisée afin d’accompagner l’investisseur égyptien voulant investir en France ou français voulant investir en Egypte dans toutes les étapes de son parcours. Le service d’appui présente également des renseignements sur le marché ainsi qu’un aperçu sur le climat d’investissement. Il présente de même des études préliminaires sur le secteur concerné ainsi que les contacts dont l’investisseur aura besoin et les prévisions dans le secteur concerné. Le service d’appui aide l’investisseur à se procurer les licences de la GAFI. Et après l’installation de l’investisseur, le service d’appui facilite les contacts entre celui-ci et les distributeurs, fournisseurs, partenaires commerciaux ou technologiques.

— Comment évaluez-vous la performance de la GAFI ? A-t-elle réussi à réduire la durée de l’octroi des permis ?

— Je pense que la GAFI a pu améliorer sa performance, en réduisant la durée nécessaire à l’octroi des permis pour les sociétés voulant investir en Egypte d’un an et demi à deux mois. De plus, avec le système du One Stop Shop, l’actuel ministère de l’Investissement et la GAFI ont pu faciliter à l’investisseur l’achèvement des procédures administratives en s’adressant à une seule instance plutôt qu'à 78 différentes instances. Mais, je pense que l’amélioration de ce service ne peut avoir lieu qu’à travers la lutte contre la corruption qui peut affecter le système de promotion de l’investissement adopté par le gouvernement.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique