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Hamza El-Kamaly : Les Houthis n’ont d’autre choix que d’accepter la résolution de l’Onu.

Osman Fekria, Lundi, 15 juin 2015

Partisan de Hadi Mansour, Hamza El-Kamaly, membre de la Conférence du dialogue national, critique vivement les Houthis et menace d’une intensification militaire si ceux-ci ne se plient pas aux conditions imposées.

Hamza El-Kamaly
Hamza El-Kamaly

Al-Ahram Hebdo : Comment voyez-vous les négociations de réconciliation inter-yéménites ?

Hamza El-Kamaly : Nous partici­pons avec une délégation représen­tant la légitimité face aux Houthis et à leur allié Ali Abdallah Saleh, qui sont au coeur du problème yéménite et qui sont les seuls qui s’érigent devant toute éventuelle réconcilia­tion.

Vous avez dû également suivre de près les raisons de l’ajournement de ces négociations et vous avez vu com­ment l’avion, qui a été envoyé par les Nations-Unies à l’aéroport de Sanaa pour transporter la délégation, ainsi que des partisans de Ali Abdallah Saleh, est reparti vide, avec unique­ment, à son bord, le président du Parti socialiste. Pourtant, ils savent très bien que les conditions aux négocia­tions nécessitent qu’ils envoient une délégation de sept personnes dont trois conseillers. Nous avons appris de sources informées auprès des Nations-Unies que les Houthis ont créé de petits obstacles logistiques, tels que leur insistance à résider dans un hôtel différent du nôtre et qu’ils ont discuté de l’agenda de leurs réunions avec l’émissaire onusien, Ismaïl Ould Al-Cheikh Ahmed.

— A votre avis, quelles sont les conditions d’une réussite de la conférence de Genève ?

— La réussite dépend de l’exécu­tion de la résolution n°2 216 de l’Onu. Le Yémen ne pourra bénéfi­cier d’aucune sortie de crise sans l’application de cette résolution. Les négociations de Genève intervien­nent sur demande du président légi­time Abd-Rabbo Hadi Mansour à travers une allocution faite aux Nations-Unies. Les Nations-Unies doivent exercer des pressions sur les Houthis pour qu’ils se retirent des régions qu’ils ont occupées au Yémen. Le président Hadi a égale­ment appelé à appliquer la résolution du Conseil de sécurité invoquant les Houthis à renoncer aux territoires qu’ils ont occupés et à rendre les armes qu’ils ont prises à l’armée et aux appareils étatiques.

— Quelles sont vos conditions pour arriver à un accord ?

— Nous ouvrons la porte aux appels à la paix et à une solution pacifique au Yémen à condition que les Houthis et les partisans de Ali Abdallah Saleh sortent d’Aden, remettent les armes qu’ils ont prises, libèrent les institu­tions gouvernementales et leurs pri­sonniers et acceptent l’entrée d’aides humanitaires dans les régions sinis­trées. Les négociations de Genève peuvent constituer une brèche suscep­tible de mettre fin au conflit. Il faut que le Yémen préserve son unité et notre présence à Genève consiste à amener les Houthis à se plier à la résolution du Conseil de sécurité qui les appelle au retrait des villes princi­pales. Le cessez-le-feu fait partie des points essentiels qui seront abordés à Genève vu l’état délabré de la situa­tion humanitaire.

— Est-il possible de parvenir à une trêve pendant le mois du Ramadan ?

— Si les Houthis sont sérieux en ce qui concerne le cessez-le-feu, le retrait, la remise de leurs armes et la libération des prisonniers, il sera alors possible de parler d’une trêve humaine. Mais nous craignons que les Houthis ne fassent des négociations de Genève une tribune pour pronon­cer un discours politique qui ferait leur propagande. Ils ont mis un terme à la légitimité, ont entamé une sédi­tion et ont pratiqué toutes sortes de meurtres et de destructions dans les différentes villes depuis Aden jusqu’à Taez. Nous affirmons que la commu­nauté internationale tient à exécuter les résolutions du Conseil de sécurité relatives à la légitimité. Personne ne soutient les aspirations des Houthis

— Qu’attendent les différentes parties pour mettre un terme aux opérations militaires dites « Tempête décisive » lancées contre les Houthis ?

— Les Houthis n’ont d’autre choix que de s’engager dans les négocia­tions et d’accepter la résolution de l’Onu n°2 216. Sinon, ils feront face à davantage d’affrontements militaires qui leur infligeront une défaite au niveau de leur projet séparatiste.

— La situation sur le terrain est-elle à l’avantage des Houthis et leur allié Ali Abdallah Saleh, et que pen­sez-vous de ce qui se passe aux frontières avec l’Arabie saoudite ?

— La résistance populaire leur a infligé d’énormes défaites. Notre guerre n’est pas menée contre l’Etat, mais contre des gangs. Les forces de l’opération « Tempête décisive » et de la coalition arabe avec, en tête, les forces saoudiennes contrôlent les frontières maritimes et l’espace aérien afin de barrer la route à l’Iran qui tend la main aux Houthis. Nous devons tout faire afin de contrer les Houthis et, si ces derniers ne font pas preuve de bienveillance, l’escalade militaire sera la seule issue.

— Les Houthis et Ali Abdallah Saleh pourraient-ils toujours jouer un rôle politique à l’avenir ? Et qu’en est-il de l’Iran et de l’Arabie saoudite ?

— Le modèle libanais ne se repro­duira pas au Yémen et l’Iran n’aura pas de rôle à jouer. Les Houthis doi­vent se transformer en parti politique pour pouvoir jouer un rôle dans l’ave­nir du Yémen. Ali Abdallah Saleh est fini et ne sera pas présent dans la nou­velle configuration du Yémen. La seule référence politique ou religieuse relèvera du gouvernement légitime et du Yémen unifié. L’Iran ne fera pas partie des négociations. Mais nous apprécions les efforts de l’Arabie saoudite.

— Ces négociations contribue­ront-elles à mettre fin à l’isolement politique des Houthis ?

— Les Houthis sont un gang et il est impossible qu’ils soient reconnus, car ils sèment la mort et le trouble. Nous sommes à Genève pour sauver le Yémen et le préserver de toute divi­sion. Nous tenons à exécuter la réso­lution du Conseil de sécurité n°2 261 qui doit être le pilier de toute action future entre les différentes parties yéménites, et toute tentative de la dépasser serait illégitime. Tout dialo­gue doit prendre en compte les recom­mandations du dialogue national yéménite à la lumière duquel s’est formé le gouvernement yéménite diri­gé par Khaled Bahah.

— Le Sultanat d’Oman joue-t-il un rôle de médiateur et que pensez-vous de la position de la Ligue arabe et de la communauté interna­tionale vis-à-vis des événements au Yémen ?

— Il n’y a aucune médiation de la part d’Oman. Le Sultanat d’Oman a juste réussi à amener les Houthis à prendre part aux négociations de Genève. Quant au rôle de la Ligue arabe, il est primordial. L’action inter­nationale et onusienne n’est interve­nue que suite à la lettre adressée par Hadi Mansour au secrétaire général de la Ligue arabe en mars dernier. Il n’en demeure pas moins que nous, au Yémen, sommes concernés par les efforts du Conseil de coopération du Golfe afin d’entamer une opération de transfert politique sur fond d’action commune.

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