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Gypto Pharma City, la grande cité du médicament

Manar Attiya , Mercredi, 17 août 2022

A la pointe de la technologie pharmaceutique, Gypto Pharma City a vu le jour en avril 2021. Ce projet est le premier du genre en Egypte et au Proche-Orient. Reportage.

Gypto Pharma City, la grande cité du médicament
Cette ville repose sur les normes pharmaceutiques internationales relatives à la qualité, à l’innocuité et à l’efficacité des médicaments. (Photo  : Mohamad Abdou)

Une ligne d’emballage de produits pharmaceutiques sous blister automatique. Une plaquette thermoformée automatique, une ligne de production d’emballage. Stick Pack remplissage de la ligne de production d’emballage, 120 petites boîtes de médicaments comprenant chacune 3 rubans, groupant chacun 3 soft gel capsules de gélatine molle. Une autre ligne apparaît pour le remplissage en poudre de flacons de 6/8/10, soit 300, 400 ou 500 mg. A quelques pas plus loin se trouve une autre machine d’emballage blister automatique complet et un formulaire joint sur lequel sont inscrites toutes les informations qui ont une relation étroite avec la production. Chaque boîte est prête pour passer au-dessus d’un équipement de mesure, puis transmise vers une dernière machine à emballer les 120 boîtes dans un grand carton pour être vendues sur le marché pharmaceutique.

Nous sommes à Gypto Pharma City. Un système automatisé de production pharmaceutique industrielle regroupant la fabrication de médicaments curatifs contre le coronavirus ainsi que des produits d’emballage. Une ligne de production très sophistiquée d’une longueur de 16 mètres et d’une largeur de 7 mètres. «  L’installation d’une machine spéciale intégrant l’automatisation est donc d’une grande utilité pour l’industrie pharmaceutique. Un système tout à fait clos qui permet aux 10 professionnels du secteur qui suivent le processus de fabrication de conserver l’intégrité des produits et d’écarter tout risque de contamination », note avec précision Dr Aliya Al-Mestekawy, directrice de Gypto Pharma City. Selon elle, cette ligne de production à la technologie très avancée a été principalement créée en vue de mettre fin au Covid-19 qui continue de menacer des vies. Entre 8000 et 12000 packs de traitements antivirus y sont fabriqués par heure.


Une ligne très sophistiquée d’une longueur de 16 mètres et de 7 mètres de largeur. (Photo  : Mohamad Abdou)

Située à 170 km au gouvernorat de Charqiya, « Gypto Pharma », connue aussi sous le nom de « Medicine City », est considérée comme la plus grande ville pharmaceutique pas seulement en Egypte, mais aussi au Moyen-Orient. L’idée a trotté dans la tête des responsables 7 ans avant son inauguration en avril 2021. D’une superficie de 180000 m², ce véritable défi national, mais aussi régional, était inscrit dans le dossier des multiples initiatives parrainées par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, afin de préserver la santé publique et fournir des soins médicaux aux citoyens égyptiens.

Accroître la coopération entre l’Etat et le secteur privé, et surtout transformer l’Egypte à la fois en un centre national et régional, tout en soutenant les efforts pour faire bénéficier le citoyen égyptien d’une assurance médicale, évaluer la conformité du projet à la réglementation et vérifier que les moyens nécessaires sont disponibles et qu’ils seront bien mis en oeuvre. Tels sont les objectifs des 15 lignes de production pharmaceutique de Medicine City.

En fait, pour commencer à fabriquer n’importe quel médicament au sein de cette ville, il incombe aux personnels pharmaceutiques d’avoir deux types de certificat : Egyptian Drug Administration (EDA) et Industrial Drug Administration (IDA), dépendant de l’Organisme de l’investissement. Et pas seulement ça, le programme des activités de cette ville repose sur les normes pharmaceutiques internationales relatives à la qualité, à l’innocuité et à l’efficacité des médicaments qui vont de pair avec les conformités internationales de l’Union européenne et celles de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).


(Photo  : Mohamad Abdou)

Tous types de médicaments

En visitant cette nouvelle ville et en passant d’un endroit à un autre, nous remarquons que les différentes lignes de production sont juxtaposées les unes aux autres: Une ligne concernant les médicaments traditionnels pour la médecine solide (des comprimés, des capsules, des sachets de poudre), des traitements destinés aux maladies chroniques : rénale, cardiaque, neurologique et de l’appareil digestif. La production de certaines vitamines est également prioritaire. Puis, une autre ligne semi-solide destinée aux pommades et crèmes pour application cutanée, et des suppositoires gélatineux). Quelques mètres plus loin, une ligne fabriquant les sirops médicamenteux, les gouttes buccales pour soulager les maux de gorge chez les enfants, les nano-gouttelettes par voie buccale, les sprays nasaux et les gouttes oculaires pour le traitement des yeux secs ou fatigués. Il y a aussi des lignes de fabrication d’anesthésiants pour soins dentaires, d’ampoules intraveineuses et intramusculaires, des filaments à usage médical, des médicaments hormonaux, des vaccins et des traitements contre le cancer.

« 97% des besoins en médicaments sont fabriqués dans cette ville en vue de fournir différents genres et types de traitements thérapeutiques de bonne qualité qui répondent aux besoins médicaux de plus en plus spécifiques. Tout cela fait partie intégrante de la stratégie de santé de l’Etat qui n’hésite pas à moderniser ses installations », déclare avec fierté le directeur du conseil d’administration de Gypto Pharma City, Dr Amr Mamdouh, qui a une expérience de 25 ans au sein de nombreuses entreprises pharmaceutiques dans le monde. Ce dernier s’arrête un instant, puis ajoute: « C’est une industrie qui a besoin d’une technologie complexe. Cela commence par la production, en passant par le remplissage de flacons de poudre, jusqu’à l’emballage sous blister et la mise en cartons, tout cela afin d’éviter que les produits ne soient altérés, imités ou truqués, car les médicaments devraient jouir d’une qualité de 100%, c’est-à-dire à la hauteur d’une telle entreprise égyptienne ».


(Photo  : Mohamad Abdou)

Minutie et précision

A l’intérieur de l’entreprise pharmaceutique et au-dessus de la porte d’entrée de chaque salle, un morceau de papier est accroché. Sur celui de la salle no 0617 sont inscrits certains détails la concernant: la température qui s’élève à 20°C, le taux d’humidité 40°, la pression différentielle arrive à 15°. Devant chaque salle, on peut également lire différents types de grade sous forme d’alphabet : « Grade C et D », signifiant que le produit est exposé à l’air et qu’il n’a pas été encore emballé. Tandis que le « Grade E » est le symbole d’un produit qui vient d’être emballé soit de façon primaire, secondaire ou finale. Le système d’étiquetage figurant sur un bout de papier de différentes couleurs est également très significatif. L’étiquette jaune indique qu’une salle est en train d’être nettoyée. Le blanc signale qu’un produit est en train d’être fabriqué. Le rouge avertit que la salle est malpropre. Le vert que le lieu aseptisé est prêt à l’usage. En traversant cette zone, les pharmaciens, médecins et travailleurs rentrent en poussant la porte avec le dos ou les coudes. « Raison : tous les appareils sont autonettoyants », explique Dr Islam Al-Chennawi, un jeune pharmacien qui travaille au département de « Médecine Solide ». Diplômée de l’institut de commerce, Zeinab, l’ouvrière, parle en nettoyant les poignées de portes, les tables, les chaises, les rampes... « D’abord, je nettoie avec de l’eau et du savon ou du détergent. Puis, j’utilise un produit désinfectant contenant de l’alcool (au moins 70%), de l’eau de javel. Et à chaque fois je nettoie le sol en utilisant un désinfectant tout à fait différent de la veille ou la fois passée pour deux raisons : d’une part, empêcher la mutation du virus ou du microbe et, d’autre part, pour éviter l’apparition de zones corrodées ou piquées où les microbes peuvent se cacher, vivre et survivre », justifie Zeinab avec précision.


97  % des besoins en médicaments sont produits par cette ville en vue de fournir différents genres et types de traitements thérapeutiques qui répondent aux besoins médicaux de plus en plus spécifiques. (Photo  : Mohamad Abdou)

Rapport homme-production

Sans aucun doute, Medicine City a eu recours aux dernières technologies et à des machines automatisées.

L’automatisation change la nature du travail et fait évoluer les rapports entre l’homme et la production. Les machines, qui sont maintenant reliées entre elles, forment un système intégré et rendent les étapes du processus de production interdépendantes. Cette interdépendance des machines engendre aussi une interdépendance entre les travailleurs. Cela veut dire que le rôle du travailleur change, il n’a plus celui d’exécutant. Il ne subit plus un travail répétitif, mais son rôle consiste en la surveillance de la machine. Autrefois, ces tâches étaient partagées entre différentes personnes. « Jadis, la ligne de production comptait 15 travailleurs, aujourd’hui, elle a besoin de 4 ou 5 personnes seulement. Il existe encore un nombre élevé d’usines pharmaceutiques qui fabriquent les médicaments de façon manuelle. Cela veut dire que si l’on compte 150 usines environ en Egypte, 80% d’entre elles sont démodées et travaillent suivant des lignes de production manuelles », explique Mohamad Choukri, directeur de la gestion de polytechnique, qui a une expérience de 28 ans au sein des entreprises multinationales.

C’est grâce à la capacité de l’Egypte de produire des médicaments de haut niveau que la compagnie multinationale OTSUKA a signé un contrat de partenariat avec Gypto Pharma City en juillet 2021. Cette entreprise japonaise, actuellement basée en Egypte, a pris le nom d’Otsuka-Gypto pour une production conjointe. Cette cité multinationale a commencé à exporter les produits pharmaceutiques vers le Proche-Orient et l’Afrique. « C’est grâce aux succès inattendus que nous avons pu réaliser dans un laps de temps très court que nous sommes en cours de signer d’autres contrats de coopération mutuelle avec 6 autres entreprises pharmaceutiques dans les quatre coins du monde », conclut avec fierté le directeur du conseil d’administration de Gypto Pharma City, Dr Amr Mamdouh.

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