« Il n’y a pas de définition spécifique à l’idée de leadership féminin. Chaque femme approche la question différemment. L’essentiel c’est qu’elle ait de la bonne volonté et qu’elle soit confiante », explique Soraya Bahgat. Cette jeune femme de 33 ans soutient cette idée depuis sa participation à la première session de la formation FAM en 2015. Travaillant dans l’administration, elle ne pensait pas être un jour active dans le secteur public. « Tout s’est déroulé par hasard, et plusieurs éléments m’ont incitée à entreprendre quelque chose qui pourrait changer ma vie et peut-être celle des autres », explique Soraya. Tout a commencé avec la révolution de 2011, lorsqu’elle a créé Tahrir Body Gard, une campagne visant à protéger les femmes face au harcèlement sexuel pendant les manifestations. Après avoir observé des comportements violents à l’égard des femmes, Soraya explique qu’elle n'a pas pu rester les bras croisés. Elle a donc lancé cette initiative, le temps qu’il fallait, et a ensuite repris son train de vie habituel. Plus tard, une amie l’a informée de l’existence du programme FAM. « Au début, je me demandais si j’avais le profil requis pour participer. J’ai ensuite décidé de tenter ma chance en m’appuyant sur mon expérience de la place Tahrir, lorsque je gérais une équipe de 200 personnes ». Après deux semaines de formation, « cette expérience a changé ma vie », déclare la jeune femme, qui s’est rendu compte que cette participation avait été l’une de ses meilleures décisions.

Cette formation l’a informée sur de nombreux sujets, comme le droit des femmes, les problématiques du genre et d’autres sujets liés à l’amélioration des conditions des femmes. « Nous n’avions pas de catalogue à suivre. Dans un premier temps, nous avons échangé nos idées et discuté des problématiques en groupe. Ensuite, on nous a laissé réfléchir, chacune de son côté, aux meilleures options à suivre pour atteindre nos objectifs respectifs », explique la jeune femme. Au-delà de la richesse du programme, Soraya reconnaît avoir beaucoup appris de sa rencontre avec 20 autres femmes, toutes de nationalités différentes. Elle a ainsi pu découvrir les conditions de vie, les lois et les coutumes qui concernent les femmes dans d’autres pays. Soraya est rentrée de Paris confiante et pleine d’énergie. Elle affirme qu’aujourd’hui, elle se sent capable d’entreprendre tout le nécessaire pour réaliser ses rêves, désormais sans limites. « Je me passionne pour le rôle des femmes dans le secteur public », conclut Soraya, qui s’organise actuellement pour devenir membre de l’Assemblée du peuple. Ce sera sa première étape pour atteindre son objectif final : devenir ministre.