Ihab Abdel-Rahman: Je suis très heureux. En fait, je n’arrive pas à décrire mes sentiments tellement ma joie est grande. C’est un grand honneur pour moi de devenir le premier Egyptien à occuper la tête du classement mondial. Avec un lancer de 89,21 m le 18 mai au meeting de Shanghai (Chine), 2e étape de la Ligue de diamant d’athlétisme, j’ai réalisé la meilleure performance mondiale depuis 3 ans. Personne n’avait lancé le javelot aussi loin depuis le 14 août 2011, et les 90,61 m du Norvégien Andreas Thorkildsen. Grâce à ce record, je deviens le 13e meilleur performeur de tous les temps, c’est un exploit extraordinaire. Au début, je n’arrivais pas à croire que j’ai réalisé une telle performance.

— Vous attendiez-vous à cette réception à l’aéroport du Caire en présence de Khaled Abdel-Aziz, ministre de la Jeunesse et du Sport, et Walid Aata, président de la Fédération égyptienne ?

— Pas du tout. En fait, j’étais très surpris en les voyant à l’aéroport du Caire. C’était une très belle surprise. Je m’attendais à voir ma famille et les amis de mon village Kafr Saqr (gouvernorat de Charqiya). L’accueil était formidable en présence de Khaled Abdel-Aziz, Walid Aata ainsi que Mahmoud Taher, président du club Ahli, et mon ami Mohannad Magdi, membre au Conseil d’administration d’Ahli. Outre le coup de fil que j’ai reçu à Shanghai du président de la République, Adly Mansour. J’étais très surpris, car nous ne sommes pas habitués à ce grand intérêt de la part des responsables. Cela signifie qu’il y a un changement dans notre pays.

— Est-ce que vous vous attendiez à réaliser ce résultat ?

— Bien sûr. Cette performance n’est pas le fruit du hasard. J’ai beaucoup travaillé pour atteindre ce niveau. 10 jours avant le meeting de Shanghai, j’ai signé 83,94 m au Caire, mais à Shanghai, j’ai fait mieux. Il faut avouer que je n’ai pas réalisé cette performance tout seul. Je dois ma progression des dernières années à Walid Aata, président de la Fédération égyptienne, à Mohamad Naguib, mon entraîneur égyptien qui m’entraîne depuis 8 ans, et mon nouvel entraîneur Finlandais, Patrick Besoni. Mais il faut préciser que sans Walid Aata, il était impossible de réaliser ce résultat. Avant son arrivée à la tête de la Fédération, j’étais sur le point d’arrêter ma carrière à cause de la négligence de l’ancien conseil d’administration qui était responsable de ma régression.

— Comment votre progression s’est-elle déroulée ?

— Dès l’arrivée de Walid Aata, président de la Fédération égyptienne fin 2012, il m’a promis de répondre à toutes mes demandes, afin d’améliorer mon niveau. Un an plus tard, j’ai commencé à faire mes preuves en remportant la médaille d’argent aux Jeux méditerranéens de Mersin, en Turquie. Mais mon exploit le plus éclatant était aux Championnats du monde seniors. En disputant la finale du javelot, j’ai réalisé une première dans l’histoire de cette discipline en Egypte en terminant 7e de l’épreuve.

— Racontez-nous vos débuts...

— J’ai commencé à pratiquer l’athlétisme à l’âge de 17 ans par hasard. J’étais avec mes amis au Centre de jeunesse de Kafr Saqr pour jouer au football, lorsque l’entraîneur d’athlétisme, Ahmad Kamal, m’a demandé : « Est-ce que tu es intéressé par les notes d’excellence sportives (ndlr: qui permettent aux élèves d’augmenter leur pourcentage de notes au bac de 2%) ? ». Je lui ai dit oui. Ainsi, j’ai commencé à pratiquer le javelot, et j’ai remporté le Championnat national cette année-là. Un an plus tard, Mohamad Naguib, entraîneur de la sélection, m’a intégré à l’équipe nationale.

— Après avoir occupé la première place au classement mondial du javelot, quels sont vos objectifs à venir? Et comment allez-vous vous y préparer ?

— Je vise une médaille aux Mondiaux et une autre aux Jeux olympiques. Ces objectifs sont à ma portée. Mais pour réaliser cela, je dois appliquer le programme de préparation à la lettre. Actuellement, je suis au repos car je dois me remettre de ma blessure au pied. Une fois complètement guéri, j’irai en Finlande, pour continuer mon programme avec mon nouvel entraîneur. Je dois aussi disputer quelques meetings durant l’année. Walid Aata et Khaled Abdel-Aziz ont pour mission d’élaborer des programmes pour moi.

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