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Adieu Abou-Treika

Karim Farouk, Mardi, 24 décembre 2013

Perçu comme l’un des meilleurs de l’histoire de l’Egypte, le milieu des Pharaons et d’Ahli, Mohamad Abou-Treika, a décidé de prendre sa retraite mettant fin à l’un des plus importants chapitres du football égyptien.

Mohamad Abou-Treika
Mohamad Abou-Treika. (Photo : Reuters)

Une légende s’en va : Mohamad Abou-Treika, l’icône de la génération d’or de l’Egypte et d’Ahli, a décidé de raccrocher. « Après avoir passé mes meilleures années dans le foot, je suis arrivé à la fin. Je remercie tout le monde. Et je vous prie de me pardonner si parfois je n’étais pas à la hauteur. Bonne chance à Ahli et à la sélection d’Egypte », a-t-il dit sur son compte Twitter vendredi dernier. Malgré les nombreux appels de ses fans et des responsables d’Ahli et du nouveau sélectionneur des Pharaons, Chawqi Gharib, Abou-Treika ne voulait pas revenir sur sa décision bien qu’il soit considéré comme la perle du football égyptien. C’est vrai qu’il n’est plus aussi agile et rapide qu’à ses vingt ans, mais le « Zidane égyptien » a toujours étonné les spectateurs par ses buts, ses passes décisives, son excellente clairvoyance et une impressionnante orchestration du jeu. « Abou-Treika peut encore jouer deux ans au moins. Mais la défaite contre le Ghana l’a démoralisé et il sent que c’est le moment d’arrêter surtout que le rêve de la Coupe du monde s’est évaporé », explique l’ancien entraîneur d’Ahli, le Portugais Manuel José Da Silva. Seule une participation au Mondial manque à l’immense palmarès du meneur d’Egypte (voir focus) qui ne pense pas survivre sur les terrains jusqu’au Mondial de la Russie en 2018.

La dernière scène était amère pour lui après la blessure qu’il a eue lors de la défaite d’Ahli 2-0 contre Guangzhou Evergrande en Coupe du monde des clubs, mais cela n’affecte en rien sa glorieuse carrière.

Les années de gloire

En janvier 2004, Ahli embauche Abou-Treika alors membre du petit club de Tersana. Jusque-là, son talent n’était pas vraiment reconnu mais il s’est avéré être un diamant qui avait juste besoin d’être poli. « Il avait 25 ans quand il est arrivé. Il n’était pas jeune mais il était très avide d’apprendre, il voulait tout savoir comme s’il était encore un jeune espoir », dit José en poste à l’époque. Le classique meneur de jeu avec un instinct de buteur était au coeur de la glorieuse génération d’Ahli qui a dominé le football égyptien et africain au cours de cette dernière décennie.

Abou-Treika, qui n’avait joué qu’un seul match avec les Pharaons en 2001 avant de rejoindre Ahli, est devenu la figure principale de la sélection d’Egypte tout au long de ses 100 sélections. A l’exception de la Coupe du monde, il a réalisé tous ses rêves en remportant deux titres de Coupe d’Afrique des nations en 2006 et 2008 et une participation à la Coupe des confédérations en 2009. Trois fois meilleur joueur évoluant en Afrique et deuxième meilleur joueur africain en 2008, le talent d’Abou-Treika a été largement reconnu au niveau international.

Son sourire et ses buts décisifs ont constitué une grande partie de sa légende au point que la presse étrangère l’avait surnommé « the Smiling Assassin ». Son penalty vainqueur contre la Côte-d’Ivoire en finale de la CAN 2006 (0-0 4-3 t.a.b.), le but de la victoire contre le Cameroun 1-0 en finale de la CAN 2008, sa frappe décisive contre le club America du Mexique 2-1 pour la médaille de bronze de la Coupe du monde des clubs 2006 et ses deux buts en finale de la Ligue d’Afrique 2013 contre l’Orlando Pirates ne sont que de simples exemples. Mais la frappe contre le Sfaxien à Sfax 1-0 en finale de la Ligue d’Afrique 2006 à un goût spécial pour tous les supporters d’Ahli et pour Abou-Treika lui-même. « Mon but contre le Sfaxien est le plus précieux de tous. C’était un tournant dans ma carrière », dit le numéro 22 d’Ahli. Après un nul 1-1 au Caire, Ahli avait besoin de la victoire en Tunisie. A la 92e, Abou-Treika envoie une puissante frappe au fond des filets. Une immense joie à éclaté ce jour-là en Egypte et ce but a offert à Ahli son cinquième titre africain. Les Rouges se sont qualifiés pour le Mondial des clubs où ils ont réalisé leur meilleure performance et la meilleure, alors, pour le représentant africain (ndlr : TP Mazembe de la RD Congo en 2010 et le Raja du Maroc en 2013 ont terminé finalistes).

Un joueur philanthropique

Son statut de héros a dépassé de loin sa qualité de joueur à une échelle de « saint » comme il fut surnommé par ses fans. Excellentes manières, homme de foi et de charité, Abou-Treika est devenu l’idole de tout un pays, voire un symbole. « Chaque athlète a un rôle à jouer dans la société. Il ne vit pas uniquement pour lui seul mais pour les autres aussi. J’aime participer aux oeuvres de charité et essaie d’aider les plus pauvres. Je préfère utiliser le foot dans les oeuvres de charité », dit-il.

Ses actions de charité ont contribué à élargir sa popularité en dehors des frontières de l’Egypte. En 2005, il a participé aux matchs des amis de Zidane et Ronaldo contre la pauvreté. Lors de la CAN 2008, il a dévoilé un maillot portant le slogan « Sympathisez avec Gaza » qui était alors sous embargo israélien, ainsi que d’autres contributions contre la pauvreté dans le continent africain.

Abou-Treika avait été vivement secoué par la catastrophe de Port-Saïd après le décès de 72 supporters ahlawis suite à des heurts entre le public de Masry et d’Ahli en février 2012. Sa fidélité à la cause et son soutien aux familles de personnes décédées n’ont fait que forger son statut de héros. Risquant son avenir avec Ahli, il avait refusé de participer à un match de Supercoupe d’Egypte en septembre 2012 avant que justice ne soit faite. Sous une grande pression des médias d’une part et des menaces des supporters d’autre part, Ahli lui a infligé une suspension de deux mois en plus d’une lourde sanction pécuniaire.

De même, il a été critiqué récemment en raison de ses tendances politiques et son soutien au président déchu Mohamad Morsi. Il a fait l’objet de nombreuses accusations et de sévères critiques, allant parfois jusqu’à demander son expulsion du club et de la sélection. « Je remercie tous ceux qui m’ont supporté et m’ont encouragé tout au long de ma carrière et je demande à Dieu de pardonner ceux qui m’ont attaqué », avait-il dit dans son message d’adieu sur son compte Twitter. Abou-Treika s’en va, comme il l’était toujours, tolérant et avec un grand sourire.

Palmarès

Egypte :

Deux titres de CAN en 2006 et 2008.

1 titre des Jeux panarabes en 2007.

8es de finale des J.O. de Londres 2012.

Ahli :

5 titres de Ligue d’Afrique en 2005, 2006, 2008, 2012 et 2013.

3 titres de Super Coupe d’Afrique en 2006, 2007 et 2009.

7 titres de championnat en 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010 et 2011.

2 Coupes d’Egypte en 2006 et 2007.

5 titres de Super Coupe d’Egypte en 2005, 2006, 2007, 2008 et 2010.

Distinctions :

Meilleur joueur africain évoluant en Afrique en 2008 et 2012.

2ème meilleur joueur africain en 2008.

Meilleur joueur des compétitions africaines interclubs en 2006.

Meilleur buteur du championnat égyptien en 2006 (18 buts).

Meilleur buteur de la CAN 2008 (4 buts).

Meilleur buteur du Mondial des clubs 2006 (3 buts).

Meilleur buteur de la deuxième division égyptienne en 2000 (34 buts).

Records :

7e meilleur buteur de l’histoire du championnat égyptien (106 buts).

Meilleur buteur de l’histoire de la Ligue d’Afrique (32 buts).

Meilleur buteur égyptien des qualifications du Mondial : 15 buts.

Meilleur buteur de l’histoire du grand derby cairote Ahli-Zamalek (13 buts).

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