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Les Africains se distinguent à Moscou

Doaa Badr, Mardi, 20 août 2013

En remportant 29 médailles dont 9 d'or, le continent africain est sorti la tête haute des Championnats du monde d'athlétisme qui se sont achevés le 18 août dernier à Moscou, en Russie. Bilan.

Championnats du monde
Le Kényan Kiprop et ses coéquipiers ont décroché 12 médailles, dont 5 d'or, et ont permis à leur pays de se classer 4e. (Photo : Reuters)

Le stade Loujnicki affichait complet lors de la soirée finale des 14es Championnats du monde d’athlétisme qui ont eu lieu du 10 au 18 août à Moscou, en Russie. Plus de 268 000 spectateurs ont assisté à la clôture de la compétition finale des Mondiaux, soit un record. A l’exception du football, aucun autre sport olympique n’a atteint de tels chiffres, ce qui indique le regain d’intérêt général.

La Russie, pays hôte de ces Mondiaux, a terminé en tête du tableau de médailles avec un total de 17 médailles dont 7 d’or. Les Etats- Unis ont perdu cette fois-ci la première place en se contentant d’une deuxième position avec 25 médailles dont 6 d’or. La Jamaïque, le nouveau géant, a terminé 3e avec 9 médailles dont 6 d’or.

Ces Mondiaux ont connu de grands succès et enregistré plusieurs records. Mais la star incontestable aura été le Jamaïcain Usain Bolt. Entre un rêve de gosse et un désir d’éternité, Bolt a mené sa carrière jusqu’à devenir une légende autoproclamée du sprint, adulé dans le monde entier. Avec un nouveau triplé mondial en poche sur 100/200 et 4x100 m, la vie pourrait être lassante. Le voici désormais nanti de 8 médailles d’or mondiales, à hauteur des Américains Carl Lewis, Michael Johnson et Allyson Felix, les plus titrés de l’Histoire. Dimanche dernier, il les a même devancés d’une courte tête, au regard des deux médailles d’argent qu’il possède également. Sextuple champion olympique et octuple champion du monde, détenteur des trois records du monde sur 100, 200 et 4x100, Bolt connaît sa table des multiplications.

Le Britannique Mo Farah, lui aussi, était parmi les stars de ces Mondiaux en réalisant un doublé sur 5 000 m et 10 000 m. Déjà double champion olympique chez lui en 2012, Farah, 30 ans, égale ainsi l’Ethiopien Kenenisa Bekele, auteur d’un « double-doublé » en 2008 (JO de Pékin) et 2009 (Mondiaux de Berlin).

Le Kenya, toujours 1er africain

Derrière les 3 grands géants de l’athlétisme arrive le Kenya à la 4e place au tableau de médailles avec 12 médailles dont 5 d’or. Bien que ce nombre de médailles soit inférieur à la dernière édition (17 médailles dont 7 d’or), le Kenya reste le 1er pays africain au classement général des Mondiaux. Sans grande surprise, Ezekiel Kemboi a décroché son 3e titre consécutif de champion du monde du 3 000 m steeple. Kemboi, également double champion olympique de la discipline à Beijing et Londres, s’est imposé en 8 min 06 sec 02 devant son jeune compatriote Conseslus Kipruto (18 ans et demi), 2e en 8:06.37. Ce dernier pourra représenter des difficultés devant le champion du monde dans l’avenir. Asbel Kiprop a conservé facilement le titre du 1 500 m en 3 min 36 sec 28/100. Kiprop, également champion olympique 2008 sur la distance, a utilisé sa vitesse terminale dans la dernière ligne droite après que son compatriote Nixon Chepseba eut conduit le peloton à allure modérée. Cette saison, Kiprop avait réalisé la Meilleure Performance Mondiale (MPM) en 3 min 27 sec 72, le chrono le plus rapide depuis neuf ans.

Les 3 autres médailles d’or kényanes ont été obtenues par les dames. Grosse performance africaine sur le 3 000 m steeple. Sur les 8 athlètes africaines en lice, 5 ont pris les cinq premières places. C’est la Kényane Milcah Cheywa qui a remporté l’épreuve en 9 min 11 sec 65/100e. Une course qu’elle a maîtrisée de bout en bout. Elle devance sa compatriote Lydia Chepkurui (9:12.55). Les 2 Kényanes ont laissé la médaille de bronze pour l’Ethiopienne Sofia Assefa (9:12.84), offrant un joli triplé africain au continent. Cheywa, 27 ans, établit au passage la meilleure performance mondiale de la saison. Le 800 m a été dominé par Eunice Sum en 1 min 57 sec 38/100. Elle a devancé la Russe Mariya Savinova, tenante du titre, qui a perdu devant son public.

La Kényane Edna Kiplagat a conservé son titre de championne du monde de marathon en devenant ainsi la première femme à conserver le titre mondial du marathon. La championne est âgée de 34 ans, elle est mère de quatre enfants ! Kiplagat est entraînée par son époux, Gilbert Cheruiyot Koech, avec lequel elle a eu ses deux derniers enfants.

L’Ethiopie s’améliore

Lors de cette édition, l’Ethiopie a amélioré son classement au tableau des médailles en terminant à la 6e place avec 10 médailles dont 3 d’or. Cette performance est meilleure que celle réalisée aux Mondiaux de Deagu, en Corée du Sud, en 2011, lorsque les Ethiopiens n’ont décroché que 5 médailles dont une seule d’or et se sont classés à la 9e place. Comme d’habitude, les dames ont été les stars de la délégation éthiopienne. Sans surprise, Meseret Defar a confirmé son statut de favorite sur les 5 000 m. L’Ethiopienne a remporté le titre de championne du monde de la discipline avec un temps de 14 min 50 sec 19. Defar a devancé la Kényane Mercy Cherono (14 min 51 sec 22) et sa compatriote Almaz Ayana (14 min 51 sec 33), qui a mené la course pendant près de trois kilomètres. A 29 ans, Meseret Defar est toujours la reine du 5 000 m. Titrée il y a quatre ans à Osaka, la championne a récupéré l’or mondial. Tirunesh Dibaba, l’Ethiopienne, qui était également redevenue championne olympique l’année dernière, est bien le n°1 du 10 000 m. Elle est toujours aussi forte. Elle a dominé la finale du 10 000 m. En 30 min 43 sec 37, elle décroche son cinquième titre de championne du monde à la faveur d’un dernier tour très facile. Dibaba que la fédération éthiopienne a mise dans les meilleures conditions en plaçant sa rivale Defar sur le 5 000 m, a devancé la Kényane Gladys Cherono qui réalise un chrono de 30 min 45 sec 17. Une autre Ethiopienne, Belaynesh Oljira, complète le podium en 30 min 46 sec 98. L’Ethiopie a remporté une seule médaille d’or chez les hommes à travers Mohamad Aman sur 800 m.

Ainsi, la concurrence entre le Kenya et l’Ethiopie était très serrée sur les distances des privilèges africains, le fond et le demi-fond.

A Moscou, certains autres pays africains ont connu le chemin du podium, tels l’Ouganda et la Côte d’Ivoire. Le champion olympique ougandais du marathon, Stephen Kiprotich, a raflé le sacre mondial de la discipline, offrant ainsi à son pays son premier titre mondial de la discipline.

Beaucoup de surprises

Ces Mondiaux d’athlétisme ont connu beaucoup de surprises. Pour la première fois de l’histoire du sprint, deux Africaines sont sur le podium, l’Ivoirienne Murielle Ahouré et la Nigériane Blessing Okagbaré, 2e et 3e respectivement. Murielle Ahouré a inscrit son nom sur le registre du sport ivoirien en décrochant 2 médailles d’argent sur 100 m et 200 m. Alors qu’Okagbaré avait décroché également la médaille d’argent en saut en longueur, permettant ainsi à son pays d’être sur le tableau de médailles des Mondiaux.

Les Sud-Africains ont un peu déçu, en décrochant une seule médaille de bronze contre 4 (2 d’argent et 2 de bronze) aux Mondiaux 2011. Le Botswana a encore reculé en obtenant une médaille d’argent contre un titre mondial en 2011. Grosse déception pour Amantle Montsho qui, en finale du 400 m dames, a manqué de souffle dans les derniers centimètres pour conclure. La championne du monde en titre qui partait du couloir 5 déboule dès le pistolet. Elle avale rapidement l’Américaine Natasha Hastings et les Russes Ryzhova et Krivoshapka dans les couloirs supérieurs. Mais le danger venait de derrière. La Britannique Christine Ohuruogu dans le couloir 4 accélère et franchit quasiment la ligne en même temps que Montsho. Après la décision des juges, la Britannique a été déclarée vainqueur et la Botswanaise 2e.

Djibouti, petit pays africain, figure pour la première fois dans le tableau des médailles grâce à une médaille de bronze obtenue par Ayanleh Souleman sur 800 m.

Au moment où de nouveaux pays africains figurent au tableau de médailles des Mondiaux, d’autres ont perdu leur place mondiale comme le Soudan, la Tunisie et le Zimbabwe. Ils n’ont pas pu réussi à rééditer leur exploit réalisé aux derniers mondiaux de 2011.

Tableau de médailles

Pays Or Arg Br Tot

1. Russie 7 4 6 17

2. Etats-Unis 6 14 5 25

3. Jamaïque 6 2 1 9

4. Kenya 5 4 3 12

6. Ethiopie 3 3 4 10

12. Ouganda 1 0 0 1

20. Côte d’Ivoire 0 2 0 2

24. Nigeria 0 1 1 2

33. Afrique du Sud 0 0 1 1

33. Djibouti 0 0 1 1

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