
Les lutteurs qualifiés à Tokyo chercheront à rééditer les exploits de la légende Karam Gaber.
Huit lutteurs se dresseront sur le tatami à Tokyo après avoir décroché leur ticket pour le rendez-vous olympique japonais de 2021. La 37e édition des Championnats d’Afrique de lutte s’est achevée par leur victoire en Tunisie le 4 avril dernier. Ce rendez-vous africain a regroupé les lutteurs de 19 pays qui se sont battus pour décrocher leur qualification olympique. Ce tournoi aurait dû avoir lieu en mars 2020 au Maroc. Il a été annulé en raison de la crise sanitaire qui a provoqué l’arrêt de toutes les activités sportives. L’Egypte était représentée par une délégation de 15 lutteurs : 11 hommes (6 en lutte libre et 5 en gréco-romaine), ainsi que 4 dames en lutte libre.
Il s’agissait du deuxième tournoi qualificatif, puisque la sélection a disputé les Championnats du monde au Kazakhstan en 2019, lors duquel un seul lutteur en lutte gréco-romaine, Mohamad Ibrahim Kicho (67 kg), s’est qualifié pour Tokyo. Malgré son jeune âge, Kicho, 23 ans, actuellement 3e au niveau mondial, est le seul lutteur gréco-romain au niveau continental qui a pu se qualifier au travers des Championnats du monde en se classant 5e. Selon le système de qualification, seuls les six premiers lutteurs et lutteuses aux Championnats du monde ont le droit d’être sur le tapis à Tokyo. « Les lutteurs et les lutteuses qui n’ont pas pu décrocher leur ticket olympique au travers des Championnats du monde ont eu la chance de se qualifier au niveau continental par le biais des Championnats d’Afrique en Tunisie. Les deux premiers lutteurs et lutteuses dans ce rendez-vous africain prendront part aux Jeux Olympiques (JO) de Tokyo », explique Waguih Békir, membre au conseil de la Fédération égyptienne de lutte.
Les 7 lutteurs qui ont pu composter leur ticket olympique au travers des Championnats d’Afrique sont Amr Ramadan (74 kg) et Diaa Gouda (125 kg) en gréco-romain en décrochant une médaille d’or. En lutte libre, trois lutteurs ont raflé l’or, à savoir Haitham Mahmoud (60 kg), Mohamad Moustapha (87 kg) et Abdel Latif Manie (130 kg). En lutte féminine, Samar Hamza (76 kg) a remporté une médaille d’or et Inès Khourched (68 kg) a obtenu une médaille d’argent. Les autres lutteurs n’ont pas pu réaliser leurs espoirs olympiques, mais ils ont tout de même arraché des médailles d’argent en lutte libre : Fathy Tareq (65 kg), Khaled Massoud (86 kg) et Hossam Al-Merghany (97 kg). En gréco-romaine, deux lutteurs se sont distingués : Mohamad Gabr (97 kg) et Wael Hamdy (77 kg). En lutte féminine, la lutteuse Nada Médany (50 kg) a remporté une médaille de bronze et la lutteuse Iman Gouda (57 kg) a occupé la 4e place.
La star de la sélection féminine Samar Hamza s’est qualifiée récemment pour Tokyo en remportant une médaille d’argent au tournoi international de Rome (Ranking Series) en mars dernier, occupant ainsi la 2e place mondiale. Cette jeune lutteuse incarne les chances de la lutte égyptienne d’accéder au podium olympique. La sélection recèle des talents qui ont affiché un très bon niveau comme le lutteur gréco-romain Abdel Latif Manie, classé 2e au niveau mondial. « Abdel Latif, 23 ans, a un très bon niveau et un grand potentiel. Il a glané une médaille de bronze aux Championnats du monde 2019 des moins de 22 ans. En ma qualité de directeur technique, je pressens qu’Abdel Latif et Ibrahim Kicho vont rééditer les exploits de la légende Karam Gaber, champion olympique en 2004 et vice-champion olympique en 2012 », assure Hafez. Il est important de savoir que la plupart des récompenses égyptiennes proviennent de cette discipline, car parmi les 23 médailles obtenues par l’Egypte tout au long de son histoire olympique, 7 ont été obtenues en lutte.
80 % de jeunes
Selon lui, la sélection a abordé ces Championnats avec l’objectif de qualifier 10 lutteurs, soit le même nombre que lors de la précédente édition de Rio où l’Egypte était représentée par le même nombre de participants. « Nos lutteurs ont été à la hauteur de ce tournoi en Tunisie. Mais le nombre de lutteurs qualifiés à Tokyo a diminué, car la compétition était très rude face à la Tunisie et l’Algérie, surtout dans certaines catégories de poids. Ceci explique pourquoi ils n’ont pas réussi à obtenir une médaille d’argent qui les aurait qualifiés pour Tokyo. Toutefois, on ne peut pas nier qu’ils ont réalisé une bonne performance en décrochant des médailles de bronze », assure Achraf Hafez, le directeur technique de la sélection. En réalité, le nombre de qualifiés est le même que celui des JO de Pékin 2008, pour lesquels l’Egypte était représentée par 8 lutteurs. Le nombre de lutteurs retenus pour Tokyo est satisfaisant bien qu’il soit inférieur à celui des JO de Rio. « Il faut savoir que 80 % de la sélection est très jeune. La catégorie d’âge varie entre 19 et 23 ans. En 2017, la discipline était victime d’un recul dû à la disparition, pour cause de naturalisation, des quatre principales stars de la sélection. Il s’agit de Tareq Abdel-Salam, naturalisé en Bulgarie, ainsi que Haïssam Fahmi, Iyad Ibrahim et Hamdi Abdel-Wahab, naturalisés aux Etats-Unis. Ces lutteurs étaient des athlètes très talentueux et médaillés à plusieurs reprises au niveau africain et international. N’oublions pas aussi le départ de Karam Gaber, champion olympique en 2004 et vice-champion olympique en 2012 », ajoute-t-il. Depuis 2017, la Fédération s’est attachée à former une équipe nationale bien expérimentée qui pourrait prendre la relève et retrouver le chemin du succès en lutte. « Nous devons faire preuve de patience pour atteindre nos objectifs d’une équipe experte qui sera à même de rééditer les exploits de Karam Gaber dans les prochaines années », conclut-il.
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