Ça y est ! Le rideau est enfin tombé sur la plus longue saison de l’histoire du football égyptien, samedi dernier, 405 jours après son début le 21 septembre 2019. Une clôture qui ressemble plutôt à un exploit en raison de la pandémie de Covid-19, qui a poussé la saison à une trêve forcée de presque cinq mois, entre mars et août, mettant en doute le retour à l’action à un moment où de grands championnats dans le monde, telle la Ligue 1 française, ont déclaré forfait.
Des tribunes vides, une cadence infernale avec des matchs tous les 3 jours et un stricte protocole médical, mais ça valait la peine à tous les niveaux. Les clubs ont évité un désastre financier, car ils ont compensé leur déficit au moyen de revenus commerciaux et de droits de diffusion qui représentaient presque 40 % du budget de la saison.
Côté technique, l’Egypte n’a pas affiché de saison blanche, et malgré les craintes de difficultés physiques, la compétition a été de haut niveau. Ces prouesses ont été concrétisées au niveau continental par Ahli en finale de la Ligue d’Afrique et Pyramids FC en finale de la Coupe de la Confédération et dans l’attente des résultats de Zamalek, qui a pris une large option pour la finale après avoir battu le Raja 1-0 à l’aller à Casablanca.
Ahli, domination écrasante

(Photo : Yasser Al-Ghoul)
Cette saison encore, Ahli a imposé sa loi en remportant son 42e titre de l’histoire. Les Rouges se sont placés au-dessus du lot en réalisant une performance éblouissante. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Ahli a terminé en tête du classement avec 89 points, soit 21 points d’avance sur son dauphin Zamalek. Meilleure attaque avec 74 buts et défense la plus solide avec seulement 8 buts encaissés en 34 matchs. L’entraîneur Pitso Mosimane déclare : « Je veux remercier M. Weiler (l’ancien entraîneur de l’équipe), car c’est lui qui a remporté le titre, et je remercie aussi le public d’Ahli, les joueurs et le président du club, Mahmoud Al-Khatib, qui m’a donné l’occasion d’être présent aujourd’hui. Je suis aussi content d’avoir gagné tous mes matchs et que l’équipe ait marqué beaucoup de buts ». Le technicien sud-africain a été embauché début octobre et a succédé au Suisse René Weiler, qui avait déjà assuré le titre à 6 journées de la fin de la saison.
Le collectif rouge a brisé le record de points (89 points), plus grand nombre de victoires (28) et plus grand nombre de clean sheets (28 matchs). 17 joueurs ont marqué les 74 buts d’Ahli qui a manqué d’une courte longueur le record de 75 buts par saison enregistrés lors de la saison 2017-2018. Mais les individualités ont aussi eu leur mot à dire. Le talent du latéral tunisien Ali Maaloul, le milieu et révélation malienne Aliou Dieng, Amr Al-Soulaya, le Nigérian Junior Ajayi et l’attaquant expérimenté Walid Soliman, le remplaçant de luxe qui a terminé en tête des buteurs de l’équipe avec 9 buts, ont fait la différence à plusieurs périodes de la saison. Ainsi, le gardien Mohamad Al-Chennawi s’est largement distingué par d’excellentes prestations tout au long de la saison pour briser le record de clean sheets pour un gardien en préservant ses filets vierges lors de 24 rencontres.
Le coude-à-coude entre Zamalek et Pyramids FC
Zamalek a dû se battre jusqu’au bout pour assurer sa place de dauphin et se qualifier pour la prochaine édition de la Ligue d’Afrique. Après avoir débuté au ralenti et changé d’entraîneur à deux reprises pour commencer avec le Serbe Milutin Sredojevic, puis par le Français Patrice Carteron pour conclure avec le Portugais Jaime Pacheco, Les Blancs ont dû se racheter tard dans la saison. La bande de Tareq Hamed avait abandonné beaucoup de points, et face à une tornade rouge cette saison, le titre était hors de portée. L’équipe était plutôt focalisée sur la 2e place, mais là encore ce n’était pas une promenade de santé. En effet, il y avait un duel à trois pour cette place de dauphin important à l’échelon africain. Alors que Moqaouloun menait la course à mi-chemin, Zamalek et la nouvelle puissance montante du football égyptien Pyramids FC se sont trouvés au coude-à-coude au sprint final. Il a fallu aux Blancs une victoire de 3-1 contre Ismaïli, lors de la 34e journée, alors que Pyramids FC a été accroché par Moqaouloun 2-2, pour remporter ce duel grâce à 3 points d’avance sur son rival. Pyramids FC devra se contenter d’une qualification pour la Coupe de la Confédération pour la deuxième année consécutive. Ils ont un travail à achever après avoir perdu le titre de cette année en finale contre la formation marocaine du RS de Berkane.
Moqaouloun retrouve l’Afrique
Cela faisait bien 15 ans que Moqaouloun n’avait pas fait de sorties africaines. Le triple vainqueur de la défunte Coupe d’Afrique des Coupes (1982, 1983 et 1996) a terminé 4e du classement, se qualifiant pour la Coupe de la Confédération pour la première fois depuis une place de quart de finaliste en 2005. « C’est un grand succès pour Moqaouloun. Ils ont fait une forte impression et ont pu se mesurer aux grands du championnat bien que leurs moyens ne soient pas à comparer. Je salue Emad Al-Nahasse pour son travail cette saison », a dit Hazem Emam, analyste et ancien international de Zamalek.
En fonction depuis octobre 2018, l’ancien défenseur d’Ahli Al-Nahasse a pu construire un dispositif solide avec Moqaouloun. Bien qu’il possède certains talents tels l’attaquant Taher Mohamad, le latéral colombien Luis Hinestroza et l’attaquant tunisien Seifeddine Jaziri, c’est le collectif qui prime sur ces individualités. Cette équipe soudée a pu battre Zamalek (2-1) et tenir en échec Pyramids FC (2-2), mais c’est le manque de richesse de l’effectif qui les a fait trébucher vers la fin, surtout avec le rythme infernal des matchs. Mais gare au lendemain, car Moqaouloun doit justement enrichir son banc s’il compte progresser, que ce soit en championnat ou en Coupe de la Confédération la saison prochaine, surtout avec le transfert de sa perle Taher Mohamad à Ahli.
Le buteur Abdallah Al-Saïd
A 35 ans, il vit ses meilleurs jours de footballeur. Le meneur de Pyramids FC Abdallah Al-Saïd a décroché le titre de buteur du Championnat national avec 17 buts pour la première fois de sa carrière. Buteur et passeur aussi, car le milieu international a signé 6 passes décisives pour se rendre directement responsable de plus de 40 % des 54 buts marqués par son équipe cette saison. C’est lui qui tire les ficelles chez Pyramids FC et il est perçu comme le meilleur joueur de la saison en raison de son influence, ses performances et son efficacité. Al-Saïd est aussi entré dans la légende du football égyptien en intégrant l’élite des joueurs qui ont franchi le seuil de 100 buts en championnat. L’ancien meneur d’Ismaïli et Ahli est 6e parmi les neuf gloires avec un total de 108 buts.
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