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Abdel Khaleq, le rêve de ramer vers le podium

Marianne Youssef, Mardi, 10 mars 2020

Abdel Khaleq Al Banna est le seul rameur à représenter l’Egypte aux JO de Tokyo 2020 après avoir remporté l’or aux Championnats d’Afrique de Tunisie. Portrait de ce rameur qui a commencé à captiver les regards aux JO de Rio 2016.

Abdel Khaleq, le rêve de ramer vers le podium

Toujours seul en course, le skiffeur Abdel Khaleq Al Banna n’est pas un rameur comme les autres. Il est le seul parmi la sélection à composter son ticket olympique pour Tokyo 2020 en remportant l’or aux Championnats d’Afrique de Tunisie en octobre 2019. Il a devan­cé le Tunisien Mohamed Taeib et le Zimbabwéen Peter Purcell. « Je suis très fier de cette performance. J’ai réussi à me confirmer en me classant 1er malgré la difficulté de la compé­tition vu le haut niveau des rameurs africains qui sont très expérimentés, surtout ceux de la Tunisie. Ce résul­tat m’encourage à poursuivre mon travail jusqu’à Tokyo », dit-il avec assurance, en ajoutant que c’est à partir de l’année 2008 que l’Egypte a commencé à remporter des titres africains importants en aviron. Avant 2008, le titre était monopolisé par les grandes équipes de la discipline, à savoir celles de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Afrique du Sud. Selon Al Banna, cette performance est le fruit d’efforts personnels déployés depuis 2013. « Sans attendre le sou­tien de la fédération, je m’entraîne tous les jours à la salle de muscula­tion au club d’Al-Gueich pour tra­vailler les muscles des bras, des épaules, du dos et des jambes. Le but étant de renforcer les muscles solli­cités en ramant en dehors des heures d’entraînement sur l’eau », ajoute-t-il. Al Banna avait la détermination de travailler dur pendant la saison 2019 car le système de qualification pour les Jeux Olympiques (JO) de Tokyo est devenu plus strict.

« Selon l’ancien système, les 3 premiers rameurs peuvent décrocher leur ticket olympique. Actuellement, le premier uniquement a le droit d’aller à Tokyo. Voilà pourquoi, j’ai travaillé très sérieusement pour rem­porter la première place », dit-il.

En fait, Al Banna avait réalisé une première depuis 1996 en décrochant une 10e place aux JO de Rio 2016. C’était la deuxième fois que l’aviron égyptien réalisait un bon classement aux JO. La première était aux JO d’Atlanta en 1996 grâce au rameur Aly Ibrahim qui avait décroché une 8e place en skiff. A Rio, Al Banna avait réussi à attirer l’attention après un passage à vide de 20 ans. Et à la surprise de tout le monde, il avait alors réalisé un parcours excellent mettant l’Egypte à un niveau proche des grandes nations de la discipline. « A Rio, la compétition était très dure, malgré cela, j’ai réussi à me classer 4e dans mon groupe qui ren­fermait 6 rameurs. Au classement final, j’ai décroché la 10e place sur 36 rameurs. C’était un vrai exploit pour moi et pour l’aviron égyptien », assure Al Banna.

A 19 ans, le coup de foudre

Les débuts d’Al Banna étaient à l’âge de 19 ans lorsqu’il fait son service militaire. « Mon supérieur pratiquait l’aviron et je l’ai accom­pagné lors d’une compétition. J’ai été attiré par ce sport, car il fait travailler tous les muscles du corps. Mon chef m’a ensuite aidé à rejoindre l’équipe d’aviron au club Talaïe Al-Gueich à Zamalek », raconte-t-il. Al Banna montre, lors de l’entraînement, un vrai talent qui lui permet de rejoindre la sélection à l’âge de 22 ans. Il commence à col­lectionner les médailles à partir de l’année 2012. Il remporte le titre africain et arabe 5 années succes­sives de 2012 jusqu’en 2016. En 2013, il décroche une 4e place aux Jeux méditerranéens et une 5e place en 2018. En 2019, il remporte une médaille d’argent en skiff et une autre d'or en skiff mixte aux Jeux africains du Maroc en août 2019.

Pour la prochaine période, Al Banna aspire à bénéficier d’un spon­sor pour pourvoir faire mieux. « Je m’entraîne sur un bateau complète­ment différent de celui que j’utilise pendant les compétitions, ce qui affecte négativement mon niveau. Pour faire mieux, j’ai besoin d’un sponsoring. L’aviron est un sport qui exige un financement important à cause des équipements utilisés dans les différentes épreuves, sans comp­ter les rameurs qui ont besoin d’une bonne formation physique et nutri­tive ». Et d’ajouter : « C’est par manque de moyens que l’aviron égyptien n’a pas pu percer au niveau international. Le seul rameur à avoir réalisé de bons résultats était Aly Ibrahim décédé en 2010. Il était le seul rameur à avoir disputé 4 JO et à décrocher une 8e place aux JO d’Atlanta 1996 ».

Plein d’ambitions, Al Banna veut aller au bout de ses rêves. Pour lui, ses exploits récents marquent une nouvelle étape de sa carrière. « Pendant les dernières 4 années, j’ai pu découvrir mes capacités, mes points forts et faibles. Je me suis fixé comme but de développer mon niveau pour faire mieux à Tokyo. J’ai un programme de stage et de compétition intensif pour bien me préparer à Tokyo », assure Al Banna. Il effectue au mois de mars un camp fermé d’un mois à Ismaïliya. Ensuite, il effectuera deux autres camps en Italie et en Suisse. Il participera à trois compétitions, à savoir la Coupe du monde d’Italie en avril prochain, de Slovénie en mai ainsi que le Championnat international de Suisse en juin.

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