Champion pour la 41e fois, cela devient une habitude plutôt qu’un exploit. Mais à l’issue de leur victoire 3-1 contre Moqaouloun, mercredi 24 juillet dernier, les joueurs d’Ahli ont fondu en larmes pour un sacre que beaucoup, pourtant, voyaient hors de portée. « C’est le titre le plus difficile de ma carrière. C’était une très longue saison et l’on a éprouvé beaucoup de difficultés, à tel point qu’à un moment, certains disaient qu’on était hors course pour le titre. Mais les joueurs étaient déterminés et on a pu faire taire toutes ces langues à la fin », a déclaré le capitaine Hossam Achour, qui lui-même célèbre son 12e titre de championnat avec Ahli.
Poussés jusqu’au bout de cette saison par leur rival traditionnel Zamalek et la nouvelle version du club de Pyramids FC, soutenu par ses riches propriétaires du Golfe, les Rouges ont remporté la course à une journée de la fin de la compétition pour conserver leur titre pour la 4e saison d’affilée. « De tous les titres, c’est le plus précieux de l’histoire du club. Nous avons pu surmonter tous les obstacles techniques, que ce soit la succession des matchs, les blessures et les absences, outre les problèmes hors de la pelouse, pour remporter ce trophée. Il y avait une énorme pression sur tout le groupe, notamment après notre élimination de la Ligue d’Afrique, mais c’était devenu une motivation pour les joueurs, qui ont su relever ce défi », s’est réjoui l’entraîneur adjoint Mohamad Youssef.
Ce sacre n’a pas été réalisé au rythme de belles victoires et de spectacles régalants, mais plutôt au bout de duels acharnés, de nombreuses déconfitures et de beaucoup de pression sur les nerfs. Le ténor cairote n’a pas eu le temps de souffler cette saison, tant la concurrence était rude au niveau domestique, en plus d’un calendrier surchargé, avec deux éditions de Ligue d’Afrique dans une phase transitionnelle (finaliste de l’édition 2018 selon son calendrier janvier-décembre et quart de finaliste en 2019 selon son nouveau format août-mai) et une participation à la Ligue des champions arabes (8e de finaliste). La saison s’est étalée sur 362 jours (le championnat a été interrompu pendant deux mois en raison de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Egypte, avec plus d’une quarantaine de joueurs au travail et deux entraîneurs qui se sont enchaînés à la barre.
C’est la fin qui compte
« En mars dernier, on avait 14 points de retard sur le leader. Entre Ahli et Zamalek, on aurait dit que c’était terminé. Mais on avait une grande confiance en nos qualités et on a continué à travailler sans se soucier de toutes les critiques qui nous ont été adressées. Les joueurs et le staff ont montré beaucoup de caractère, celui du champion qui est sûr de lui-même, et voilà qu’après 4 mois exactement, on est champion, et ce, avec 5 points d’écart », a souligné le directeur de la section foot du club, Sayed Abdel-Hafiz.
Les Rouges avaient pris un mauvais tournant, fin 2018, qui leur avait coûté le titre de la Ligue d’Afrique et valu une dégringolade en championnat pour chuter à la 6e place du classement. Une débâcle qui avait entraîné le remerciement de l’entraîneur français Patrice Carteron et l’arrivée de l’Uruguayen Martin Lasarte en janvier. Mais les coéquipiers de Achour ont tenu bon, enchaînant les victoires en attendant une déroute de Zamalek. Ils ont fait preuve d’un esprit de battant et d’une belle rage de vaincre en remportant des matchs à la dernière seconde, notamment face à l’Ittihad 2-0 lors de la 27e journée, grâce à des buts de Ali Maaloul (92e minute) et de Saleh Gomaa (98e minute), face à Talaë Al-Gueich 2-1 lors de la 31e journée, par une frappe de Maaloul (91e minute) et contre Smouha 1-0 lors de la 32e journée, par un but de l’Angolais Geraldo (97e minute). Une série parfaite qui leur a permis de remonter l’écart avec Zamalek qui, lui, s’est retrouvé sur une pente descendante. « C’était un vrai défi, mais on était tous déterminés à le relever et à offrir ce titre précieux à notre public. On savait qu’on avait eu des difficultés au début, mais à Ahli, on a appris que c’est la fin qui compte », a déclaré l’attaquant marocain Walid Azaro.
Pour disputer 5 grandes compétitions en l’espace d’une saison, Ahli a dû largement faire tourner son effectif. Depuis août 2018, 42 joueurs ont porté le maillot rouge pour pouvoir faire face à l’allure infernale des matchs. « Je n’ai jamais vu ça partout où j’ai été. Jouer tous les trois jours, c’est très difficile pour n’importe quelle équipe. Mais je ne peux rien y faire et dois toujours faire tourner mon effectif, afin d’éviter la fatigue et les blessures », avait dit Lasarte en mars dernier. L’ancien entraîneur de Real Sociedad (Espagne) et de Nacional (Uruguay) a, quant à lui seul, utilisé 34 joueurs depuis janvier dernier. L’équipe a aussi été frappée par une série de blessures, qui avait pris une ampleur handicapante. L’infirmerie ne s’est pas vidée de toute la saison, à tel point qu’elle a été remplie par autant que 11 joueurs à certains moments. Lasarte a fait jouer tous les éléments disponibles, y compris les 3 gardiens de but.
Un mercato hivernal fructueux
En difficulté lors de l’été 2018 en raison de l’arrivée de Pyramids FC, qui a étalé ses gros muscles financiers sur le marché des transferts, Ahli a largement investi lors du mercato hivernal pour étoffer son effectif. Le club a embauché de grandes vedettes, tels les attaquants Ramadan Sobhi (prêt de Huddersfield Town, Angleterre) et Hussein Al-Chahat (Al-Aïn, Emirats arabes unis), l’international Angolais Geraldo (Petro Atletico, Angola), le milieu international des Pharaons, Mohamad Mahmoud (Wadi Degla), le milieu Hamdi Fathi (Enppi) et les défenseurs Yasser Ibrahim (Smouha) et Mahmoud Wahid (Enppi). « Nous étions conscients du fait que l’équipe avait besoin de renfort, et c’est ce qu’on a réalisé. Ce recrutement a coûté plus de 220 millions de L.E. (presque 12 millions de dollars), mais c’est le plus grand et le meilleur qu’on ait fait depuis l’arrivée de la bande d’Abou-Treika et de Barakat en 2004, qui ont ensuite constitué la génération dorée du club », avait indiqué Adli Al-Qii, porte-parole du conseil d’administration.
Cette palette de joueurs a été au coeur de la relève de l’équipe et a fait grande impression dans le parcours pour le titre, que ce soit par leur expérience ou leur individualité, qui ont été décisives lors de nombreuses rencontres. « Je suis heureux d’avoir pu contribuer à ce triomphe, que je dédie à notre public et à l’administration du club, qui nous ont soutenus tout au long du parcours, alors que tout le monde doutait de nos capacités. On a su surmonter tous les obstacles et ce titre va nous motiver à réaliser plus de succès », a dit Al-Chahat, auteur d’un doublé dans le match du sacre face à Moqaouloun.
Or, la saison n’est pas encore terminée pour Ahli, qui a encore les matchs de Coupe d’Egypte à disputer avec, à l’horizon, la chance de réaliser son premier doublé local depuis 2007.
Palmarès du championnat par club
Ahli : 41 titres
Zamalek : 12 titres
Ismaïli : 3 titres
Ghazl Al-Mahalla : 1 titre
Moqaouloun : 1 titre
Olympique d’Alexandrie : 1 titre
Tersana : 1 titre
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