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Ranim Al-Welily : Je joue sans stress et avec beaucoup de concentration

Chourouq Chimy, Mardi, 11 décembre 2018

Dans un entretien accordé à Al-Ahram Hebdo, la joueuse de squash Ranim Al-Welily, championne d’Egypte et championne du monde en titre, évoque sa joie d’avoir retrouvé sa place au sommet du classement mondial PSA ainsi que ses principaux défis en 2019.

Ranim Al-Welily

Al-Ahram Hebdo : Vous avez récupéré ce mois votre place à la tête du classement mondial que vous aviez occupée pour 4 mois consécutifs en 2015. Vous avez arraché la place à votre compa­triote Nour Al-Cherbini, qui l’a occupée pendant 31 mois consécu­tifs. Comment y êtes-vous parve­nue ?

Ranim Al-Welily : Durant les 31 derniers mois, mes résultats lors des différents tournois étaient très proches de ceux de ma compatriote Nour Al-Cherbini, no 1 mondiale. En novembre 2017, nous avons été finalistes de l’Open de Hong Kong, qu’elle a remporté. En décembre 2017, on a disputé la finale des Championnats du monde indivi­duels dames, lors desquels j’ai rem­porté le titre pour la première fois de ma vie. Au mois de janvier 2018, on a disputé la finale de l’Open d’Arabie saoudite, où elle m’a bat­tue.

Au mois d’avril 2018, nous étions en finale de l’Open d’Al-Gouna, et j’ai remporté le titre. Enfin, au mois de mai 2018, nous nous sommes retrouvées en finale de l’Open de British, où elle m’a battue. Ce n’était plus la question de savoir qui allait gagner, l’essen­tiel était d’être toujours qualifiée avec elle en finale. Ces qualifica­tions ont augmenté mon total de points et diminué l’écart entre nous pendant la saison qui a commencé au mois d’août 2018.

J’étais, lors de ces derniers mois, sur le point de prendre sa place au sommet du clas­sement. J’ai déployé de grands efforts durant cette période, sans pour autant rien planifier, mais je me suis fixé l’objectif de gagner et de bien jouer. Je jouais sans stress et avec beaucoup de concentration. Je pense que j’ai pu retrouver ma place au sommet du classement mondial grâce à cette stabilité men­tale.

— Vous êtes parvenue au som­met du classement mondial en 2015 et en 2018, réalisant un long parcours et une très forte joueuse. Pouvez-vous nous parler des moments inoubliables ?

— A vrai dire, les circonstances de ces deux succès sont complète­ment différentes. En juin 2015, j’ai battu la légende malaisienne Nicol David, lors de l’Open d’Alexandrie, à la surprise de tout le monde, moi-même incluse. Cette victoire a fait que j’ai pu dépasser son total de points quelques mois plus tard. En septembre 2015, j’ai pris la tête du classement mondial en devançant David, qui était alors n° 1 depuis 9 ans.

En 2018, mes résultats ont été très proches de ceux de Nour Al-Cherbini. Juste avant l’Open de Hong Kong, qui s’est achevé à la fin du mois de novembre, les spé­cialistes ont prévu que si Al-Cherbini perdait n’importe quel match, alors que je continuais dans le tournoi, je deviendrais n°1 mon­diale. Al-Cherbini a été éliminée en quarts de finale, tandis que j’ai ter­miné finaliste. Et voilà qu’au clas­sement de ce mois, j’ai retrouvé ma place au sommet. Je suis vraiment ravie.

— Pensez-vous pouvoir mainte­nir ce classement pour long­temps ?

— Un petit nombre de points me sépare de Nour Al-Cherbini, l’ac­tuelle n°2 mondiale. En effet, ce ne sera pas facile de conserver mon actuelle place au sommet du classe­ment. Mais je ne vais pas me stres­ser, je vais continuer à jouer du bon squash sans rien planifier, car je crois que c’est la raison de ma réus­site actuelle.

— Vous occupez désormais la première place au classement mondial, mais vous êtes aussi championne du monde en titre. Est-ce difficile de conserver ce titre prestigieux ?

— La joueuse malaisienne Nicol David a remporté le titre de cham­pionne du monde 8 fois. Je ne pour­rai jamais battre ce record. J’ai déjà remporté ce titre, ce qui va être gravé dans l’histoire du squash. Pour moi, cette performance est satisfaisante. Mais cela ne veut pas dire que je vais m’arrêter d’essayer de faire mieux. Je ferai tout pour conserver les deux sacres.

— La motivation des joueuses qui affrontent la n°1 mondiale est de battre cette dernière plus que de gagner simplement le match. Cela représente un effort et une pression supplémentaires pour vous. Qu’en pensez-vous ?

— En 2015, cela m’a en effet beaucoup entravée, lorsque j’étais n°1 mondiale pour quelques mois. Je crois que je suis maintenant plus mature. Désormais, l’important n’est plus de battre la n°1 ou la n°2 mondiales, mais les joueuses tra­vaillent en vue de gagner des tour­nois et de remporter des victoires. Cette saison, des joueuses telles la Néo-Zélandaise Joelle King et l’Anglaise Sarah John Perry ont remporté des titres et joué au top et avec une forte concentration.

— Selon vous, quels seront les plus importants tournois en 2019 ?

— Au mois de janvier, je dispute­rai le tournoi des Champions. Lors de l’ancienne édition, j’ai été élimi­née des quarts de finale. Je ferai de mon mieux pour gagner cette édi­tion, mais même si je devais termi­ner demi-finaliste, cela me garanti­ra la stabilité dans mon classement mondial.

Au mois de février, je dis­puterai les Championnats du monde individuels dames. Il s’agit d’un nouveau challenge pour conserver le titre de l’un des plus importants et prestigieux tournois du circuit. Ensuite, je disputerai le Black Ball Open dames, qui aura lieu en Egypte. C’est un nouveau club qui organise des Opens de squash pour hommes et dames. Et, enfin, la sai­son se terminera par 2 tournois très importants : Al-Gouna au mois d’avril et le British Open au mois de mai.

— Quelles sont les joueuses étrangères qui attirent particuliè­rement votre attention en ce moment ?

— La Néo-Zélandaise Joelle King, qui est très forte physique­ment. Elle n’a pas remporté beau­coup de victoires, mais elle travaille dur pour remporter des titres. La Française Camille Serme, qui pra­tique le style français, basé sur une forte tactique de jeu, qu’elle arrive facilement à exécuter en plein court. A mon avis, l’Anglaise Sarah John Perry est la plus talentueuse joueuse anglaise. Il y a aussi l’Amé­ricaine Amanda Sobhi, de retour après un an de blessure, et qui pos­sède une forte attaque. Et enfin, l’Anglaise Laura Massaro, qui est très expérimentée et figure parmi mes joueuses préférées.

— Et les joueuses égyptiennes ?

— Il y a beaucoup de bonnes joueuses, telles Nour Al-Cherbini, Nour Al-Tayeb et Nourane Gohar. Il y a de même des joueuses hors du top 10, telles Salma Hani et Hania Al-Hamami. Je remarque en outre beaucoup de jeunes joueuses très talentueuses, notamment Rawan Réda, Mariam Metwalli et Mayar Hani.

— Vous évoquez souvent votre directeur technique, Hayssam Effat. Comment cet entraîneur a-t-il influencé votre carrière ?

— Je m’entraîne sous la houlette de Hayssam Effat depuis 2010. J’ai 29 ans, tandis qu’il a 30 ans. Nous sommes très proches et je le consi­dère comme un frère avant d’être mon entraîneur. Je m’entraîne avec lui tous les jours et je lui demande des conseils. C’est un entraîneur de qualité, qui possède le talent de savoir bien « lire le court ». Il m’aide à découvrir mes points faibles pour les modifier et aussi à développer mes points forts. Il prend aussi en charge plusieurs autres joueurs et joueuses, notam­ment Tareq Moëmen, actuel no 4 mondial, Marwan Al-Chorbagui, actuel n°5 mondial, et Hania Al-Hamami.

J’ai recours à lui concernant tous les détails relatifs au squash. Il m’a beaucoup aidée à surmonter mon manque de concen­tration et le stress qui a négative­ment affecté mon niveau et mes résultats pour un certain temps. J’apprécie beaucoup aussi le travail et l’effort d’Ahmad Faragallah, mon entraîneur de condition phy­sique.

— Plusieurs spécialistes pen­sent que malgré le grand succès du squash égyptien — hommes et dames —, des indices montrent que le niveau des Egyptiens baisse et qu’ils ne seront plus longtemps au top du circuit. Etes-vous d’ac­cord avec cette estimation ?

— Sans remettre en question l’ex­cellente performance actuelle du squash égyptien, le niveau en caté­gories juniors n’est plus comme avant. Premièrement, il existe d’autres pays, tels Hong Kong, les Etats-Unis, l’Inde, la Malaisie et des pays d’Amérique du Sud qui accordent beaucoup d’attention au squash et aux jeunes joueurs.

Les Egyptiens ne sont donc plus les seuls sur la scène du squash mon­dial. Deuxièmement, les joueurs et les joueuses égyptiens jouent du squash jusqu’à l’âge de 17-18 ans, et après avoir réalisé de bons résul­tats, ils arrêtent le jeu pour se consacrer totalement aux études.

— Selon vous, à quoi est-ce dû ?

— Le squash n’est un sport ren­table que pour les joueurs dans le top 10 du classement mondial. Toutefois, cette situation peut changer s’il y a des sponsors qui s’intéressent aux juniors et offrent des bourses sco­laires et universitaires aux jeunes joueurs. Cela sans parler des écoles et des universités gouvernementales, qui ne reconnaissent pas la valeur des sportifs.

Ces dernières doivent changer leur point de vue envers le sport et les sportifs. En réalité, ce ne sont pas seulement les joueurs qui arrêtent le jeu, mais aussi les entraî­neurs. De manière générale, le nombre des joueurs a beaucoup aug­menté, mais il y a un manque d’en­traîneurs et de courts de squash.

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