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Salah porte les ambitions des Pharaons

Karim Farouk, Lundi, 11 juin 2018

Qualifiée pour le Mondial pour la première fois depuis 28 ans, l’Egypte mise beaucoup sur son héros Mohamad Salah pour réaliser un exploit en Russie. Les Pharaons peuvent de plus compter sur leur solide esprit de groupe comme stratégie de succès.

Salah porte les ambitions des Pharaons

On dit que l’Egypte, c’est l’équipe de Mohamad Salah. C’est peutêtre vrai. Après tout, les Pharaons peuvent remercier leur vedette de la qualification pour le Mondial pour la première fois depuis 28 ans, une qualification qui fait le bonheur de toute une nation. Le penalty décisif face au Congo (2-1) à la 96e minute, qui a validé le ticket pour la Russie, ainsi que 4 autres buts cruciaux dans le parcours des qualifications ont donné toutes les raisons aux Egyptiens de porter aux nues Mohamad Salah, devenu « symbole de la nation », comme l’a décrit le président Abdel-Fattah Al-Sissi.

L’attaquant de Liverpool est devenu un phénomène planétaire suite à une saison stratosphérique, qui l’a vu décrocher les titres de meilleur joueur et buteur dans le Championnat anglais, écrasant au passage des records qui avaient tenu pour de longues années. Les statistiques de Salah l’ont placé dans la classe du prodige argentin Lionel Messi et de la machine à buts portugaise Cristiano Ronaldo, et il est devenu un candidat sérieux pour le Ballon d’or. « Il n’y a pas de mal à dire que c’est l’équipe de Salah. L’Argentine fait ainsi avec Messi et le Portugal avec Ronaldo et il n’y a rien d’offensif à cela. Quand tu as un joueur d’une telle qualité, il est normal qu’on cherche à l’exploiter au maximum et que le jeu soit concentré sur lui, sinon, tu ne fais pas bon usage de tes atouts », avait dit l’entraîneur adjoint de l’équipe, Ossama Nabih.

Plus de 100 millions d’Egyptiens avaient retenu leur souffle lorsque leur héros s’était écroulé lors de la finale de la Ligue des champions d’Europe le 26 mai dernier avec une blessure à l’épaule. « Ce fut une soirée très difficile, mais je suis un guerrier. Malgré les pronostics, je suis confiant quant à ma présence en Russie pour vous rendre tous fiers. Votre amour et votre soutien vont me donner la force dont j’ai besoin », avait écrit le fer de lance des Pharaons sur son compte Twitter pour rassurer son public. Soupir de soulagement, les diagnostics ont révélé qu’il avait besoin de deux à trois semaines de repos pour reprendre l’action. Il demeure ainsi incertain pour le match d’ouverture face à l’Uruguay le 15 juin, mais sera présent contre la Russie le 19 juin et l’Arabie saoudite le 25 juin.

Jeu collectif

Bien que le sélectionneur national Hector Cuper ne cache pas son admiration pour sa grande vedette, il ne se laisse pas influencer par son charme. « C’est un grand joueur, un joueur très important pour nous. Mais derrière lui, il y a toute une équipe qui le supporte et qui l’aide. Nous avons besoin de Salah, comme lui a besoin de nous. Nous avons un système de jeu, un football collectif et je ne vais pas changer ça pour l’absence d’un joueur, quel qu’il soit », avait dit le technicien argentin.

Depuis son arrivée en mars 2015, Cuper a construit un dispositif solide pour les Pharaons, selon un schéma 4-2-3-1, qui consiste à défendre bas et à se lancer ensuite en contre-attaque. Une défense à quatre, organisée autour du géant défenseur de West Bromwich, Ahmad Hégazi, dressé devant le gardien légendaire Essam Al-Hadari (45 ans), avec notamment le solide défenseur droit Ahmad Fathi, qui soulage beaucoup Salah de ses devoirs défensifs. Devant la charnière, il y a Tareq Hamed, qui casse les attaques adverses avant qu’elles n’arrivent dans les zones dangereuses et, à côté de lui, le milieu relayeur d’Arsenal, Mohamad Al-Nenni, qui assure la transition entre la défense et l’attaque. Au poste de numéro 10, Abdallah Al-Saïd est le maestro de cette équipe, qui orchestre le jeu et envoie des passes à ses attaquants, l’excellent ailier de Kasimpasa, Mahmoud Hassan « Trezeguet », Marwan Mohsen et, surtout, le virevoltant Salah, pour concrétiser l’action. Un football qui, certes, ne régale pas un public fou du ballon rond et qui apprécie le jeu esthétique du Brésil ou de Barcelone, mais qui fonctionne bien et a eu du succès. L’Egypte a atteint la finale de la Coupe d’Afrique des nations 2017 après avoir manqué les trois éditions précédentes et mis fin à sa longue traversée du désert en Coupe du monde, à laquelle elle avait participé la dernière fois en 1990.

« Notre point fort, c’est qu’on joue collectivement. Nous sommes une équipe très homogène et évoluons en bloc. Cuper est un entraîneur très expérimenté et il nous a beaucoup fait progresser. Personnellement, il m’a appris à mieux défendre, de même qu’il m’a donné des solutions pour atteindre les buts adverses plus facilement. Je pense que j’ai bien évolué avec lui », explique Salah. Auteur de 33 buts (0,58 but par match) et de 18 passes décisives en 53 sélections, le numéro 10 des Pharaons possède une forte influence sur l’efficacité de l’équipe. Lors des quatre derniers matchs de préparation que l’équipe a disputés sans son élément inspirateur, les Pharaons n’ont marqué qu’un seul but, face au Koweït (1-1). Il est donc logique de dire que la réussite du onze national va dépendre en grande partie des prouesses de Salah. Si l’Uruguay de Suarez et de Cavani semble être supérieur techniquement et tactiquement, la Russie et l’Arabie saoudite sont à la portée des Pharaons. Ce serait une chance pour le septuple champion d’Afrique d’enregistrer sa première victoire dans sa troisième participation au Mondial. « Nous étions d’abord sous pression pour nous qualifier pour la Coupe du monde, car cela faisait 28 ans que nous n’y avions pas participé. Mais pour nous, ce n’est pas assez. On veut réaliser un exploit et écrire une nouvelle page d’Histoire. Je ne vais pas en Russie pour jouer 3 matchs et rentrer à la maison », conclut Salah.

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