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Mohamed Koffi : Je suis le fils adoptif de l’Egypte

Mohamad Mosselhi, Mardi, 06 mars 2018

En Egypte depuis 2006, le défenseur burkinabé de Masri, Mohamed Koffi, parle de sa large expérience avec le football égyptien et évoque les chances de son équipe dans le championnat et la Coupe de la confédération.

Je suis le fils adoptif de l’Egypte
(Photo : Site officiel de Masri)

Al-Ahram Hebdo : Vous êtes le doyen des joueurs africains évoluant en Egypte. Pouvez-vous nous parler de cette large expérience ?

Mohamed Koffi : De 2006 à 2018 j’ai acquis une très grande connaissance aussi bien du championnat que de l’Egypte. Je dirais que je suis un fils adoptif de ce beau pays qui m’a donné la plus grande expérience durant toute ma carrière de footballeur. Je remercie Dieu de m’avoir gardé en vie et permis de découvrir ce pays plein d’histoire, et bien sûr, le Championnat égyptien, l’un des meilleurs en Afrique et dans le monde arabe. C’est un championnat très médiatisé et connu mondialement.

— Est-ce qu’il y a eu de grands changements dans le Championnat égyptien durant ces 12 années ?

— Oui, il y a eu beaucoup de changements dans le football égyptien durant ces 12, 13 années. D’abord, je souligne qu’avant la révolution, il y avait des supporters dans les tribunes qui faisaient la beauté du football égyptien. Les clubs donnaient de bons salaires aux joueurs étrangers et aux Egyptiens. Chaque club avait 3 à 4 internationaux égyptiens sans compter les internationaux étrangers ... Après 2011, le monde du foot a eu beaucoup de problèmes, notamment économiques, et les clubs n’arrivent plus à faire venir des joueurs qui leur coûtent cher. Les stades sont vides. Il y a des clubs qui sont parmi les 4 premiers du championnat depuis un certain temps et qui participent aux compétitions africaines interclubs depuis 2 années, mais qui n’ont pas un seul joueur dans l’équipe nationale comme Masri et bien d’autres équipes. Ces équipes ont chacune 1 ou 2 joueurs qui méritent de faire partie de la sélection. Cela donne du motif aux joueurs à se battre dans leurs différents clubs pour pouvoir aussi être choisis afin de défendre les couleurs de leur pays.

— Y a-t-il une grande différence concernant le niveau des joueurs africains évoluant en Egypte par rapport à avant ?

— Je pense qu’avant il y avait plus de joueurs mûrs et internationaux ... mais maintenant, la majorité des joueurs africains du championnat sont de très bons joueurs mais manquent d’expérience. Même s’il y a quelques internationaux, ils ne sont pas beaucoup.

— Est-ce qu’on peut dire que le Championnat égyptien est une vitrine pour les joueurs africains ?

— Oui une très grande vitrine. Pour moi, c’est le meilleur championnat en Afrique ... Le Championnat égyptien est aujourd’hui suivi par les Européens. En outre, il y a plein de joueurs venant de ce championnat aujourd’hui qui font la fierté de l’Afrique et du monde du football, comme Mohamad Salah, Mohamad Al-Nenni, Ahmad Hégazi, et d'autres.

Avant, il y a eu beaucoup de joueurs qui sont passés par ce même championnat pour rejoindre l’Europe comme Emmanuel Amunike, Bell Antoine, John Utaka, Amado Flavio et Gilberto ...Maintenant, on trouve des Africains toujours comme John Antwi, Aristide Bance, Issouf Ouattara, Walid Azaro, Mohamed Koffi, Junior Ajayi, Maroof Yusuf ...

— Pouvez-vous nous parler de votre expérience avec Petrojet, Zamalek et Masri ?

— A Petrojet, j’ai passé 8 ans et c’est dans ce club que j’ai appris à aimer l’Egypte, je remercie ce club qui m’a appris beaucoup de choses et tous les dirigeants qui m’ont apporté leur soutien, sans oublier mes amis qui m’ont accueilli comme leur frère. A Zamalek, je dis merci à ce grand club qui m’a permis de remporter le championnat, la Coupe égyptienne et la Supercoupe égyptienne, je remercie tous les supporters et ceux qui m’ont aidé à écrire cette petite histoire parmi les grandes histoires du club.

Je suis à ma première année avec ce grand club de Masri, mais, déjà, les supporters me montrent leur amour, et les joueurs et les dirigeants m’ont bien accueilli à bras ouverts. Je remercie le coach Hossam Hassan et son frère Ibrahim Hassan de m’avoir fait confiance et de m’avoir fait venir dans l’un des 4 grands clubs égyptiens. Je vais me battre avec mes coéquipiers pour pourvoir écrire notre histoire dans cette grande ville du football, Port-Saïd.

— A votre avis, pourquoi Zamalek n’a-t-il pas réussi à investir son succès de 2015 et à continuer sur la même lancée ?

— Je crois que Zamalek n’a pas réussi parce qu’ils ont laissé partir la majorité de l’équipe de 2015 plus l’entraîneur qui venait de remporter le championnat et la coupe. Il y a eu beaucoup de remaniements dans l’effectif ...

— Vous présentez une performance exceptionnelle avec Masri cette saison. Comment expliquez-vous ce grand succès ?

— Merci, je dirais que le Championnat égyptien n’est pas nouveau pour moi, j’ai une très grande expérience dans ce championnat. Par ailleurs, cette performance vient de l’envie qui m’anime à chaque fois que mon entraîneur Hossam Hassan m’approche et me dit : Koffi, je te connais, apporte ton expérience et ta combativité à ce groupe rempli de jeunes talentueux.

— Mais vous avez commencé la saison en tant que remplaçant. N’était-ce pas bizarre pour un joueur de classe comme vous ?

— Oui, comme vous l’avez souligné, j’ai commencé le championnat en tant que remplaçant et beaucoup de personnes se sont posé la question : pourquoi Koffi est remplaçant à Masri ? Pourtant, il est plein d’expérience et vient de l’un des deux meilleurs clubs égyptiens ! Réellement, je remercie Hossam Hassan qui savait que je venais de sacrifier deux mois de vacances après le Championnat saoudien, ensuite j’ai rejoint Zamalek où j’avais joué 5 matchs amicaux et j’ai subi une déchirure à la cuisse avant de signer un nouveau contrat avec Masri. Il fallait me ménager en participant aux quarts d’heure des matchs jusqu’à ce que je retrouve ma forme réelle.

Masri va rencontrer la formation tanzanienne de Simba à l’occasion de la Coupe de la CAF ce mercredi. Comment voyez-vous cette rencontre ?

Je suis le fils adoptif de l’Egypte
Koffi a remporté le doublé Championnat et coupe avec Zamalek en 2015. (Photo : Site officiel de Masri)

— La formation de Simba n’est pas une petite équipe, c’est une bonne équipe, voilà pourquoi elle se retrouve à cette étape de la compétition africaine. Donc, on doit la prendre au sérieux. Nous serons toujours concentrés comme on a l’habitude de faire.

Masri a joué la dernière rencontre africaine au stade de Port-Saïd pour la première fois depuis 6 années. Pouvez-vous décrire cette scène ?

— Jouer devant ton public est une force de plus et un plaisir. Et comme on dit, le 12e joueur, ce sont les supporters, il y avait beaucoup de joueurs qui n’avaient jamais disputé de match avec la présence de leurs fans, car la majorité d’entre eux ont commencé à jouer, alors que le Championnat égyptien se jouait sans public. Rejouer sur la pelouse de Port-Saïd après ce drame qui s’est passé il y a 6 ans, c’est une bonne chose. On avait un seul cadeau à offrir aux Port-Saïdis : cette belle victoire.

— Comment voyez-vous les chances de Masri au championnat et à la Coupe de la CAF ?

— Nous sommes une très bonne équipe et nous avançons match par match. On travaille dur pour aller le plus loin possible et pourquoi pas remporter ce trophée inshallah ... Concernant le championnat, cela fait 2 années successives que nous sommes parmi les 4 premiers et nous voulons continuer à faire partie de ces 4 premiers, parce que nous avons une équipe qui mérite le haut du tableau. On va se battre pour donner un bon résultat à nos entraîneurs et nos dirigeants et à ce grand peuple de Port-Saïd.

— Vous avez passé la saison dernière en Arabie saoudite. Est-ce qu’il y a une grande différence entre le Championnat saoudien et celui d’Egypte ?

— Le Championnat saoudien est un peu plus technique. Mais le Championnat égyptien est plus engagé physiquement que le saoudien.

— Comment voyez-vous la rencontre qui va opposer l’Egypte à l’Arabie saoudite au prochain Mondial, surtout avec la présence de 12 joueurs égyptiens dans le Championnat saoudien ?

— Cela sera un grand derby du monde arabe et je pense que la présence de 12 joueurs égyptiens aidera plus la sélection égyptienne, car parmi ces 12 joueurs il y a des internationaux, donc ça sera un atout pour les Pharaons.

Focus

Né le 30 décembre 1986

Nationalité : Burkinabé

Poste : Défenseur

Club : Masri

Clubs successifs : Stella Club (C.-Iv.)

2004 : Al-Markhiya (Qat)

2005 : Al-Siliya (Qat)

2006 : Petrojet (Egy)

2014 : Duhok (Iraq)

2014 : Zamalek (Egy)

2016 : Al-Ettifaq (A. Saoudite)

2017 : Masri (Egy)

Sélections : 44 sélections, 2 buts

Palmarès : Champion d’Egypte 2015 avec Zamalek

Vainqueur de la Coupe d’Egypte 2015 avec Zamalek

Finaliste de la Coupe d’Afrique des nations avec le Burkina Faso en 2013.

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