Al-Ahram Hebdo : En participant à cette édition des Championnats du monde, aviez-vous les yeux rivés sur le titre ?
Karim Abdel-Gawad : Oui, bien sûr. Je travaillais sérieusement depuis 2 ans pour réaliser ce rêve et devenir champion du monde de squash. Mes récents résultats m’ont donné beaucoup confiance en moi. Ainsi, j’étais sûr que je ferais partie des finalistes. En fait, avant les Championnats du monde, j’ai réussi à remporter l’Open Al-Ahram de squash, j’ai aussi terminé finaliste à l’Open de Hongkong, et demi-finaliste à l’Open des Etats-Unis. J’ai fait une excellente saison comparée à l’année dernière où j’avais été éliminé dès les premiers tours de ces mêmes tournois. Ces résultats m’ont donné le courage de disputer cette édition des Championnats du monde en ayant les yeux braqués sur le titre.
— Quels étaient vos préparatifs avant ces championnats ?
— Rien d’exceptionnel. On a à peine une semaine pour se préparer entre les différents tournois. Mais durant les mois de mai, juin et juillet, avant le début de la saison de squash, je me suis bien entraîné pour faire une bonne saison et arracher le titre de champion du monde.
— Votre compatriote Ramy Achour n’a pas pu terminer la finale et a dû déclarer forfait. Pensez-vous que cela vous ait donné plus de chance pour gagner ?
— J’étais vraiment triste. Ramy Achour est un très fort joueur qui a réalisé de nombreux exploits. En finale, on a joué un excellent match. Je menais sur le score de 2 à 1 et j’étais sur le point de le battre. Je voulais à tout prix qu’il continue à jouer pour le battre, mais sa blessure l’a obligé à déclarer forfait. J’espère de tout mon coeur qu’il se remettra de sa blessure et retrouvera la forme.
— Pouvez-vous nous décrire votre parcours pour atteindre la finale ?
— En 8es de finale, j’ai joué contre le joueur de Hongkong, Max Lee, actuellement n°7 mondial. Lee est un joueur très fort et très talentueux. En fait, il y a une semaine, je l’ai rencontré à l’Open des Etats-Unis et je l’ai battu dans un match très difficile sur le score de 3 à 2. Aux Championnats du monde, je l’ai battu sur le score de 3 à 1. En quarts de finale, j’ai joué contre l’Anglais Nick Matthew, actuel n°5 mondial, qui m’avait battu en demi-finales de l’Open des Etats-Unis. Mais cette fois-ci, j’étais bien concentré et je voulais atteindre la finale. J’ai réussi à le battre sur le score de 3 à 0. En demi-finales, j’ai joué contre mon compatriote Mohamad Al-Chorbagui, actuel n°1 mondial, et l’un des plus forts joueurs du circuit masculin. Mon dernier match contre lui remontait à mars 2015. Il m’avait alors battu sur le score de 3 à 0. La demi-finale qui a duré une heure et demie a été vraiment difficile. J’étais totalement à l’aise dans ce match, alors que Chorbagui était sous pression. Voilà pourquoi j’ai pu le battre sur le score de 3 à 1, et me qualifier pour la finale contre Achour.
— Que représente pour vous le titre de champion du monde, et le top du classement mondial ?
— En fait, les deux titres sont très précieux. Personnellement, mon rêve d’enfance était de devenir un jour sacré champion du monde. Mais trôner sur le classement mondial PSA (Association des joueurs professionnels de squash) est un exploit que j’aimerais atteindre. Mais il faut beaucoup travailler.
— Après le titre de champion du monde, quel sera votre prochain classement ?
— Avant de calculer mon classement, je dois attendre mon résultat à l’Open du Qatar qui doit avoir lieu ce mois-ci. Mais je pense que je serai dans le top 2 mondial. Pour atteindre le sommet du classement, je dois remporter 3 ou 4 tournois de première catégorie sur un total de 8. En fait, un grand écart de points me sépare de Mohamad Al-Chorbagui, l’actuel n°1 mondial. Je dois encore engranger des points pour le dépasser. Une fois arrivé au top du classement, je dois travailler sérieusement pour conserver ma place le plus longtemps possible.
— Comment jugez-vous le niveau du squash en Egypte ?
— Je pense que le squash vit actuellement son âge d’or. Le mois dernier, il y avait 6 joueurs égyptiens dans le top 10 mondial. Ce mois-ci, ils sont 7, une première dans le circuit masculin de squash. Seule l’Australie a pu réaliser pareil exploit il y a 20 ans. On n’exagère pas si on dit que les Egyptiens dominent le squash mondial. Même les joueurs égyptiens qui ne figurent pas dans le top 10 ont un très bon niveau. On peut s’attendre très prochainement à ce que 8 ou 9 Egyptiens soient dans les 10 premiers mondiaux. Et quelque temps après, le top 10 sera exclusivement égyptien. En fait, l’Anglais Matthew, 36 ans et actuel n°5, arrêtera probablement de jouer dans un an. Idem pour Gaultier, 34 ans et actuel n°2, qui arrêtera, lui aussi, la compétition dans un an ou un an et demi au maximum. Tandis que les Egyptiens sur le circuit professionnel sont tous jeunes.
— Existe-t-il des juniors capables de prendre la relève et de maintenir cette place remarquable de l’Egypte sur le circuit du squash ?
— A vrai dire, nous avons raté quelques titres dans la catégorie des juniors. Certains disent que c’est un mauvais indice, mais je ne suis pas d’accord. Chez les juniors, les Pakistanais ne déclarent jamais les vrais âges de leurs joueurs. C’est pourquoi, ils battent nos joueurs facilement. Mais lorsqu’ils atteignent la catégorie senior, les joueurs pakistanais n’arrivent pas à battre les Egyptiens qui montrent dans les tournois un excellent niveau. Les Egyptiens sont les plus forts au monde en squash. En fait, l’Egypte, qui continue à produire des stars, dominera longtemps encore le monde du squash.
— Pouvez-vous nous parler de votre quotidien en tant que sportif ?
— Puisque j’ai terminé mes études de gestion, et je n’ai pas l’intention de travailler, je me consacre entièrement au squash en tant que joueur professionnel. Je m’entraîne au rythme de deux séances par jour. La séance du matin dure deux heures et demie, et celle du soir dure une heure et demie. Je m’entraîne sous la houlette des deux directeurs techniques du club Guézira, Mohamad Abbass et Omar Abdel-Aziz. Pour améliorer ma condition physique, je fais des exercices de fitness avec l’entraîneur Ali Ismaïl.
— D’après vous, quels sont vos points forts et vos points faibles ?
— Depuis que j’étais enfant, l’attaque est l’un des mes points forts. Je fais de grands efforts pour retrouver ma forme physique que je perds entre deux matchs ou deux tournois. C’est pour moi une chose très importante pour que je puisse toujours être en forme pour les matchs.
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