
Sahar Al-Hawari, membre du conseil d'administration de la Fédération égyptienne de football.
Al-ahram hebdo : Que s’est-il passé pour en arriver à annuler le match contre le Sénégal ? Les joueurs égyptiens étaient sur place, tout semblait prêt pour la rencontre ...
Sahar Al-Hawari : C’est une question de règlements de la Fédération Internationale de Football (FIFA). La FIFA a émis de nouveaux règlements et personne n’était au courant. Ces règlements stipulent qu’un pays ne peut pas jouer deux matchs contre deux pays de la même région en moins de cinq jours d’écart. Cela dit, le problème ne venait pas de l’Egypte, mais du Sénégal. A l’origine, le Sénégal devait jouer contre l’Egypte, puis contre l’Algérie quelques jours plus tard. La Fédération sénégalaise ignorait, comme nous, cette nouvelle réglementation. Et dès qu’ils ont pris connaissance de ce règlement, ils ont préféré jouer contre la sélection algérienne. Face à nous, ils nous ont proposé de rencontrer la sélection olympique.
Les responsables de la Fédération sénégalaise auraient dû nous informer qu’ils avaient un autre match à jouer contre l’équipe algérienne. Ce n’était pas à nous de leur demander s’ils avaient un autre match. Nous ne sommes pas censés connaître le programme du Sénégal !
En revanche, nous pouvons excuser la Fédération du Sénégal parce que ces amendements sont nouveaux, et les fédérations nationales n’en sont pas encore toutes familières.
— Pourtant, la Fédération sénégalaise a annoncé son intention de poursuivre en justice la Fédération égyptienne pour n’avoir pas joué le match ….
— La Fédération sénégalaise est en faute. C’est plutôt la Fédération égyptienne qui pense la poursuivre en justice. Nous avons le droit de faire cela étant donné que ce déplacement nous a coûté de l’argent. De son côté, le Sénégal ne s’est pas présenté avec l’équipe prévue.
— Si la faute revient au Sénégal, pourquoi avoir limoger le staff administratif et technique de l’équipe nationale ?
— Ils auraient dû être au courant de ces nouveaux règlements ... Nous sommes dans un processus de rajeunissement du staff administratif, de la sélection A en particulier, et de toute la fédération en général.
— Hector Cuper, l’entraîneur argentin de l’équipe nationale, a critiqué la gestion de la Fédération égyptienne. Ces propos sont-ils justifiés ?
— Franchement, je l’excuse. L’annulation du match contre le Sénégal a certainement eu un impact sur la préparation de l’équipe nationale et sur son programme. Il souhaite compléter son programme de préparations comme il l’avait prévu. C’est un entraîneur de renommée internationale, issu d’un système administratif différent que le nôtre, où ce genre d’erreurs administratives ne se produit pas. Il a préparé l’équipe et, à la fin, le match n’a pas eu lieu. C’est normal qu’il se fâche.
— Passons à l’avenir. Quelles sont les chances de l’Egypte de se qualifier à la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations ?
— Hector Cuper a de fortes chances de nous qualifier. Nous sommes en train de créer la bonne atmosphère pour qu’il puisse travailler normalement. Cuper est un entraîneur de renom dans le domaine de la formation. Il travaille lentement, mais sûrement. C’est son système. Le football égyptien regorge maintenant de joueurs de bon niveau, qu’ils soient stars du championnat égyptien ou qu’ils évoluent à l’étranger. Mais le gros avantage de la sélection égyptienne est la présence de jeunes joueurs exceptionnels, qui jouent actuellement dans l’équipe olympique. Ceux-là auront un rôle majeur dans la reconstruction de la sélection A. L’Egypte va revenir à la place qu’elle mérite, après une absence qui a duré 5 ans, depuis 2010.
— Vous êtes aussi la présidente de la Commission du football féminin à la Fédération. Où en est le football féminin égyptien ?
— Cette année le football féminin s’est beaucoup développé. C’est la première fois que nous avons 11 arbitres internationaux, qui sont des femmes. Nous avons aussi des entraîneurs femmes qui viennent d’obtenir des diplômes de formation B et C. Et c’est la première fois que nous ayons deux sélections féminines : la sélection nationale et l’équipe des moins de 17 ans.
Un grand nombre d’académies de football féminin commencent à fleurir dans le pays. Souvent, ces joueuses sont aussi présentes dans d’autres disciplines, telles que le basket-ball, le volley-ball et le handball. Dernièrement, le football féminin est devenu une discipline qui attire beaucoup de filles, plus que tous les autres sports collectifs. Nous avons, au sein de la Fédération, une commission de développement du football féminin qui a deux objectifs : étendre la pratique du football au sein de la gente féminine, en augmentant le nombre de pratiquantes et élever le niveau technique des joueuses actuelles.
— Vous avez réussi à vous faire élire aux dernières législatives. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
— Pour la première fois dans l’histoire de l’Egypte, on trouve dans la Constitution un article sur le sport, fondé sur l’égalité des chances entre hommes et femmes. En tant qu’athlète j’ai l’intention de mettre sur pied un agenda sportif, fondé sur l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, non seulement dans le domaine de la pratique sportive, mais aussi dans l’accession aux postes administratifs. Je vais travailler dans la commission sport du parlement de sorte à émettre une nouvelle loi obligeant les entreprises à allouer au sport féminin une partie de leur budget.
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